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l'humanité entière, que de rectifier l'opinion, en rétablissant la vérité dans tous ses droits.

D'ailleurs des hommes estimables, sous tous les rapports, quoique divisés, avec nous d'intérêt et d'opinion poli tique, on pu se tromper et entrainer d'autres hommes dans leurs erreurs, ils ont pu faire un tort préjudiciable, sans préméditation ni mauvais desseins; il nous est donc essentiel de détromper les uns et les autres.

Nous regrettons seulement que la briéveté du temps et notre santé affaiblie par la maladie cruelle à laquelle nous sommes en proie, nous aient empêché de perfectionner cet ouvrage, comme nous l'aurions désiré, nous réclamons donc l'indulgence de nos lecteurs,

CHAPITRE

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CHAPITRE PREMIER.

Des Causes Principales qui ont conduit le Peuple Haytien à la Liberté, et de la Liberté à l'Indépendance.

HAYTI manque

d'une histoire générale écrite par un indigène du pays; la plupart des historiens qui en ont donné quelques fragmens étaient dés européens; ils ne se sont occupés principalement que de la partie historique, qui les concernent, et quand ils ont été entraîné, par le sujet, à parler des indigènes, ils l'ont fait avec cet esprit de préjugé et de partialité, qu'ils ne peuvent abandonner du moment où il s'agit de la compétition des noirs avec les blancs.

que ces

D'ailleurs, il faut considérer historiens n'ont en, pour se guider, que des matériaux fabriqués par des blancs. Les événe

A.

mens et les faits y ont été tronqués d'une étrange nianière; la vérité exposée dans un faux jour; la balance a toujours penché tout d'un côté et rien de l'autre, et en outre comme il faut avoir une connaissance parfaite des hommes et des choses du pays dont on écrit l'histoire, il n'est donc pas étonnant si des écrivains, d'ailleurs d'un grand talent, aient errés dans ce qu'ils ont écrit sur Hayti, et donnés des fragmens d'histoire trèsdéfectueux.

Ce manque d'une histoire générale, exacte et véritable, occasionne de grandes difficultés à l'écrivain politique, l'entrave et l'arrête à chaque instant, dans sa marche; et pour pouvoir bien réfuter ses adversaires et se rendre clair et intelligible, à ses lecteurs, il est obligé de remonter à la source des événemens et des faits pour faire sortir la vérité enveloppée par ses adversaires dans les ténèbres du mensonge.

D'après cette déduction, nous avons été entraînés à faire un exposé succinct des principaux événemens de la révolution d'Hayti et des causes qui l'ont fait naître. Nous les

avons placés comme des jalons pour nous guider avec nos lecteurs dans ce labyrinthe, sans cependant nous écarter des bornes étroites que nous nous sommes prescrites, pour ne pas tomber dans la prolixité et perdre de vue l'objet essentiel pour lequel nous écrivons. Sans plus long préambule, nous entrons

en matière.

Avant la révolution de 1789, la population d'Hayti se divisait en trois castes distinctes qui se subdivisaient entre elles suivant les préjugés établis par le Système Colonial;

Savoir :

40,000 blancs qui se divisaient en grands→ planteurs et petits-blancs.

30,000 de couleur et noirs soi-disant libres qui se divisaient en autant de classes

qu'il y avait de gradations de couleurs, plus ou moins rapprochées du blanc (1).

(1) Voyez les Instructions secrètes du Ministre Malouet, les ouvrages de Moreau de Saint-Méry et des ex-colons,

500,000 noirs esclaves natifs et africains avaient aussi leur part des préjugés coloniaux; les créoles se divisaient avec les africains, et dans ces deux classes, les domestiques, cochers, con mandeurs, tout ce qui était attaché aux blancs, et qu'on appelait alors bons sujets se divisaient des malheureux esclaves attachés à la houe.

Un esprit d'égoïsme, d'orgueil et de vanité régnait dans toutes les classes; les grandsplanteurs méprisaient les petits-blancs; les petits-blancs méprisaient les hommes de couleur et noirs affranchis, et ceux-ci a leur tour les malheureux esclaves.

Telles sont les bases du système colonial; elles reposent sur l'esclavage et les préjugés de couleur dans la vue de conserver à la blanche la prééminence dont les ex-colons sont si jaloux.

Nous ne parlerons pas du commerce prohi¬ bitif; cette branche du système ne concernait que les ex-colons avec la métropole; alors nous ne nous occupions pas du commerce, nous n'en étions que les instrumens. Une population aussi considérable, composée d'élé

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