Page images
PDF
EPUB

sera conclu par nous avec ce gouvernement, sans que préalablement nous ayons obtenu les bons offices et la médiation d'une grande puissance maritime qui nous garantirait que la foi du traité ne serait pas violée par le cabinet français ;

» 2. Lorsque nous traiterons, nous ne consentirons à aucun traité quelconque, qui ne comprendrait pas la liberté et l'indépendance de la généralité des haytiens qui habitent les trois provinces du Royaume, connues sous la dénomination du Nord, de l'Ouest et du Sud, notre territoire, la cause du peuple haytien étant une et indivisible;

[ocr errors]

3. Toutes les ouvertures ou communications qui pourraient être faites par le gouvernement français au gouvernement haytien, soit par écrit ou de vive voix, ne seront reçues qu'autant qu'elles seront faites dans les formes et suivant l'usage établi dans le Royaume, pour les communications diplomatiques;

» 4. Le pavillon français ne sera point admis dans aucun des ports du Royaume, ni aucun individu de cette nation, jusqu'à ce que l'indépendance d'Hayti soit définitivement reconnue par le gouvernement français :

[ocr errors]

5. Nous déclarons de nouveau, que nos intentions invariables sont de ne pas nous mêler soit directement ou indirectement dans les affaires hors du Royaume ;

>> 6. Que nos constans efforts auront toujours pour but de vivre en bonne intelligence et en bonne harmonie avec les puissances amies et leurs colonies qui nous avoisinent, de conserver la plus exacte neutralité, et de leur démontrer, par la sagesse de notre conduite, de nos lois et de nos travaux, que nous sommes dignes de la liberté et de l'indépendance;

» Nous déclarons et nous protestons en face du Tout-Puissant, des Souverains et des Peuples, que nous n'avons été mûs à faire cette Déclaration, que par l'intérêt général du peuple haytien, pour la conservation de ses droits et de son existence;

9

» Nous déclarons et nous protestons quelles que soient les menaces des français pour nous intimider, quelles que soient leurs entreprises pour nous subjuguer, le genre d'attaque, de crime et de barbarie qu'ils comptent pouvoir exercer contre nous pour y parvenir, que rien ne pourra ébranler un seul instant notre

résolution. Dussions-nous être exterminés par l'univers conjuré, le dernier des haytiens rendra son dernier soupir, plutôt que de cesser d'être libre et indépendant.

» Nous remettons la justice de notre cause dans les mains de Dieu, qui punit toujours les injustes et les aggresseurs. Nous soutiendrons la dignité de notre couronne, les droits et les intérêts du peuple haytien, et nous nous reposons avec confiance sur sa bravoure, son zèle et son amour pour la patrie, afin de nous seconder, de tous ses efforts, dans la défense de ses droits, de sa liberté et de son indépendance »!

Cette déclaration sage et prudente du Roi d'Hayti, a mis un terme aux insultes et aux aggressions du cabinet français, et un obstacle invincible à l'exécution de ses projets ultérieures contre la liberté et l'indépendance du peuple haýtien.

Cette déclaration qui renverse et détruit toutes les espérances des ex-colons a été l'objet de leur commentaire et de leurs réflexions.

La condition expresse et sine qua non de reconnaître l'indépendance d'Hayti, tant en

1

matière de gouvernement que de commerce, avant de pouvoir négocier, les gènent si singulièrement, que pour nous faire déroger de cette base, ils ont inventé des prétextes, des absurdités et des allégations aussi_ridicules qu'ils sont dénués de toute espèce de fondemens. Désormais, ont-ils dit, tout rapprochement est impossible entre les deux gouvernemens, puisqu'il faut accorder tout d'un côté avant de rien obtenir de l'autre ; et puis, que d'observations inutiles, que de ci, que de là, comme si le gouvernement français avait à nous faire de grandes concessions et de grands sacrifices, en reconnaissant une indépendance dont nous sommes en pleine possession de fait et de droit depuis seize ans ; comme si toutes ces concessions et ces sacrifices pretendus, ne sont pas déjà consommés par la conquête que nous en avons faite, et par la force des choses.

[ocr errors]

Comme la politique de mon gouvernement est franche et droite, et que nous n'avons ni l'intention d'induire en erreur, ni de tromper qui que ce soit, je crois pouvoir donner aux ex-colons une ample et entière satisfaction

en commentant les principes qui ont bâsé cette déclaration du Roi, qui forme aujour~ d'hui l'objet de leurs alarmes et de leurs inquiétudes.

Nous ne nous écarterons pas dans ce commentaire, des règles et des principes du droit des gens et du droit public des nations civilisées, auxquels le gouvernement d'Hayti n'entend certainement pas déroger, et sans doute le gouvernement français non plus.

Nous ferons tous nos efforts pour nous rendre le plus clair et le plus intelligible possible; nous serons même minutieux, afin de ne laisser rien à désirer aux ex-colons.

Nous ferons le commentaire en question, article par article; paragraphe par paragraphe en commençant par le premier paragraphe de l'article premier.

« Nous ne traiterons (c'est le Roi d'Hayti qui parle ) avec le gouvernement français que sur le même pied de puissance à puissance, de souverain à souverain ».

Dans ce premier paragraphe, il n'y a rien de contraire aux droits des gens, car selon le

droit

« PreviousContinue »