avec une foule de militaires du 16ème régi❤ ment pour aller à la poursuite des autres bâtimens de l'escadre, qui furent ainsi pris et livrés par la plus infâme trahison.

Quelques jours après, cette frégate fut rencontrée par la frégate anglaise le Southampton, commandée par Sir James Lucas Yeo; hellé par cette frégate, elle ne voulut pas répondre, et ces hommes inexpérimentés eurent l'imprudence de livrer un combat à la suite duquel la frégate fut prise et conduite à la Jamaïque, après avoir eu 96 hommes de son équipage tant tués que blessés.

Dès que cette nouvelle nous était parvenue presqu'aussitôt que l'événement, Papalier s'en indigna, s'emporta en reproches contre Montorsier, qu'il traita de colporteur de nouvelles. En effet depuis quelques jours le gouver→ nement était dans les plus grandes inquiétudes, de ne pas recevoir aucune nouvelle de l'escadre; il n'y a pas de doute, que Papalier espé rait que le gouvernement inquiet sur le sort de l'escadre, aurait envoyé le reste de ses bâtimens à sa recherche, et que ces mêmes bâtiment eussent encore été perdus pour nous; ainsi le rapport de Montorsier fait trop tôt au gré de Papalier, détruisait ses projets, nous

mettait sur nos gardes, et pouvait arrêter l'entier effet de la conspiration.

Avant l'événement que je rapporte, Papalier et Montorsier avaient été constamment liés d'affaires d'intérêts et d'amitié; Papalier s'était servi de lui pour faire passer ses lettres au Port-au-Prince, par la voie de la Jamaïque; le tort donc que pouvait avoir Montorsier à ses yeux, était de s'être trop empressé d'annoncer cet événement qui était aussi avantageux et aussi agréable à l'un qu'à l'autre ; mais Mortorsier dans son impatience n'avait pu vaincre le plaisir qu'il éprouvait en nous apprenant une nouvelle désagréable qui nous plongeait dans la douleur.

Telle est donc la perversité où le cœur humain peut se porter, qu'il faut avoir une grande sagacité d'esprit et de jugement pour pou→ voir en sonder la profondeur, y découvrir la noirceur du crime, dans des actions qui paraissent au vulgaire indifférentes, mais qui servent de fil à l'homme de génie, pour pénétrer dans le labyrinthe tortueux de scélératesse qu'il peut renfermer ! Papalier paraissait indigné d'apprendre une nouvelle qui cependant, dans le fond de son âme, le

comblait de joie, et sa plus cruelle peine n'était que le regret de voir qu'il ne nous était pas encore arrivé assez de mal! et Montorsier, en s'empressant de nous annoncer cette nouvelle qui le comblait aussi intérieurement de joie, poussait la perfidie jusqu'à paraître s'affubler du masque de nos intérêts; par sa feinte douleur, il nous montrait de la bienveillance captait notre confiance et acquérait le droit de nous conseiller de marcher contre le Portau Prince, pour assouvir ses projets de vengeance et de guerre civile.

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C'est ainsi que dans tous les temps, blancs français nous ont toujours trompés et qu'ils comptent pouvoir nous tromper encore. Pour reprendre Saint-Domingue, (dit M. le comte Beugnot, ex ministre de la marine de: France, présentement membre de la chambre des Députés) il n'y a qu'une seule manière, c'est de montrer aux haytiens de la bienveillance (1); ce qui veut dire, ; ce qui veut dire, en d'autres termes, d'user de la perfidie pour tromper notre bonne foi et nous entraîner dans le

(1) Lettre de M. le comte Beugnot à M. Leborgne de Boigne.

précipice,

précipice. Peu de paroles et beaucoup de franchise, (dit un autre ex-grand planteur, dans une de ses lettres à un de ses amis) c'est le moyen de réussir.

Tels sont la logique, la morale et les principes de M. le comte Beugnot et des ex-colons!

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Cependant, la conspiration avait bien plus d'étendue et de ramifications qu'on se l'était d'abord imaginé; elle s'étendait dans tout le Royaume Papalier, Bunel, Montorsier et leurs complices s'étaient chargés de révolutionner le Nord; et Viart, Malvoisin, Belcour et leurs complices s'étaient chargés de révolutionner l'Ouest. Enfin c'était le parti français, armé du poignard de la trahison et couvert du masque de l'hypocrisie qui s'agitait de nouveau dans notre sein, et qui faisait des deux côtés des efforts incroyables, pour exciter encore le feu de la discorde et de la guerre civile.

Depuis ces événemens malheureux nous apprîmes que des personnages qui étaient audessus de tout soupçon par leur dignité et leurs fonctions éminentes auprès du gouver nement, avaient pris une part malheureusement trop active dans cette conspiration."

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Cependant Papalier fut arrêté et mené provisoirement à la maison d'arrêt, étant le seul des conspirateurs qui se fut alors montré ouvertement et à découvert.

Le Roi était agité par des sentimens divers, la guerre civile repugnait à son cœur, et il se voyait entraîné comme par une fatalité dans la nécessité de la faire; dans cette alternative, il convoqua son conseil pour savoir ce qu'il était urgent de faire, le plus grand nombre des membres indignés de l'infâme trahison qui avait eu lieu, opinèrent de mar→ cher incessamment contre le Port-au-Prince, avant que l'ennemi aurait pu tirer aucun avantage de l'événement.

L'avis du conseil satisfaisait le désir des factieux; ils comptaient de pouvoir tirer parti des circonstances; ils prévoyaient que le Roi ne pouvait être par-tout qu'il se verrait forcer de s'absenter soit de l'armée ou de l'intérieur, et dans l'un ou l'autre cas, pendant l'absence du Roi, ils espéraient de pouvoir mettre à exécution leurs complots, soit dans l'armée ou dans l'intérieur du Royaume. Hélas! leurs espérances ne se sont que trop réalisées !..

Il fut donc résolu upanimement dans le