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vernement royal, qui se serait empressé de le maintenir dans le commandement du Sud, en lui fournissant des secours puissans, en hommes. et en argent; mais ce général a manqué de sagesse et de politique, entraîné par une injuste prévention et dominé par une fausse

crainte.

Rigaud, après avoir langui quelque temps, et malgré tous les secours de l'art, termina sa carrière, non pas sans avoir laissé le soupçon d'avoir été empoisonné, ce bruit s'était accrédité, parce que Pétion avait déjà tenté de le faire détruire par les armes, et du caractère dissimulé et artificieux dont on le connaissait, on le jugeait capable de se souiller de ce crime; ce qui a dû encore fortifier ce soupçon, il s'était répandu qu'à la nouvelle de la mort de Rigaud, Pétion feignit une douleur affectée, au travers de laquelle on voyait percer, malgré lui, la joie intérieure qu'il éprouvait de se voir débarrassé d'un rival aussi à craindre qu'il était dangereux. Néanmoins, après la mort de Rigaud, Borgella se saisit d'une main faible et chancelante des rènes encore mal affermies du gouvernement du Sud les

généraux sous ses ordres étaient, comme nous l'avons dit, Francisque à Jérémie, mécontent de s'être vu délaissé par Rigaud; Bruny Leblanc à l'Anse-à-Veau, d'un carac tère équivoque, sur lequel on ne pouvait guerre compter; Vaval à Aquin, être nul et insignifiant, véritable machine, un des complices des assassins du général Guillaume Lafleur, son propre frère; Wagnac était malade aux Cayes sans commandement.

Les affaires étaient dans cet état dans le Sud, il ne fut pas difficile au rusé Pétion de jeter la division parmi les généraux et de sé créer des partisans, afin de renverser Borgella. Francisque fut sa première victime, il était puissant à Jérémie, Pétion usa des mêmes manoeuvres qu'il avait employées contre Gérin et Rigaud, pour le renverser, en lui suscitant un rival, le colonel Henry: un combat, sanglant s'engage entre les deux régimens qui composaient la garnison de Jérémie Francisque vaincu est obligé de prendre la fuite aux Cayes • pour sauver sa vie ; ce colonel est récompensé par Pétion du grade de général, mais il n'en jouit pas long-temps; il

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porta ombrage à Pétion qui lui opposa un nouvean rival; il périt par la main du colonelTitye qui fut aussi détruit à son tour par le colonel Bruneau, maintenant chef du 18ême régiment; en même-temps que Pétion faisait chasser Francisque de Jérémie, il gagnait les troupes de Bruny Leblanc à l'Anse-à-Veau.

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Pendant que tous ces événemens malheureux se passaient dans le Sud-Ouest, nous avons vu que la plus grande tranquillité régnait dans le Nord-Ouest, et que le gouvernement royal se consolidait sur des bases solides et durables.

Pétion voyait avec douleur notre état de prospérité qui n'avait été qu'en croissant depuis la chute du Môle; la fondation de la monarchie héréditaire, détruisait toutes ses: espérances, il ne pouvait plus compter sur les révolutions ou des changemens qui auraient pu réunir l'autorité dans ses mains.

La République se trouvait dans une situation critique, une proclamation du gouvernement royal avait déclaré en état de blocus, tous les ports du Sud-Ouest; notre marine était infiniment supérieure à celle de Pétion,

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nos vaisseaux croisaient impérieusement devant ses ports, et empêchaient les bâtimens étrangers de pouvoir faire le commerce. Dans cet état de choses, le Roi avait les plus grandes et les plus justes espérances, de voir bientôt terminer la guerre civile, et la fin des malheurs du peuple haytien. Son plan était noble, magnanime, digne de son grand cœur ; il voulait, en faisant régner la tranquillité, les Jois et la justice dans le Royaume, convaincre le peuple du Sud-Ouest, par notre état de bonheur et de prospérité, s'il était plus avantageux pour lui, ou de se ranger sous un gouvernement juste et paternel, ou de persister à demeurer toujours plongé dans une funeste anarchie. « laissez-les faire, disait Henry: l'excès de leurs propres maux les ramenera à la raison et à leurs véritables intérêts; nous n'avons besoin pour les vaincre que de rester tranquille; d'être sage et juste, et nous ne serons pas réduits à la cruelle et triste nécessité de répandre le sang des haytiens nos frères et nos concitoyens

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Pétion, sentit le danger imminent de cette sage politique; il sentit, que cet état de paix

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que

les trou

Tui était mille fois plus funeste
bles et la guerre, sans lesquelles il ne pouvait
se maintenir; il résolut donc de se retirer
de cette situation critique et de nous forcer
à changer notre système politique, en nous
-contraignant de prendre l'offensif.

Pour parvenir à ses desseins, en mêmetemps qu'il faisait chasser Francisque de Jérémie, qu'il gagnait les troupes de Bruny Leblanc, à l'Anse à-Veau, il corrompait les équipages dé notre escadre, et s'occupait des moyens d'exciter de nouveaux troubles et d'allumer la guerre civile dans notre propre sein.

Le baron de Papalier, major général, homme de couleur, natif des Cayes, qui jouissait de la plus grande confiance du Roi, fut un des principaux conspirateurs, que Pétion choisit pour exécuter ses criminels desseins.

Ce Papalier était le même homme qui commandait aux Cayes lors de l'insurrection contre l'empereur Dessalines, qui avait placé en lui toute sa confiance; Papalier avait pu étouffer les progrès de cette insurrection,

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