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faire au général Pétion, par ses commissaires, les mêmes offres que Dauxion Lavaysse n'avait pu lui accorder en premier lieu, et de voir qu'avec le temps les prétentions du général Pétion s'étaient augmentées, et il refusait en dernier lieu, les mêmes propositions qu'il avait premièrement sollicitées et demandées, pour lesquelles il avait fait les plus grands efforts, afin de les obtenir.

Ce qui explique le changement forcé du général Pétion; ce qu'il avait cru possible en 1814, se trouvait impossible en 1816, et il avait alors l'air de dédaigner les mêmes faveurs qu'il avait sollicité et demandé avec tant d'ardeur.

.

Mais

que

l'on ne se trompe point sur ce changement apparent, amené et nécessité par la force des choses; Pétion n'en suivait pas moins l'exécution de ses projets ; il n'était seulement réduit que dans la nécessité d'employer un chemin différent, plus long, plus détourné, pour parvenir à son but.

Malheur aux aveugles et aux incrédules, qui croiraient différemment!! Dans les entretiens que Fontanges et Esmangart eurent avec le traitre Pétion, j'ai la conviction qu'ils ont

dû trâmer le nouveau plan que le cabines français devait employer de concert avec Pétion, pour renverser le royaume d'Hayti, et réduire les noirs dans l'esclavage.

Pétion est mort, mais son plan et ses projets ne le sont pas ; je n'ai besoin que de jeter les yeux sur tout ce qui se passe d'intrigues des ex - colons en France, et ce qui se passe à l'instant que j'écris dans le Sud-Ouest; pour me convaincre de l'existence de ce plan; tous ces procès verbaux de fêtes d'indépendance, de sermens prêtés à dessein dans toutes les paroisses, loin de m'éblouir, sont pour moi des preuves incontestables de l'existence de ce plan; la guerre fait à Gomand dans le Sud, pour débarrasser ses derrières d'un ennemi dangereux, dévoile suffisamment les vues ulté→ rieures du successeur de Pétion, qui marche sur ses mêmes traces, qui a l'air de prôner la liberté et l'indépendance, qui ne sont dans ses mains que des moyens qu'il employe pour parvenir à l'asservissement du pays et à l'esclavage du peuple haytien.

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L'indépendance, disent les ex-colons, est la marotte de ce peuple, avec une indépendance

nominale on peut le conduire à tout eh bien accordons le ce qu'il demande ! ensuite nous le conduirons là où nous voudrons, Comme on voit les leçons des ex-colons ont germé et sont mises en usage dans la République, ce plan est le nec plus ultra de la perfidie des ex-colons et de leurs partisans du Sud-Ouest..

Nous en avons assez dit, pour leur faire entendre que nous avons pénétré dans leurs perfides projets, et que nous saurons les dé→ jouer (1).

Pétion ne pouvant pas faire différemment,

(1) (Paris, le 7 Septembre.) Le bruit a couru que le général Boyer, président de la République d'Hayti, a envoyé un agent au gouvernement français, avec l'offre de payer une somme annuelle à la France. et de placer cette puissance sur le pied le plus favorable pour le commerce, si la cour des Tuileries veut reconnaître l'indépendance de la partie de St-Domingue qu'il gouverne. Le mot indépendance est la marotte du peuple, dit l'agent en question (2), aucune autorité ne peut l'emporter sur ce sentiment, et il n'y a guères de conditions auxquelles il ne consentit, si cette conces◄ sion nominale lui était faite ».

Extrait de l'Ambigu, numéro 520, page 557. (3) Cet agent doit être M. Colombel,

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demanda au vicomte de Fontanges, de considérer son gouvernement comme libre et indépendant. Après qu'il avait reçu l'ordonnance de Louis XVIII, qui contenait l'étendue des pouvoirs des commissaires ex-colons ; c'était vouloir leur faire une demande aussi inconvenante qu'elle était inadmissible; une supposition, que ces commissaires ex-colons eussent été des envoyés, revêtus du caractère de ministre public, avant de communiquer avec eux, c'était la proposition sine quanon qu'il fallait leur faire, de reconnaitre l'indépendance d'Hayti pour base, avant que de passer outre; mais Pétion avait si bien commencé, il fallait bien qu'il allât de sottises en sottises.

Cependant, le peuple et les troupes du Port-au-Prince, murmuraient hautement de voir ces ex-colons prolonger leurs communications; des remueurs se manifestaient dans la ville, la moindre risque qui aurait pu survenir dans ce moment entre un matelot français et un haytien, aurait pu faire éclater une insurrection générale.

Les commissaires ex-colons, manifestèrent

des cramtes, et sous le prétexte que leurs matelots étaient embauchés par les mexicains.

et les carthaginois, qui se trouvaient alors au Port-au-Prince, ils écrivirent pour réclamer le droit des gens et la protection de Pétion.

Enfin, après bien des pour parlers, de correspondance et d'entrevues, qui n'étaient pas sans objets; il fallait venir à une explication définitive et mettre un terme à la négociation. Pétion, soit à dessein ou on ne sait comment, avait fourni des armes victorieuses aux ex-colonspour le combattre, ils ne manquèrent pas d'en profiter.

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Le 30 Octobre, Fontanges lui écrivit :

Quand on lit de sang froid et sans passions, les premières pages de l'acte qui fait la base de vos institutions, on reconnaît bientôt, que cet acte porte avec lui le germe de votre propre destruction ».

Et pour démontrer à Pétion cette vérité, il lui mettait sous les yeux les articles 38, 39 et 44 de la constitution, soi-disant révisée.

Je m'abstiendrai de faire mention des observations que lui fit eet ex-colon, on peut

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