La majorité de nos Rois est fixée à l'âge de quinze ans, et pendant la minorité, le Royaume doit être gouverné par un régent choisi parmi les Princes les plus proches parens du Roi. Le gouvernement est en outre composé d'un grand Conseil d'Etat, d'un Conseil Privé, de quatre Ministres, savoir: celui de la Guerre et de la Marine, des Finances et de l'Intérieur, le Secrétaire d'État, Ministre des Affaires Etrangères et celui de la Justice. A son avènement au trône, ou à sa majo· rité, le Roi prête serment sur l'évangile, en présence des Grandes Autorités du Royaume; ce serment royal est ainsi conçu : כג « Je jure de maintenir l'intégrité du terri>>toire et l'indépendance du Royaume; de ne jamais souffrir, sous aucun prétexte quel» conque, le retour de l'Esclavage ni d'aucune » mesure féodale contraire à la liberté et à » l'exercice des droits civils et politiques du peuple d'Hayti; de maintenir l'irrévocabilité » des apanages et ventes des biens du Royaume, » de gouverner dans la seule vue de l'intérêt, du bonheur et de la gloue de la grande כל ور » famille haytienne, dont je suis le Chef ». Cette Constitution ne renfermait qu'un trèspetit nombre d'articles, elle était convenable à notre situation actuelle ; d'ailleurs, une Constitution n'est pas un Code de Lois, elle n'en est que la base et nos Législateurs, en s'oocupant de nos besoins présens, pensaient qu'à mesure que la nation ferait des progrès dans l'ordre social, nos lois devaient s'améliorer et s'amender, changer même ayec mos mœurs, notre civilisation et nos lumières, qu'elles ne pouvaient atteindre tout-à-coup ce degré de perfection, qui ne peut être un fruit prématuré, mais bien le résultat d'une longue expérience et du temps! Le 6 Avril suivant, la Constitution fût proclamée en présence du Conseil d'État et des autorités civiles et militaires, du peuple et des troupes assemblées, elle fût accueillie avec les transports de la plus vive allégresse, et aux cris mille fois répétés de Vive le Roi ! Vive la Reine! Vive le Prince Royal et vive la Famille Royale! L'on vit ensuite paraître successivement les divers actes qui organisaient la nouvelle forme du gouvernement, " L'Édit du Roi qui crée une noblesse hẽréditaire dans le Royaume d'Hayti, avec des titres et apanages, pour récompenser les ser vices rendus à l'Etat, porte: « Nous déclarons » formellement que nous n'entendons exclure qui que ce soit de l'admission dans l'ordre » de la noblesse, chaque fois que d'importans » services nous serons rendus, soit dans la carrière civile ou militaire, par ceux de » nos sujets qui se dévouent à notre personne » et à la défense de notre Royaume; que les » vertus, les talens sont les seules distinctions qui valideront à nos yeux et à ceux de nos » successeurs ». La noblesse créée était composée de quatre Princes, sept Ducs, vingt-deux Comtes, trente-un Barons et quatorze Chevaliers. Là création de la noblesse était de l'essence de la monarchie, l'une ne pouvait exister sans l'autre; point de Monarque point de Noblesse, point de Noblesse point de Monarque ( a dit Montesquieu) et ce légiste célèbre et immor tel, ajoute, que la noblesse est le grand ressort des gouvernemens monarchiques. L'institution L'institution de la royauté et de la noblesse à Hayti, a pu choquer les idées de quelques niveleurs; mais comme l'on trouve cette institution chez tous les peuples les plus libres, les plus civilisés et les plus éclairés de la terre, qu'elle est consacrée par l'expérience de tous les siècles, son excellence reconnue et procla→ mée par les plus célèbres législateurs, nous n'avons pas craint de nous égarer en marchant sur les traces de nos dévanciers et en imitant tout ce que le monde a produit de plus sage et de plus grand. Tout ce qui est ancien a été nouveau ; si l'ancienne noblesse est respectable, la nouvelle l'est aussi, car elle deviendra ancienne à son tour; les critiques et les sarcasmes que les démagogues ont fait pleuvoir sur nos institutions, ne peuvent inspirer d'autres sentimens que le plus profond mépris; si quelques détracteurs de la monarchie ont dit: que la noblesse est une espèce de billon qui tous les jours se démonétise, les apologis tes, de ce gouvernement ont dit, avec bien plus de fondement que la création de la noblesse est une monnaie dont le titre est inaltérable et dont la mine résidant dans l'honneur në U 2 peut être épuisée. Si nous voulions faire pleuvoir à notre tour un déluge de critiques, et de sarcasmes sur nos adversaires les Colombel et les Milcent, ces émules des Grachus Baboeuf, des Marat, etc. nous ne manquerions certainement pas d'argumens, *mais nous les abandonnons à leur systême chimérique et insensé. N'est-ce pas aussi le comble du ridicule et de la folie que de vouloir établir la confusion des rangs, l'égalité absolue ? le riche et le pauvre, le fort et le faible, le brave et le lâche, l'homme éclairé et l'ignorant, peuvent-ils être égaux ? les simples données du bon sens ne proscrivent-ils pas dans une société organisée cette égalité imagi naire ? que veulent donc nos adversaires? qu'entendent-ils par le mot égalité ? sans doute, c'est l'égalité des droits devant la loi, la seule qui puisse exister sur la terre? Eh bien! dans les royaumes d'Angleterre, de France et d'Hayti, les citoyens ne jouissent-ils pas de cette égalité? ne sont-ils pas jugés pardevant les mêmes tribunaux et les mêmes lois? Liberté égalité bien précieux de l'homme pour lequel nous avons tant combattu, tant |