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voir qu'avec horreur cette paix et cette réunion qu'il pronait peu de jours auparavant.

il

Il est encore évident que la guerre civile n'étant faite et alimentée que par les hommes de couleur, c'était ́sapper sa politique par sa base, que de se servir des hommes de couleur pour l'éteindre; c'est pourquoi s'en indignait, et il prévoyait qu'en faisant cesser la cause, les effets devaient cesser aussi telle a été toujours sa politique de n'avoir pas l'air de s'inquiéter des hommes de couleur, qu'il considérait comme à lui et obligé de servir sa cause, dont il avait fait la leur; au lieu que les noirs qui devaient être ses ennemis, il les caressait et les flattait, parce qu'il les craignait et sentait le besoin de se les attacher; aussi en avait-il fait des Séïdes ; c'est pourquoi il avait abandonné la popula tion noire à la licence et à l'oisiveté, et la laissait faire sa volonté et suivre ses passions; it trompait ses malheureux concitoyens, pour se les attacher et se donner une réputation de bonté par mi eux.

La patrie, la gloire, le bonheur de son pays, tout cela n'était rien à ses yeux; la corrup

tion de la morale, la dégradation de ses concitoyens avilis et flétris par des vices ignobles, tout cela lui était indifférent, pourvu qu'il parvint à ses fins qui étaient la domination entière du pays et le souverain pouvoir !

Telle était la politique de cet homme artificieux, elle reposait sur la perfidie, la mauvaise foi, l'ambition, et l'hypocrisie !

Au lieu qu'Henry, ami de l'ordre, de la justice et du travail, suivait une route opposée, sévissait indistinctement sur les individus qui s'écartaient de leurs devoirs, maintenait rigoureusement l'exécution des lois, ne voulait et ne voyait fortement que le bonheur de son pays et le bien être de ses concitoyens; il marchait droit et sans détours à son but, sans avoir égard, ni aux couleurs, ni aux individus, ni aux circonstances, hi au temps où il se trouvait placé.

Ce qui lui a fait donner par ses détracteurs une réputation de sévérité, et son caractère franc, probe et rigide, ses vertus, son patriotisme, son amour ardent pour son pays, et l'avancement de ses compatriotes vers l'ordre ›

social, la morale et la civilisation (il faut le dire à la honte de l'humanité) ont souvent tourné contre lui, et ont été nuisibles à ses intérêts; et la raison en est toute simple, un peuple igno rant, encore dans son enfance, a pu aisément se laisser séduire et tromper par une main qui le flatte, le caresse et le conduit à sa perte, mais le jour viendra où il reconnaitra son erreur; ce jour n'est pas éloigné, je l'espère, où le peuple haytien animé par des sentimens de justice et de reconnaissance, bénira et chérira le héros, qui aura corrigé les vices et réformé les mœurs de sa nation, conservé intacte sa réputation et sa gloire nationale, et fait son

bien être.

Voilà la politique de Henry; elle repose sur la justice, l'honneur et la probité!

Un homme tel que Pétion, pour qui les noms de gloire, honneur, patrie, n'étaient que de vains simulacres, ne pouvait accepter les conditions d'une paix, qui aurait fait le bonheur du peuple, mais qui mettait des bornes à son ambition, et l'empêchait d'exé cuter ses projets criminels.

La présence des députés du Roi, au Portau-Prince, l'importunait, il se hâta de les renvoyer, et à des propositions honorables et généreuses de paix, qui lui étaient faites, il répondit par des invectives et des impostures.

Pétion vit que sa trahison l'avait placé dans une situation critique, l'esprit public changeait journellement au Port-au-Prince, et penchait vers la réunion et la paix ; il résolut de faire prendre une autre tournure affaires, et de sortir de cet état pénible par un coup d'éclat, pour remonter les esprits, les disposer à la haine et à la guerre civile.

aux

Aussitôt il employa toutes ses vieilles ruses, pour nous faire prendre le change et tomber dans ses nouveaux pièges; pour détourner nos pensées sur le présent, qui seul nous occupait; pour nous faire perdre de vue sa conspiration avec Dauxion Lavaysse, il détérait tous les lambeaux de nos guerres civiles, qui étaient enfouis dans l'oubli depuis plusieurs années. Cet homme perfide, ne voulait plus vivre que dans le souvenir du passé ; le présent lui était odieux et trop à craindre; il ne repaissait son imagi

nation que sur les malheurs publics passés, dont lui-même avait été le premier moteur.

Pétion ne vit plus, mais il a laisse sa tactique à ses complices..

Tel qu'un énergumène, le 20 Février 1815, il lança une furieuse proclamation, où il appelait à grands cris les haytiens au carnage et à la guerre civile, et il provoquait le roi d'Hayti, par des insultes directes; son but était de nous faire marcher une troisième fois contre le Port-au-Prince, où il aurait cherché à mettre encore en usage contre nous ses armes favorites, la trahison et la perfidie, qui lui avaient déjà si bien réussi, et ensuite cela lui aurait donné les moyens de nous discréditer dans l'étranger, de nous représenter comme des agresseurs injustes, comme des hommes absurdes et extravagans, qui l'attaquaient dans l'instant que nous étions menacés par l'ennemi commun, de choisir entre l'esclavage ou la mort!... il voulait aussi arracher du Roi une proclamation semblable à la sienne, pour ensuite en faire usage; mais toutes les ruses et tous les artifices de Pétion étaient usés, ses insultes et ses vociférations furent souverainement

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