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l'âne

souverainement méprisés par le roi d'Hayti, et Pétion parut alors à nos yeux, tel que de la fable qui s'était revêtu de la peau du lion et qui voulait épouvanter les autres animaux par ses brayemens.

Le 9 Mars 1815, les quatre années de la présidence étant révolues, Pétion se fit réélire pour la troisième fois et il se disait sans ambition! plusieurs témoins oculaires m'ont rapporté de la manière que ces farces démagogiques se jouaient au Port-au-Prince; je craindrai de priver mes lecteurs, si je les passai sous silence.

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Le moment arrive où Pétion devait se » démettre de sa dictature éternelle; chacun » se préparait à bien jouer son rôle pour plaire » au tyran. Imbert, secrétaire d'état, qui devait jouer le simulacre de président pendant vingt-quatre heures, Imbert s'étudiait aussi à » faire sa cour à l'hypocrite. Enfin le moment » arrive où il fallait paraître sur la scène, » Pétion faisait semblant de vouloir se dé» mettre de l'autorité en faveur d'Imbert,

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qui s'écriait soudain Non, non, je ne

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puis accepter cette charge; il n'y a que vous seul, Président, qui puissiez sauver » la république ! Et dans l'instant, tous les » gens qui avaient été apostés exprès s'avançaient, environnaient le tartuffe et s'écriaient » unanimement : Oui, oui, il n'y a que vous » Président qui puisse sauver la république; » Et Imbert toujours prompt à saisir là-propos » s'écriait, vive le Président! vive la République, une et indivisible et impérissable! Et toute la cohue répétait les mêmes >> acclamations! >>

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Cependant, au retour des députés du Roi, du Port-au-Prince, le comte de Limonade répondit aux insultes et aux invectives de Pétion, par une lettre adressée à ses concitoyens du Sud-Ouest, pleine de raison, d'onction et d'humanité, j'accompagnai cette lettre par une brochure intitulée : Le Cri de la Patrie, où je commençai dès-lors à dévoiler la turpitude, la trahison et l'excessive ambition de Pétion.

Cet homme pervers et rusé, voyant que nos écrits dirigés contre lui, ne s'adressait qu'au peuple du Sud-Ouest; fit répondre par un écrit intitulé: Le Peuple de la République

d'Hayti, à Messieurs Vastey et Limonade 7. cet écrit ne contenait que des injures et des extravagances!

Pétion voulait nous faire changer de batte rie; il voulait que nous l'eussions mis de côté, et que nous eussions répondu au peuple par des insultes et des outrages, mais il fut encore déjoué dans son attente; au lien de répondre au peuple, comme il s'était attendu; je dirigeai contre lui une brochure, ayant pour titre: Le Cri de la Conscience, où j'accusai le général Pétion du crime de haute-trahison; convaincu de complicité avec Dauxion Lavaysse, espion français, de complots et d'intelligence criminelle avec les ennemis d'Hayti, tendant à renverser l'état, et à plonger la population dans l'esclavage et les préjugés de 1789; ce qui éiait prouvé par quinze chefs d'accusation dressés sur des preuves légales et authentiques, sur des piéces signées de la propre main du général Pétion; il fut tellement étourdi et confondu de ces graves accusations, qu'il garda depuis le plus profond silence; le chagrin de voir ses complots découverts, la flétrissure et l'ignominie répandues à jamais sur sa vie, le conduisirent dans bien peu de temps au tombeau.......

Le Cri de la Conscience, n'a donc jamais été répondu par nos antagonistes, dans les derniers écrits du Port-au-Prince, ils se sont bornés à dire, que c'était une plate diatribe, fabriquée à Sans-Souci ; je conviens avec eux, qu'il est bien plus facile de lui donner cette épithète que de pouvoir y répondre; mais je crois devoir observer à Colombel et à Milcent, qu'ils étaient dans l'obligation de réfuter un tel écrit, la gratitude et la reconnaissance qu'ils devaient à leur héros, leur en faisaient une loi, et leur propre honueur s'ils en avaient eu, leur en faisait un devoir impérieux.

J'ai déjà eu occasion de faire connaître à mes lecteurs M. Colombel; il n'est pas ici hors de propos que je leur fasse connaître aussi quelle espèce d'homme est ce M. Milcent, qui occupe depuis si long-temps notre attention: M. Milcent est à peu près un homme du même acabit de M. Colombel, un créol de la GrandeRivière du Nord, haytien de la peau seulement, mais français par ses principes; comme Colombel un de leurs instrumens et initiés dans leurs coupables projets, un ennemi implacable de la liberté des noirs et de l'indépendance de

pays, un lâche transfuge soudoyé par le cabinet français, et envoyé récemment de France au Port-au-Prince, pour infester la République de ses écrits, corrupteur de l'esprit national et de la morale publique, un de ces esprits forts, un athée, qui écrit au détriment de la race noire, ainsi qu'il en a été accusé par les écrivains même du Port-au-Prince (1).

Ce Milcent qui n'a jamais rien fait pour son pays, qui n'a jamais tiré un seul coup de fusil pour la cause de la liberté et de l'indépendance, ce Milcent, dis-je, dont l'esprit n'est malheureusement qu'nne torche incendiaire, s'est érigé en pédagogue de la République; là, il écrase les autres écrivains du poids de sa science et de son érudition; avec sa plume méchante et badine, il fait sourire de plaisir ses amis les ex-colons, répand l'ironie la plus amère sur les productions des haytiens, qu'il à l'impudence de traiter de rapsodies.

Voilà les hommes qui écrivent contre nous, un Milcent et un Colombel! Voilà les hommes

(1) Voyez l'Abeille Haytienne N. 3, page 8, journal imprimé par Milcent au Port-au-Prince en 1818,

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