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auraient tués sur-le-champ de bataille, pour détruire ceux qui restaient encore; ils étaient parvenus à expulser ces tyrans de leur patrie; enfin, qu'aujourd'hui, ils étaient abondamment pourvu d'armes de toutes espèces etc., etc. que tout le peuple n'avait qu'une seule et même volonté, celle d'exterminer ses ennemis, cette lutte ne pouvait tourner qu'à leur avantage; qu'importait leurs nombreuses armées, les haytiens ne comptaient point le nombre de leurs ennemis, plus il y en aurait plus ils en immoleraient!.... »

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Immédiatement après la publication du plan général de défense du Royaume, tous les régimens de ligne furent portés au grand complet, et la population entière en état de porter les armes, organisée en bataillons et escadrons de royal dahomets; toutes les vieilles arines furent retirées et remplacées par des armes. neuves qui étaient en réserve dans les citadelles. Bientôt nos magasins et nos arsenaux furent remplis d'objets d'habillemens et d'équipemens, de poudre à feu et des armes de toutes espèces; le gouvernement fit des acquisitions immenses, qui s'élevaient à plusieurs millions de gourdes, et qui furent payées comptant.

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Toutes les citadelles et forteresses du

Royaume, situées

sur les sommets des

montagnes les plus inaccessibles, furent mises dans un état complet de défense; des magasins immenses se remplissaient de sel, de commestibles, de médicamens de toutes espèces. pour les hôpitaux, et autres besoins urgens. L'armée et toute la population travaillaient avec une ardeur inconcevable, avec un zèle au-dessus de toute admiration; les pièces de. canons de gros calibres, gravissaient au travers des précipices, les montagnes les plus inaccessibles, et étaient placées sur leurs sommets; le transport du matériel, des boulets, des munitions de bouche et de guerre, se faisait avec des chants de joie et d'allégresse; on travaillait jour et nuit dans les arsenaux, souvent les dimanches et les fêtes; Henry se portait partout; dans l'ardeur du soleil et dans la pluie, il activait les travaux, encourageait les travailleurs, et souvent il y mettait luimême la main : « mes enfans, disait le Roi aux hay tiens : dans la première guerre de l'indépendance, nous avions eu à lutter contre. toutes sortes de privations; cette fois-ci, nous

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ne manquerons de rien, j'ai pourvu à tout à tandis que vous ferez la guerre à l'ennemi, vos femmes et vos enfans seront en sûreté, ils seront protégés par ces citadelles inexpugnables dont jai couvert le pays; vous aurez pour vous et vos familles, des secours de tout genre que j'accumule pour les besoins du peuple et de l'armée. « Autrefois, leur disait-il encore ncus étions obligés d'aller d'un morne à un autre, de parcourir les montagnes; nos munitions de guerre, nos trésors, nos trésors, nos butins étaient à la merci de l'ennemi, aujourd'hui ce n'est plus cela, nous pouvons les défendre de pied ferme dans ces citadelles imprenables »>!

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Quelle différence entre Henry, sacrifiant son repos, sa vie, s'oubliant lui-même, pour ne songer qu'au salut du peuple; et Pétion, intrigant et faisant tous ses efforts pour le tromper et l'entraîner dans une destruction certaine...、、

Tandis que la population faisait les préparatifs de guerre, les écrivains du Nord, indignés de voir que le peuple du Sud-Ouest, avait été abusé et entraîné dans des démarches honteuses par leur gouvernement, faisaient gémir

les presses de leurs productions, pour éclairer l'esprit public de cette partie, et contraindre Pétion à changer de système ; lui-même était tellement confondu et honteux, de la conduite qu'il avait tenue, qu'il était obligé malgré sui, malgré sa haine, et son excessive ambition, de rendre hommage au patriotisme du roi d'Hayti.

Dans des repas qu'il avait donnés au Portau-Prince, il avait dit avec une feinte satisfaction: «< Messieurs, nous avons la paix avec le Roi d'Hayti.» il avait bu même à la réunion des haytiens! En montrant un si beau dehors, son calcul était de faire oublier sa conduite perfide, qui l'avait comme dépopularisé; il prônait donc la paix et la réunion, il berçait les haytiens vertueux et bien intentionnés de ces douces et flatteuses espérances; le traitre! son coeur en était loin!.... un calme, heureux précurseur de la paix se faisait sentir; les menaces des français avaient achevé d'appaiser les flots et de calmer, la tempête; toutes les hostilités avaient cessé depuis longtemps de part et d autre; le roi dilavti était revenu à son plan favori, de s'entendre, de faire une fusion des intérêts, plutôt que de voir

une guerre barbare et destructive, contraire aux vrais intérêts du peuple haytien; plan dʊnt Sa Majesté est résolue de ne point s'écarter, malgré tous les efforts et les intrigues qu'employent les ennemis intérieurs et extérieurs d'Hayti, pour le porter à prendre l'offensive!

Tout semblait donc être disposé vers la paix et l'union; les personnes du territoire de Pétion, qui avaient été prises par nos patrouilles, avaient été relaxées de suite avec de bons. traitemens; on leur avait donné des papiers. publics pour en faire part à leurs concitoyens ; dans la même circonstance, une de nos barges. fut prise et conduite au-Port-au-Prince Pétion la renvoya aussi, et confia au capitaine de la barge des papiers publics, et il dit à ce capitaine, qu'il désirait la paix et l'union; de notre côté nous ne le désirions pas moins.

Alors Henry tonjours dirigé par un désir ardent de la paix et de ramener le calme et l'union parmi le peuple haytien, se décida pour la seconde fois à faire une démarche conciliatoire; pour cet effet, Henry choisit pour envoyer au Port-au-Prince deux hommes

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