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Ces traîtres venaient d'arriver à l'ile de Saint-Thomas sur un bâtiment français; là, ils apprennent le sort qui les espérait, s'ils avaient l'audace de souiller de leurs pieds sacriléges le territoire du Nord-Ouest; ils se hâtèrent de se rendre au Port-au-Prince, auprès de leur complice le traître Pétion; le droit d'asile était sacré et inviolable dans la République, surtout pour des traîtres et des espions; l'on vit arriver dans cette ville une foule de ces lâches transfuges, les ennemis les plus dangereux, les fléaux les plus cruels de leur patrie; parni eux, l'on distinguait le traître Bellegarde, qui avait trahi le gouverneur Toussaint, un Louis Labelinaie, homme barbare et cruel jusqu'à la stupidité, le Séïde de Rochambeau, un homme qui avait fait pendre, dans un seul jour, en présence du général Pétion, pendant qu'il était à la PetiteAnse, vingt-cinq malheureuses femmes des habitations Saint-Michel et Madeline; un homme à qui l'on pouvait reprocher la destruction et la mort de 4 ou 500 créatures humaines, ses frères et ses concitoyens, qu'il avait livrés aux français pour être pendus

égorgés, noyés, brûlés et mangés par des chiens; de te's scélérats, encore tout dégoutants du sang de leurs compatriotes, étaient reçus et accueillis par Pétion au Port-au-Prince. Malgré que ces transfuges savaient le sort qui les attendait dans le royaume, il y en a eu d'assez hadis pour oser s'y introduire, mais ils furent aussitôt arrêtés et ils éprouvèrent le châtiment réservé aux traitres et aux espions.

Pendant que tous ces événemens se passaient dans le cours des années 1814, 1815 et 1816, Henry n'avait pas perdu un seul instant pour mettre le Royaume en état de défense, nous étions prets à recevoir les commissaires et l'armée française, de quelque manière qu'ils se présentassent.

Malgré nos immenses préparatifs de guerre, le Roi n'avait pas cessé de fixer son attention sur la prospérité publique. La guerre, l'agriculture, le commerce, l'instruction publique tout fixait son attention; il faut, disait-il, que tout marche ensemble, l'un n'empêche pas l'autre plus il rencontrait d'obstacle

plus

plus il acquerrait de nouvelle forces, plus ses ressources se developpaient.

Henry observait attentivement les desseins des français sur Hayti, et sa principale étude était de chercher les moyens de pouvoir les déjouer; il vit par ce qui s'était passé dans le Sud-Ouest, que les français comptaient plus sur les moyens de séduction et de corruption pour nous vaincre, que sur la force des armes; dès ce moment, Henry sentit plus que jamais le besoin d'éclairer le peuple sur la connaissance de ses droits et de ses devoirs; il résolut de propager l'instruction et les lumières dans l'universalité des citoyens.

Après le changement de religion, le plus puissant moyen pour changer les mœurs et le caractère d'une nation, c'est de changer la langue; il fut résolu en conseil qu'il serait fondé dans toutes les villes et paroisses du Royaume des écoles d'enseignement mutuel, des académies et colléges royaux; que l'éducation serait donnée dans la langue anglaise et d'après le système anglais; il fut aussi arrêté que l'instruction publique à Hayti aurait lieu

Gratis, aux frais de la nation : immédiatement après le gouvernement s'occupa des moyens de faire venir de l'étranger des maîtres, professeurs et artistes, et donna des ordres pour construire les édifices devant servir à l'établissement des maisons d'éducation.

Dans la même année 1816, nous vîmes s'élever l'école nationale de la capitale, et l'année suivante, les villes de Sans-Souci, Portde Paix, Gonaïves et St-Marc, eurent aussi des écoles nationales d'établies dans leur sein, et ouvertes au public gratuitement.

L'imprimerie, cet art précieux, qui répand les connaissances humaines, nous avait rendu de grands et de signalés services; dans moins de six mois, le gouvernement fit établir trois imprimeries, au Cap-Henry, à SansSouci, et à la Citadelle Henry; il nous serait bien facile, par la suite, d'en établir dans toutes les villes du Royaume.

Par le moyen de ces imprimeries, les écrivains, les journalistes du Nord-Ouest, faisaient pleuvoir un déluge de papiers dans le pays, et sur-tout dans le Sud-Ouest; toutes les nouvelles d Europe circulaient et étaient

mis sous les yeux du peuple; tous les écrits des ex-colons étaient réfutés et commentés, toutes les communications directes ou indirectes que l'on recevait des français, étaient immédiatement publiés et répandus dans le pays, cette publicité les déjouait et leur por tait la mort dans le cœur ; il y avait déjà trois mois, que nous avions annoncé à nos concitoyens du Sud-Ouest, l'arrivée incessamment des commissaires, qui devaient leur être envoyés, nous les avions prévenus, de se tenir sur leurs gardes......

Pétion attendait donc au Port-au-Prince, l'arrivée de ces commissaires avec auxiété ; il était réduit dans l'impuissance de ne pouvoir rien faire pour eux; sans doute il aurait même bien voulu ne pas les recevoir, mais comme il avait reçu et accueilli un'espion, il ne pouvait plus faire différemmeut que de recevoir des commissaires; s'il les cût renvoyés, il condamnait lui-même la conduite qu'il avait tenue envers Dauxion Lavaysse; il avait donc résolu qu'il les recevrait; il s'était déjà déshonoré il ne lui en coûtait pas davantage !

Enfin, le 5 Octobre 1816, parut en vue du

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