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honte de voir désavouer solennellement par S. M. Louis XVIII, cette mission d'espionnage, qui fera à jamais la honte et le déshonneur du ministre qui l'avait ordonnée, et qui couvre d'un opprobre éternel le président Pétion, pour y avoir trempé d'une manière aussi infâ me que criminelle.

Si Pétion n'avait pas été un traitre, et qu'il n'eût pas voulu mettre Dauxion Lavaysse à mort, ne pouvait-il pas l'arrêter, pour , pour l'empêcher de retourner en France, apporter les renseignemens nécessaires, que le cabinet français pouvait avoir besoin, pour diriger ses opérations contre Hayti? Ne pouvait-il pas concilier ce qu'il devait au droit des gens, à l'humanité, au plus sacré de ses devoirs, à la sûreté de l'état et au salut du peuple? étaitil plus humain de sauver la vie d'un homme, que d'exposer l'existence d'un peuple entier ? Ne pouvait-il pas faire comme le Roi d'Hayti, qui a satisfait à la fois à ce qu'il devait au droit des gens, à la sûreté et au salut de son peuple; Franco Médina, le complice de Dauxion, n'a-t-il pas été arrêté et mis en détention?

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a-t-il pu retourner en France, donner les renseignemens nécessaires sur l'état de la colome? en l'arrêtant, avons-nous pour cela violé le droit de gens, manqué à l'humanité et à ce que nous nous devions à nous-mêmes? qui peut nous en blâmer? pourquoi le cabinet français n'a-t-il pas réclamé Franco Médina comme son envoyé? Il n'y a point de milieu ni d'alternative dans la question qui se présente; d'une chose l'autre, il faut que ce soit le roi d'Hayti qui ait violé le droit des gens pour avoir fait arrêter un espion, et pourvu à la sûreté de l'état et au salut du peuple, ou il faut que ce soit le président Pétion qui l'ait violé, en favorisant sa fuite, en trahissant l'état et le peuple, et le plus sacré de ses devoirs. Mais je m'arrête, c'en est assez. Je prie les complices de Pétion de résoudre la question.... hâtons-nous de détourner nos regards sur des scènes aussi honteuses qu'affligeantes, pour

les

porter dans le Nord-Ouest, sur un théâtre plus satisfaisant et plus consolant pour les amis de la liberté et de l'indépendance.

Nous avons vu que le cabinet français

sortait de proposer au peuple haytien par ses émissaires, de choisir entre l'esclavage ou la mort; jamais insultes et outrages plus sanglants, n'avaient été encore faits à aucun peuple du monde; les ex-colous publiaient en France, sous les yeux de S. M. Très-Chrétienne, que la population d'Hayti devait être exterminée, à la réserve des enfans de l'âge de six ans qui eûssent été conservés pour porter les chaînes de l'esclavage; ces jeunes victimes pouvaient vivre sans danger, parce qu'elles n'avaient pu encore recevoir les premières impressions de la liberté! c'est du sein d'une nation vieillie dans la civilisation et les lumie res, que de semblables horreurs s'écrivaient! c'est sous les regards du Monarque TrèsChrétien, sous la censure d'un gouvernement policé, d'un peuple éclairé, qu'elles s'imprimaient (1) !

Le Roi, indigné de tant de crimes et de per versité, à ces odieuses propositions du cabinet français, à ces projets de crimes et de destruc

(1) Voyez les ouvrages des ex-colons imprimés en 1814, des Drouin de Bercy et des Charrault, etc.

tion des ex-colons, fit publier le plan général de défense du Royaume.

D'après les principes de la loi naturelle, qui autorise de soutenir et de défendre ses droits par les mêmes moyens dont on se sert pour les attaquer; on ne pouvait leur faire une réponse plus convenable, ni leur opposer de meilleurs argumens.

Les projets de nos implacables ennemis (dit Henry) sont connus; ils veulent notre esclavage ou notre entière destruction; nous avons à combattre pour notre liberté, notre `indépendance; nous avons à défendre notre vie, celles de nos femmes et de nos enfans; nous devons employer contre nos ennemis tous les moyens de destruction qu'ils comptent employer contre nous; nous devons faire usage d'un système de défense mesuré au genre de l'attaque, en harmonie avec nos localités, et déployer toute notre énergie pour vaincre nos tyrans; ensuite par l'article 1er, Henry recommandait aux généraux commandans de provinces, de divisions et d'arrondissemens du Royaume, d'avoir à se munir dès à présent même, de bois de chandelle, en

forme de torche, et de matières combustibles, propres à incendier.

L'article 2 prescrivait qu'au débarquement de l'armée française, toutes les villes, bourgs, habitations, manufactures et tous autres établis◄ semens situés dans les plaines fussent incendiés de fond en comble, pour ôter à l'ennemi toute espèce d'abri contre l'influence du climat et des injures du temps; que toute la population fut retirée dans les montagnes, les ponts cassés et détruits, les digues des fleuves, rivières et étangs rompues, les eaux détournées et jetées dans les grands chemins, toutes les routes carabinées et rendues impraticables, les bestiaux et bêtes cavalines poussés dans les endroits les plus reculés et les plus inaccessibles, les chariots, voitures, cabrouets, tous autres objets indistinctement qui auraient pu servir de ressource à l'ennemi, détruits et mis hors d'état de ne pouvoir lui être jamais d'aucune utilité; afin qu'il n'eût trouvé en débarquant que des décombres et des ruines, un terrein dévasté dans tous les lieux où les villes, bourgs, habi tations, etc. auraient existés..

L'article 3 prescrivait la guerre d'embuscade

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