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.sures hostiles et prématurées ; si vous aviez » eu la précaution de montrer de la franchise » et de la bienveillance, d'écarter avec soin » les haines et les préventions, et sur-tout » toute idée d'esclavage; si vous n'aviez pas » fait brûler, pendre, noyer et manger par » les chiens les indigènes, vous eussiez réussi » peu-à-peu à ramener l'ancien ordre des » choses; fiez-vous donc aujourd'hui à ma longue expérience; laissez-moi la faculté de pouvoir agir et d'employer les moyens les » plus convenables pour ramener le peuple haytien sous la domination de la France, » contentez-vous de cela; pour le présent » laissez jouir aux indigènes provisoirement de » la liberté ».

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Remarquez bien

que, dans le dessein de se faire mieux comprendre par les émissaires français, Pétion employait le mot omniscience, terme dont les théologiens se servent pour exprimer la connaissance infinie de Dieu, et en même-temps, qu'il éclairait les ex-colons, il se rendait savant, obscur et inintelligible à la multitude, qui ne peut avoir assez de conuaissance et d'érudition, pour .connaître

connaître et juger la propriété des mots scien tifiques. Tous les mots qu'il avait enchassés dans l'écrit que j'analyse, de crises politiques, de soyons sages, soyons-unis, ayons confiance en nous-mêmes, en la justice de notre cause etc. etc, n'étaient placés que pour embrouiller la diction et se rendre impénétrable au peuple, qui n'avait pas assez de lumières et de discernement, pour voir que Pétion était à les vendre aux français, publiquement et même par écrit. Infortunés haytiens du Sud-Ouest! mes frères sans l'énergie et le patriotisme du Roi d'Hayti, sans le génie de ce grand homme qui a sauvé le peuple, qui est devenu pour cela même, l'objet de la haine des français et de leurs partisans, vous n'auriez reconnu la profondeur de la scélératesse de Pétion, que lorsque vous auriez vu de nouveau les chaînes des français; oui vous n'auriez été éclariés que par les flammes des bûchers, puisque vous n'avez pu voir dans ses écrits et dans sa conduite, qu'il n'était plus haytien, qu'il était français, que vous étiez vendus, qu'il ne lui restait plus que de vous livrer à vos bourreaux et aux supplices!

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Dans tout l'écrit de Colombus, il n'avait pas été question d'un seul mot sur l'indépendance, ce qui corrobore la preuve qu'elle était sacri→ fiée et mise hors de la question.

Au résumé, dans le mois de Septembre 1814, Pétion voulait :

10. La réunion d'Hayti à la France, comme colonie française.

20. La jouissance des droits de sujets et de citoyens français pour tous les haytiens. 30. Et les français voulaient le retour de l'ancien régime, les préjugés de couleurs et l'esclavage comme en 1789.

Nous avions laissé Dauxion Lavaysse à la Jamaïque le premier Octobre, faisant ses préparatifs de départ pour le Port-au-Prince; il avait alors reçu la réponse de Pétion à są lettre du 6 Septembre.

Dans cette lettre, Dauxion avait mis un monologue insultant pour Pétion et la nation entière; il lui faisait dire ces mots, parlant de Louis XVIII: « il nous fera partager les droits de sujets et de citoyens français ; ce qui certes est préférable au sort d'être traités comme des sauvages maliaisans, ou traqués comme des

negres marrons ». Le 24 Septembre, Pétion répondit à Dauxion Lavaysse, et en retour de ses insultes, il le sollicite de se rendre au Port-au-Prince, où Son Excellence (parlant de l'espion), aurait trouvé cette urbanité, ces égards, ces respects dús à sa personne et au caractère distingué dont elle était revétue. A sa lettre Pétion avait joint le pamphlet de Colombus pour éclairer Dauxion Lavaysse et diriger sa conduite. Colombel et Milcent répondez-moi ? Pétion votre corriphée, celui auquel vous avez comme décerné les honneurs de l'apothéose, et que vous avez comme déifié par vos plates et viles adulations; Pétion, dis-je, n'avait-il pas des devoirs à remplir lorsqu'il reçut la lettre de Dauxion Lavaysse ? le pays était menacé d'un envahissement, et allait devenir bientôt le théâtre d'une guerre destructive et barbare; la liberté, l'indépendance du peuple haytien, allaient être attaquées de nouveau par son implacable ennemi; la nation était avilie et outragée, elle devait être traitée comme des sauvages malfaisans et traquée comme des négres marrons le premier magistrat de la République, la sentinelle placée pour défendre

la liberté, l'indépendance et les droits du peuple haytien, n'aurait-il pas dû faire éclater sa juste indignation? Son patriotisme et sa prudence allarmés sur le sort de ses concitoyens, n'auraient-ils pas dû le porter à prendre toutes les mesures de sûreté et de salut public, pour garantir son pays des désastres dont il était menacé? aurait-il dû souffrir qu'un ennemi de sa patrie, un vil espion eut osé insulter et outrager impunément son gouvernement et ses concitoyens à ses propres yeux ? auraitdû souffrir cet excès d'indignité? que dis-je? il a fait encore bien plus ; après avoir sollicité. cet ennemi de sa patrie, dans les termes les plus respectueux de se rendre au Port-auPrince, il l'a accueilli et logé dans sa plus belle maison; il a fait rendre à ce vil espion les mêmes honneurs que l'on rend aux ambas→ sadeurs, il a tramé et conspiré avec lui le renversement de l'état, l'esclavage des noirs 2 la ruine et la destruction de ses concitoyens ; leur affreux complot découvert, il n'en a pas moins fait à la France des propositions humiliantes et honteuses, qu'il s'est vu forcé de reuacter par la suite; après avoir comblé son

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