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les lire dans sa lettre (1); je me suis d'ailleurs déjà expliqué sur le contenu de ces articles;

dirai donc seulement en passant, Pétion meritait bien que des ennemis de sa patrie vinssent l'insulter jusques dans son propre gouvernement, en comparant et en assimillant sa République aux puissances barbaresques; il le méritait bien, dis-je, pour avoir eu la bassesse de trahir ses devoirs pour accueillir ces commissaires ex-colons, au mépris de cette même constitution qui leur fournissait des armes pour le combattre, et au mépris du droit des gens qui les bannissaient du territoire de la République!

Et comment répond-il à ces insultes? par des mensonges et des absurdités. Ces articles, dit-il, n'ont donc jamais cessés d'être en vigueur et n'ont d'autre but que notre garantie; et pour donner la preuve comme ils sont bien exécutés et en vigueur, il dit: vous avez dû voir dans cette ville beaucoup d'européens faisant le commerce et la proscription de couleur ne frappe sur aucun d'eux ; et la pré

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(1) Voyez page 113 de pièces justificatives.

sence seule de ces ex-colons, de ces ennemis de sa patrie, attestait encore bien mieux que tout ce qu'il pouvait dire, combien ces articles étaient en vigueur, et combien la constitution était exécutée dans la République !

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Haytiens du Sud Ouest, d'une chose l'autre, exécutez votre constitution si vous la croyez nécessaire à votre sécurité et à votre garantie, ou si elle est absurde, et qu'en cela même, elle est inexécutable, abolissez donc la, et vous ferez bien ! abolissez ce simulacre de constitution qui ne Vous assure aucun droit, qui ne vous présente aucune garantie, ni au dedans ni au dehors; anéantissez cette démagogie, qui ne tend qu'à vous déshonorer et à vous avilir aux yeux des nations! anéantissez-la, dis-je! elle n'étend dans l'intérieur qu'à vous perdre et à vous désunir, à vous plonger dans une anarchie complette, et à vous entraîner dans une destruction certaine et inévitable; dans l'extérieur elle ne tend qu'à vous rendre le jouet, la risée et la victime des ennemis d'Hayti! que dis-je, ceux-mêmes qui étaient vos amis, elle en a peut-être fait des ennemis redoutables. Croyez

Croyez moi, mes frères et chers compatriotes; écoutez la voix de la nature et de la raison qui vous crie et vous conseille de vous réunir à nous, plutôt que la voix des passions qui vous porte à vous en éloigner! Croyez moi, ne formons qu'un seul et même corps de nation! sommes-nous trop nombreux ? notre territoire est-il trop étendue ? n'avons-nous pas les mêmes intérêts et la même cause à défendre ? Pourquoi resterions - nous donc divisés ? pourquoi toujours cette cruelle sépa→ ration, qui est tout à la fois si impolitique et si contraire à nos vrais intérêts ?

N'avons-nous pas commis assez d'erreurs et assez de fautes en politique? que le bon sens et la raison soient donc notre guide; faisons une fusion de tous nos droits et de tous nos intérêts; commençons par nous entendre; c'est le premier point, tout le reste viendra après.........

Pétion, forcé par le peuple de demander la reconnaissance de l'indépendance d'Hayti, ne pouvait tomber d'accord avec les commissaires ex-colons, qui n'avaient ni le pouvoir, nj l'intention de traiter sur cette base; ils se

séparèrent donc sans avoir rien conclu, du moins publiquement; mais nous avons une forte présomption qu'ils avaient arrêtés les conditions d'un traité secret. ·

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nous maintenant dans le Nord-Ouest. Nous avons vu que la lettre des commissaires ex-colons et l'ordonnance de Louis XVIII étaient parvenues au gouvernesous le couvert du commandant des

ment Gonaïves.

Pour mettre un terme aux insultes et aux outrages sanglans que le cabinet français n'avait cessé de faire au peuple haytien, indigné de voir l'obstination que ce cabinet avait mis à poursuivre ses projets injustes et barbares contre Hayti, et les moyens perfides et détournés qu'il faisait usage, pour parvenir à son but, Henry fit sa Déclaration du 20 Novembre 1816.

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« Le Souverain de la France ( a dit le Roi

d'Hayti dans cette Déclaration) le Souve

» rain de la France a déclaré de ne devoir » rien faire, en traitant avec nous, qui puisse » manquer à ce qu'il doit à la dignité de sa à la justice et aux intérés

» couronne

» de ses peuples ! Et nous aussi, nous décla >> rons ne pas devoir manquer à ce que nous » devons aux intérêts de nos peuples, à la

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justice et à la dignité de notre couronne ».

« Les grands intérêts du peuple haytien (dit encore Henry, dans cet acte à jamais mémorable) et nos devoirs nous obligent à faire connaître au monde les puissans motifs qui nous ont porté à prendre cette résolution, pour faire cesser toutes les aggressions, les injures et les sanglans outrages que le gouvernement français n'a cessé de faire au peuple haytien, et faire cesser également toutes les prétentions injustes et illusoires de souveraineté, que le gouvernement français pourrait encore conserver sur le Royaume libre et indépendant d'Hayti.

» A ces Causes, nous avons déclaré et nous déclarons solennellement que :

» Article Ier. Nous ne traiterons avec le gouvernement français que sur le même pied, de puissance à puissance, de souverain à souverain; qu'aucune négociation ne sera entamée par nous avec cette puissance, qui n'aurait eu pour base préalable l'indépendance du Royaume d'Hayti, tant en matière de gouvernement que de commerce, et qu'aucun traité définitif ne

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