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des sa naissance; les troupes restées fidèles à TEmpereur, demandaient à marcher contre les insurgés; mais Papalier s'y refusa, donna tout le temps à l'insurrection de se propager, et fut la cause première de la mort de l'empereur Dessalines.

Fait ensuite prisonnier à la bataille de Cibert le premier de Janvier 1807, Henry la conserva dans son grade de major général, l'employa et l'admit dans son intimité; lors de la fondation de la Monarchie, il fut créé Baron; précédemment, il avait été marié à une demoiselle amie de la Reine, et il eut des bontés du Roi une fortune considérable, qui lui donna les moyens de se faire des partisans et de trahir son bienfaiteur.

Insinuant, fourbe, adroit; les charmes de sa conversation et la douceur de ses paroles, lui donnaient le talent de capter les cœurs; bientôt il se fit un grand nombre de partisans; il s'attacha à corrompre et à gagner les marins de la flotte; il leur faisait faire par ses complices, des distributions d'habits et d'argent; cachant ainsi ses projets sous le masque du patriotisme et d'un homme généreux et bienfaisant, Y

Dans cette circonstance une partie de l'escadre mit à la voile pour aller établir sa croi sière sur les côtes du Sud-Ouest, c'était ce que demandaient les conspirateurs; le gouvernement était plongé dans la plus parfaite sécurité, entièrement livré à la confection des lois qui devaient composer le Code Henry; rien de la conspiration n'avait encore transpiré, l'on ne portait aucune attention à ce qui se passait. Vers ce temps plusieurs partisans des français s'étaient introduits et établis dans le royaume, Bunel, Montorsier, Viart, les deux premiers français de nation et le troisième homme de couleur, de la peau seulement, mais blanc français par ses principes. Ce Bunel avait été trésorier sous le Gouverneur Toussaint; pour faire sa fortune et se mettre en faveur, il avait épousé une ferme noire; il était rentré dans le pays avec un certain chevalier Lacauve, envoyé à Hayti par le comte de Willot ? aujourd'hui Gouverneur de l'île de Corse, à l'effet d'intriguer auprès du gouvernement.

Ce Bunel après avoir contribué à faire saisir injustement une somme assez considérable, appartenante au gouvernement royal, aux Etats-Unis d'Amérique, s'était ensuite ligue avec Papalier et Grandjean père et fils; ces deux derniers, parens ou alliés de Bunel.

Montorsier avait été pris par nos croiseurs avec quelques autres français; Henry le distingua, le combla de ses faveurs et fut l'auteur de la fortune considérable qu'il fit en un très-peu de temps; mais il devait bientôt nous donner des marques de son ingratitude.

Viart avait été secrétaire de l'assemblée centrale au Port-au-Prince sous le gouverneur Toussaint, lorsque ce général fit cette constitútion qui acheva de lui attirer la haine de Bonaparte; Viart trahit indignement le gouver neur Toussaint qui l'avait comblé de ses bienfaits, lors de l'arrivée dés français.

Il venait d'arriver de France par la voie des Etats-Unis d'Amérique; Henry l'accueillit froidement comme il le méritait; le souvenir de sa trahison était encore empreinte dans l'imagination de Henry. « Voilà une figure désagréable » dit le roi, en voyant Viart pour la première fois. Cependant d'après de pres→ santes sollicitations qui furent faites à Sa Majesté, quelques tenips après il fut nommé à la place éminente de procureur général du roi de la province de l'Ouest, où il alla exercer ses fonctions; bientôt nous éprouverons les effets de cette condescendance.

Les français pouvaient s'établir dans noss

villes à l'instar des sujets des autres nations ils avaient des maisons de commerce au CapHenry et aux Gonaïves, dans cette dernière ville était établi un français nommé Belcour, associé de Caze et Montorsier; il faisait de fréquens voyages dans le Sud, et était un des conspiateurs qui agitaient la province de l'Ouest.

Un grand nombre de négocians étrangers anglais, américains, allemands, hollandais, etc. habitaient aussi nos villes, ne s'occupaientpaisiblement que des affaires de négoce; et vivaient dans la plus parfaite union avec les haytiens; tandis qu'une demi-douzaine de français tout au plus faisaient leurs efforts pour troubler le pays et exciter la guerre civile ; quelle leçon pour l'avenir !

Malgré tout ce qui était arrivé au gouverneur Toussaint et à l'empereur Dessalines pour avoir accueilli et favorisé particulièrement les partisans des français, nous tombions déjà sans nous en apercevoir dans les mêmes pièges qui avaient entraînés ces deux chefs à leur perte; tant il est vrai que la haine et la méfiance ne sont pas des sentimens durables, dans le cœur de l'homme; tout s'efface avec le temps; la haine s'éteint, la confiance s'établit, les leçons de l'expérience sont perdues et deviennent inutiles et l'on se trouve entraîné comme

par une fatalité à faire précisément tout ce qu'il faut pour se perdre!

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il n'y a de durable et de stable que des principes de gouvernement fondés sur une sage politique.

Delà résulte la nécessité des conseils permanens où l'on trouve la réunion des lumières et la connaissance approfondie des vrais intérêts du pays; les affaires publiques doivent être toujours débattues avec toute la lenteur de la réflexion; la sagesse est ennemie de Ja précipitation, et souvent on simple mesure que l'on avait cru être de peu d'importance, occasionner des troubles et renverser l'état.

a vu une

Montorsier sortait d'arriver d'un de ses voyages de la Jamaïque; il annonce l'événement arrivé à la flotte la conspiration avat d'abord éclatée à bord de la frégate La Princesse royale Améthiste; les consp rateurs après s'être emparés de l'amiral Pierre SaintJean, comte de la Presqu'île et des officiers qui n'avaient pas voulu prendre part complot entrèrent aussitôt dans le port de Miragoane.

au

Le commandant de ce lieu, après avoir fait descendre les personnes qui lui étaient suspectes du bord de la frégate, fit embarquer les colonel Bigot, Gaspard et Monperous,

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