Page images
PDF
EPUB

loyauté, qui l'ont porté à s'allarmer sur le danger que pouvaient courir ses concitoyens du Sud-Ouest, et à les éclairer sur leurs vrais intérêts; danger qui ne peut exister en réalité, qui n'était que dans l'imagination d'un mal que l'on redoute, et qui est si grand par lui-même qu'il ne peut exister; car quel est le chef à Hayti si puissant qu'il puisse être, qui pourrait entraîner les haytiens à faire l'abandon de leur liberté et de leur indépendance pour retourner sous le joug de la France et de l'esclavage? Or donc, une chose qui est moralement et phisyquement impossible ne peut exister, il en est de même de toutes les tentatives que les ex-colons pourraient suggérer encore au gouvernement français, soit pour nous diviser, nous tromper, nous induire dans l'erreur ou nous faire tomber dans quelques piéges; cela est également impossible, ils ne réussiront jamais; si le gouvernement français persistait à suivre les conseils et les plans des ex-colons, il lui arriverait encore ce qui lui est déjà arrivé. Au résultat il ne recueillerait de toutes ses démarches que la honte et le regret de les avoir inutilement tentés; et toute expédition armée que la France pourrait être entraîné de faire contre

Hayti, dirigée soit contre le Nord-Ouest, soit contre le Sud-Ouest, ne produirait aussi au résultat qu'une guerre nationale; et nous pouvons prédire hardiment que la France ne recueillerait de cette expédition, que les mêmes fruits qu'elle a recueillis de la fameuse expédition de Bonaparte, sous les Leclerc et les Rochambeau ?

...

Le soleil d'Hayti est toujours le même, son climat et sa température ne sont pas changés, et ses habitans ont bien plus de moyens physiques et moraux qu'ils n'avaient alors!

Pétion vit donc le danger imminent où sa perfidie allait le plonger, si les événemens du Nord ne lui avaient dessillés les yeux et montrés le précipice où il allait s'engouffrer; pour se justifier aux yeux du peuple d'avoir négocié avec un vil espion et avoir favorisé sa fuite, il sentit la nécessité de mettre à jour sa correspondance avec Dauxion Lavaysse, que nous avons analysée et qu'il fit accompagner de sa proclamation du 3 Décembre, chef-d'œuvre de duplicité et d'absurdité; sa ruse étant de montrer la médaille du beau côté pour cacher sa perfidie et ses crimes (1). Jl fallait tromper le peuple et donner du relief à ce

(1) A l'impression de ces pièces, nous ignorons ce qui a pu être retranché, mais, par ce que nous voyons, nous pouvons juger du reste !

honteux événement, Pétion le représentait comme une époque qui devait à jamais illustrer les fastes de la République; al avait sacrifié l'indépendance d'Hayti, pour l'indépendance des droits, et il disait au peuple, sans l'indépendance point de sécurité, point de garantie de notre régénération ; il avait eu la bassesse de rendre le peuple tributaire, et il lui disait que c'était une action généreuse qui l'honorait, et en même temps qu'il désho norait le peuple et le couvrait d'infamie, il lui disait: vous avez fait ce que vous avez dû faire; il vendait le pays, ses frères et ses concitoyens aux français, il aliénait déjà leurs propriétés et il leur disait le droit des armes à mis le pays dans vos mains il est votre propriété. Au lieu d'avoir arrêté Dauxion Lavaysse comme espion, et comme son devoir, la sûreté de l'état, les lois des nations l'obligeaient de le faire, il parlait de son caractère et du droit des gens, comme s'il pouvait y avoir un droit des gens pour les espions; mais dans la confusion où il était, il balbutiait et chantait à tue-tête la palinodie. Nous demanderons à Colombel et à Milcent, si d'après les principes de la loi naturelle et du droit des gens, le salut du peuple

:

est la supréme loi, comment Pétion avait-il pu préférer le salut d'un espion au salut du peuple? Comment avait-il pu violer le droit des gens et les plus sacrés des devoirs, pour sauver un espion au détriment de son pays et de la sûreté du peuple?

Pétion, au départ de Dauxion Lavaysse, couvrait sa trahison d'un prétexte spécieux; il ne parlait que du droit des gens, il n'avait dans la bouche que le respect dû au droit des gens, c'est parce qu'il l'avait violé lui-même, et les plus sacrés de ses devoirs ; mais qu'est-ce donc que ce droit des gens? dans quelle source a-t-il été puisé? n'a-t-il pas ses limites? ses règles ne sont-elles pas écrites, ne sont elles pas gravées dans le cœur de l'homme ? Puisque, nos adversaires n'ont pas jugés à propos de le définir, pour leur ôter à l'avenir tous les moyens de pouvoir encore abuser le peuple, de le tromper, pour ensuite couvrir leur infâme trahison du manteau de ce droit sacré; je tacherais de remplir ce devoir; je le répète, c'est pour la masse de mes compatriotes que j'écris, qu'il me soit permis de les éclairer.

Le droit des gens n'est autre chose que la

droit naturel ne fais pas aux autres ce que tu ne voudrais pas que l'on te fit à toimême; voilà ses bâses et son principe invariables; mais comme tout le genre humain forme une société universelle, partagée en divers peuples qui n'ont pas le pouvoir de s'imposer des lois l'un à l'autre, il a été nécessaire, pour entretenir entr'eux un com4merce indispensable, d'établir de certaines conventions ou expresses ou tacites qui servissent de lois réciproques: ces conventions sont fondées sur le droit naturel et dérivent de l'utilité générale de toutes les nations. Or, la loi naturelle, l'utilité commune des peuples, les exemples de tous les siècles, s'accordent non-seulement la nécessité des légations, mais aussi pour donner à tout ministre publictrais sortes de prérogatives, 10 de le recevoir et de le reconnaître en cette qualité, 20 de lui procurer une entière sûreté, non-seule¬

pour

ment pour sa personne,

mais aussi

pour sa suite, 30 de lui accorder les honneurs et les

distinctions dús à son caractère et au souverain qui l'envoie.

Trois causes légitimes peuvent aussi donner

« PreviousContinue »