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que c'est Pétion lui-même, qui devait donner la mort aux haytiens et envoyer dans l'île de Ratau ou ailleurs, ceux qui n'auraient pas voulu rentrer sous le joug de l'esclavage; comme on voit lathèse était bien changée; ces sauvages malfaisans, ces negres marrons, ces hommes violens et incorrigibles, étaient redevenus les frères, les amis, les compagnons d'armes et de la gloire de ce traître ; je manque d'épithètes pour qualifier des aveux aussi honteux et aussi ignominieux que ceux-ci. Dauxion Lavaysse malgré cela ósa se présenter au Port-au-Prince et y fut reçu avec bonté ! les actes de sa mission ont été rendu publics, ses instructions dévoilées et avouées par lui, sous quel rapport sa mission pouvait-elle étre considérce? et Pétion répond lui-même, comme un espionnage ! quel aven! et il avait l'impudence d'écrire et de signer ces lignes! et il ajoute, dars ce cas, quels risques n'eut-il pas courus? nous acheverons le sens de la phrase, puisqu'il n'a pas voulu la finir, s'il n'avait trouvé dans le chef du gouvernement son protecteur et son complice? Pétion après avoir parlé de sa sagesse et de sa modération, termine cet assemblage de turpitudes, de scélératesse et de mensonges, en disant que l'espion est retourné

France, après avoir reçu les témoignages de la plus sainte hospitalité; comme si les lois de l'hospitalité pouvaient s'étendre sur un espion.

Ces derniers aveux de Pétion complètent toutes les preuves du crime de haute-trahison dont il est accusé ; ce qui répand une tâche indélébile sur sa vie, et couvre sa mémoire d'un opprobre et d'une ignominie éternels!

Enfin, Pétion pour mettre le sceau à toutes ses absurdités, ses crimes et ses attentats, termine sa lettre au vicomte de Fontanges, ainsi : « Les commissaires (dit-il ) qu'il a plu » à S. M. d'envoyer auprès de cette républi» que, en mettant le pied à terre s'appercevront bientôt combien le droit des gens est » sacré dans ce gouvernement, et que tout le monde, sans exception de couleur ni « de nation y respire sous la protection des » lois, dans la plus parfaite égalité

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fin couronne l'œuvre; finis coronat opus. C'est ainsi que Pétion, pour parvenir à tromper et à égarer le peuple, confondait toutes les notions du juste avec l'injuste ; que par un

bouleversement général de la nature des choses, toutes les idées de morale, de justice et d'huma nité se trouvaient perverties, détruites ou renversées! Au milieu de cette confusion on voit une ignorance complette du droit des gens et du droit public des nations, une violation de leurs principes et de leurs règles et un profond mépris des lois fondamentales du pays!

Ici, les principes de la morale et de l'honncté publique avait été violés par le cabinet français; il s'agissait d'un espionnage honteux, accompagné de circonstances les plus criminelles ; au lieu de voir le chef de la République irrité de cette infamic, s'en indigner, ne parler de supplices et d'échafauds, vous l'entendez

que

dire

que l'espion est retourné en France, après avoir reçu les témoignages de la plus sainte hospitalité, comme si les devoirs et les droits sacrés de l'hospitalité pouvaient s'étendre sur un criminel, sur un vil espion! Là, le cabinet français foule aux pieds toutes les règles du droits des gens et du droit public des nations, par l'envoi des commissaires, tous ex-colons,

pour

pour notifier des ordres à la République; le peuple est insulté dans ses droits, la constitution est violéc, méprisée et avilie; au lieu de repousser avec dignité ces insultes et ces outrages, le président répond: les commissaires qu'il à plu à Sa Majesté d'envoyer auprès de cette République, en mettant le pied à terre s'appercevront bientôt combien le droit des gens est sacré dans ce gouvernement.

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L'acte de l'indépendance exclut les français du pays, l'article 38 de la constitution étend cette exclusion sur les blancs quelles que soient leurs nations; l'article 44, n'admet dans la République, que les africains, indiens ou ceux issus de leurs sang, etc. etc. et Pétion avait assez d'impudence pour écrire aux commissaires, ex-colons, que tout le monde sans exception de couleur ni de nation y respirait sous la protection des lois dans la plus parfaite égalité. Quel galimatias! de quelle loi, de quelle égalité entendait-il donc parler? C'est ainsi que Pétion violait la constitution, la tournait en ridicule par une ironie, la critique la plus amère !....

En écrivant ces lignes, j'en ai honte moimême! A quoi devons-nous donc attribuer tant d'inconséquences et d'absurdités? est-ce àl'effet

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de l'ignorance ou à celui de la trahison?.... C'est à l'un et à l'autre, à la trahison des gouvernans, et à l'ignorance des gouvernés. Si les gouvernans avaient été patriotes et de bonne foi, ils avaient assez de lumières pourse diriger se respecter eux-mêmes et faire respecter les lois de la République; et si les gouvernés ou autrement la masse du peuple avaient eu, assez de lumières, ils auraient su lire et discerner dans les actes du gouvernement et dans ses actions les preuves incontestables de son infâme trahison; et ils auraient eu assez de force et d'énergie pour chasser ou mettre en jugement les traîtres qui les avaient déshonoré et vendu aux français.

Mais dans tout cela, ce qu'il y a de vraiment pénible et de douloureux pour les cœurs vraiment haytiens, et dont il nous est impossi ble de nous le dissimuler, c'est que la trahison, la lâcheté, l'ignorance et la versatilité du gouvernement du Sud-Ouest, jointes au peu d'énergie et à l'aveuglément des haytiens de cette partie qui ont montré un abandon honteux de leurs plus chers intérêts, ont dû singulièrement nuire à la cause, à la liberté et à l'indépendance du peuple haytien! Ce coupablė

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