Page images
PDF
EPUB

Henry dort peu, mange vîte; il est actif, et infatigable, consulte rarement les médecins, connaît son tempéramment et les remèdes qui lui conviennent.

Tel que les grands hommes, artisans de leurs propres fortunes, son caractère a des contrastes, ses habitudes et ses manières lui sont propres; grand admirateur de la vérité, ennémi du mensonge et de la flatterie, ses principes sur l'honneur et la probité sont invariables.

Henry n'a pas reçu l'éducation d'école, mais il possède au plus haut degré celle du monde; il s'est instruit par ses lectures, ses voyages (1) et ses grandes entreprises; sa longue expérience jointe au commerce fréquent des hommes éclairés, une mémoire prođi gieuse, un discernement sain, un jugement solide lui ont acquis des connaissances générales et le rendent un homme vraiment extraordinaire.

La Reine est âgée de quarante-un ans;

(1) Le Roi a servi dans les guerres des Etats-Unis d'Amérique, il a été blessé au siége de Savanah.

taille

[ocr errors]

taille moyenne, yeux expressifs, physionomie heureuse, portant l'empreinte de la douceur et de la bonté; épouse sage et vertueuse bonne mère de famille, douée d'une âme sensible, humaine, charitable et compatissante, digne en un mot du trône et du haut rang qu'elle occupe par ses vertus. Victor Henry, prince royal d'Hayti, est dans sa seizième année; déjà il a presque la taille et la corpulence de son auguste père, et les traits et la physionomie de sa mère; un mélange heureux du caractère du Roi et de la Reine paraît former le sien; son esprit cultivé par les lettres et nourri de la lecture des anciens et des modernes, joint à l'étude des langues et des sciences auxquelles il se livre, promet aux haytiens un prince accompli, sage, juste et bienfaisant.

Mesdames Première et Athénaïre, princesses royales d'Hayti, l'une âgée de vingt-un ans et l'autre de dix-neuf, sont également douées d'esprit, de talens, de grâces et de beauté; elles sont les plus beaux, les plus rares modèles de piété filiale dont Hayti puisse se glorifier.

Sur la fin de 1812, les lois civiles, de commerce, des prises, de la procédure civile, de la police correctionnelle, celles de cultures et militaires, furent achevées; toutes ces lois réunies en un seul corps, fornèrent le Code Henry, ainsi nommé afin de perpétuer Ic souvenir de son immortel fondateur.

Dès que ce Code fut promulgué et publié, les anciennes lois, édits, ordonnances, réglemens, arrêtés etc. qui nous retraçaient le souvenir de nos anciens oppresseurs, furent. immédiatement abrogés, et défenses furent faites de les citer ou d'y avoir recours en justice.

1

Ainsi la fondation de la royauté, nous entraîna à faire de grandes choses; nous fimes des efforts incroyables, pour organiser le gou→ vernement royal, et nous créer des lois sta bles et régulières. Nous avions en nous mêmes des ressources immenses et nous les ignorions; la mîne était abondante, mais elle n'avait jamais été exploitée; animé par le génie d'Henry, poussé par la nécessité la plus dure et la plus impérieuse de toutes les lois, nous osâmes!.....

Soudain nos facultés intellectuelles, et nos idées se développèrent avec une force et une rapidité extraordinaires ; nous vîmes avec jole et avec reconnaissance, que le Créateur qui nous a doué de la force physique, avec laquelle nous avons revendiqué nos droits, nous avait également pourvus de moyens moraux pour nous gouverner en état de société, à l'instar des autres peuples civilisés.,

Toussaint Louverture fut le principal fondateur de la liberté; Jean-Jacques Dessalines de l'indépendance; Henry après avoir puissamment contribué sous ces deux chefs à asseoir leur empire à Hayti, est le premier législateur du peuple haytien, le créateur de ses institutions politiques et guerrières et le réformateur de ses mœurs ; aussi c'est de son règne. glorieux que dateront notre civilisation et nos lumières; tant de titres à la gloire méritent notre reconnaissance et l'admiration de nos derniers neveux !

Tandis que le Royaume se consolidait, la' République tombait de plus en plus en décadence; nous avons vu dans le chapitre pré cédent que Pétion s'était fait réélire. à la

présidence pour quatre autres années, et qu'if ne lui était resté sous son commandement immédiat que la ville de Port-au-Prince et son arrondissement, la province du Sud était sous les ordres immédiats de Rigaud. Nous allons suivre maintenant les événemens de cette partie d'Hayti.

La république était pauvre, grevée de dettes envers les étrangers, ses finances entièrement délabrées; croyant pouvoir se tirer de ses cruels embarras, Pétion eut recours à la triste et déloyale ressource de l'altération des monnaies. Par une loi du 27 Juin 1811, il ordonna que toutes les pièces d'argent, ayant cours, seraient percées au milieu par une emporte-pièce, et que néanmoins les pièces ainsi altérées conti nueraient d'avoir cours pour la même valeur qu'auparavant; du morceau enlevé des pièces, il fit composer un alliage et fabriquer un nombre immense de petites monnaies qui avaient cours au moins dix fois au-dessus de leur valeur intrinsèque; c'était un vol mani~ feste plutôt qu'un impôt levé sur tous les individus.

Dans le Sud, Rigaud ne restait pas oisif?

« PreviousContinue »