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pourrait dire quelles étaient les dispositions du général Dessalines en faveur des hommes de couleur.

Le gouverneur-général avait d'abord fixé le siége du gouvernement sur la ci-devant habitation Laville, et ensuite il le transporta sur la ci-devant habitation Marchand, située à la plaine de l'Artibonite, au pied de la grande chaîne de montagnes des Cahos. Il y bâtit au pied du morne une ville qui cut le nom de son fondatur, til s'occupa de la fortifier, en établissant des forteresses au pied, dans le flanc et au sommet de la montagne.

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Jamais position ne fut plus mal choisie, Sous tous les rapports. Si le gouverneurgénéral eût placé le siége du gouvernement au Port-au-Prince ou aux environs de cette vili il eût été plus à même de surveiller l'Ouest et le Sud, et probablement, il n'y aurait point eu de guerre civile; mais l'Artibonite ava t été le théâtre de ses exploits militaires ; il avait battu les français à la Crête-à-Pierrot, aux Verrettes, à Saint-Marc, et au Camp-Marchand; la connaissance des lieux et da personnes, ses goûts, la force de l'habitude

l'emportérent sur la raison d'état qui voulait que l'on préférât le centre de l'île, à toute autre position pour l'établissement du siége du gouvernement.

Cependant, à mesure que l'on s'avançait dans la carrière du gouvernement, l'on sentait que l'on s'était mal constitué; le titre de gouverneur - général ne convenait point; on n'avait pas de pacte constitutionnel; sans plus délibérer on résolut, après dix mois, de changer la forme du gouvernement.

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CHAPITRE III

De l'Empire.

'IRRÉFLEXION ou plutôt l'esprit d'habi tude avait fait donner au Général en Chef de l'armée des indigènes le titre de Gouverneur-Général; l'esprit d'imitation lui fit déférer celui d'Empereur.

Bonaparte, premier consul s'était fait déférer ce titre; le gouverneur - général, aussi bien, pouvait le prendre; c'était passer d'un excès à un autre, car si le titre de car si le titre de gouverneurgénéral ne pouvait convenir à une nation. indépendante parce qu'il suppose un pouvoir secondaire dépendant d'une autorité plus élevée, le titre fastueux d'empereur ne nous convenait pas mieux, puisqu'il suppose aussi dans celui qui le possède la puissance réelle en territoire, population, etc.

Dans les dispositifs des actes de la nomina→ tion de l'empereur, il était dit: que l'autorité suprême ne veut point de partage; l'empereur,

était nommé à vie, avec le droit de choisir son successeur; il renonçait formellement à l'usage de faire passer la puissance dans sa famille, et il ne devait jamais avoir égard à ancienneté quand les qualités requises ; pour bien gouverner, ne se trouveraient pas réunies dans le méme sujet, etc.

La constitution était conforme aux dispositifs; les trois pouvoirs legislatif, exécutif et judiciaire étaient réunis dans la mme main; il y avait bien de nommé un Conseil d'Etat, mais il se trouvait nul et sans attributions, par le fait même de la con titution; il y avait aussi deux Ministres, un d. Finances et de l'Intérieur, l'autre de la Guerre et de la Marine et un Secrétaire d'Etat.

Une pareille constitution était un monstre en politique. L'empire etait une Republique élective, et la constitution consacrait des principes diametralement opposés à la République et qui ne pouvaient convenir, tout au plus, qu'à un gouvernement purement despotique; et d'un autre côté, par un bouleversement étrange des idées, la constitution consa crait les principes les plus démocratiques.

Hélas!

Hélas! que nous étions loin du jour où nous sommes maintenant! Si nous avions eu alors assez d'expérience, de sagesse et de prudence, nous éussions fondé la monarchie constitutionnelle, et nous nous serions donné des institutions utiles et un gouvernement stable et régulier; que de maux et de calamités nous hous serions évités ! Nous sommes bien excuSables, sans doute, d'avoir errés, dès nos premiers pas, dans l'art difficile du gouver nement, quand nous voyons de vieilles nations', qui sont au milieu des foyers de lumières, commettre des fautes; peut-être, aussi graves que les nôtre's; mais comme dans tous les pays c'est le peuple qui est toujours la victime des erreurs de ses législateurs; que c'est toujours lui qui les paye par ses larmes, son sang et ses richesses, et que, grâce au ciel nous les avons bien payés, qu'il nous soit done permis de les déplorer après en avoir été les tristes et infortunées victimes!

Nous avons déjà dit dans plusieurs de nos ouvrages que l'empereur Dessalines, brave guerrier, ardent patriote, ayant les meilleurs intentions possibles pour faire le bonheur de G

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