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faut rien conclure pour le public français des prologues de Larrivey: car ces prologues même sont traduits. P. 219 et n. 3. Au delà de du Bellay, il faut remonter à l'ode d'Horace qui fournit ce thème aux poètes de la Renaissance. Iam Cytherea choros ducit Venus imminente luna.

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P. 339. A propos des magiciens, il serait utile de dire un mot de l'état des esprits et du plus ou moins de prise qu'avait cette invention banale. P. 341. Ajoutez que ce thème touchant de l'amour d'un frère et d'une sœur, dès qu'on fera de l'amour tendre et de l'intérêt de sensibilité le principal de la tragédie, reparaîtra souvent après Racine, depuis le Tiridate de Campistron, jusqu'à l'Abufar de Ducis. — P. 347, n. 2. Hypothèse inutile: pourquoi ne pas considérer la Folie de Silene et la Folie de Turlupin comme deux pièces tout à fait distinctes, tant qu'on n'a aucun indice du contraire. Depuis la diffusion du Roland, la folie d'un héros fournit un type courant de pièce de théâtre. -P. 350. Si le matamore, le goinfre et le pédant ont disparu de la pastorale, c'est que la comédie naissante les avait revendiqués comme siens. P. 358 et 365. On renforcerait cette idée du rapport des comédies de Rotrou à la pastorale en rappelant que le Filandre est la réduction en comédie d'une pastorale de Chiabrera, la Gelopea. P. 415. La morale de théâtre que M. Marsan rappelle ici à propos de la Cour bergère, est celle de la tragédie c'est un emprunt que lui fait la pastorale. - P. 432. A la dernière page, on eût aimé une revue un peu plus complète des débris de pastorale qui traînent chez Molière; il eût été curieux de dire ce qu'il mèle d'imagination originale et d'observation aux motifs traditionnels dont il se moque en les utilisant. Toutes ces réflexions sont bien peu chose. Leur médiocre importance est une confirmation de la valeur de l'ouvrage de M. Marsan.

GUSTAVE LANSON.

JEAN DE MAIRET, la Sylvie, édition critique par JULES MARSAN, maître de conférences à la Faculté des Lettres de Toulouse. Paris, Société nouvelle d'imprimerie et de librairie, 1905, in-12, LXII-244 p.

Cet excellent travail inaugure la collection d'éditions commentées que se propose de publier la Société des textes français modernes. Il a été présenté d'abord à l'Université de Paris comme seconde thèse; c'est un fort bon spécimen du genre de publications utiles qu'on s'est proposé d'obtenir par la suppression de l'inutile thèse latine. Si l'on excepte la comédie qui se trouve dans un recueil de Fournier, nous avions laissé aux Allemands le soin de réimprimer quelques textes de Mairet: Volmöller nous avait donné la Sophonisbe, et Otto la Silvanire. M. Marsan a choisi la Sylvie qui n'est guère moins considérable dans l'histoire des origines de notre théâtre classique, et qui a peut-être un charme spécial de poésie. Il a établi une bibliographie qui rectifie et complète sur plusieurs points celle de Volmöller. Il a réimprimé, avec de très prudentes explications, cette rarissime et énigmatique plaquette de 1627, édition séparée d'une des scènes de la pièce qui avaient le mieux réussi, la Comédie ou dialogue de Philène et Sylvie, qui de la Bibliothèque de M. de Soleinne est venue à celle de la Sorbonne. Il a collationné toutes les éditions, en prenant pour base la troisième édition de Targa de 1630, il a réuni toutes les variantes des autres impressions du XVIe siècle. Enfin il a établi un commentaire curieux qui nous indique les « sources >> du dialogue et de l'action. Il nous avertit qu'il faut prendre le mot source » dans un sens un peu élastique; un très grand nombre des situations, sentiments et expressions de la Sylvie sont du domaine commun de la pastorale et de la poésie lyrique, si bien qu'on ne sait pas toujours quel est le texte précis où Mairet a pris le lieu commun qu'il exploite. Ainsi pour les vers 739-743, M. Marsan cite Montchrestien dans sa Bergerie :

M. Brunot veut, par delà Montchrestien, remonter à Desportes. Mais la source première est dans les premiers vers du Cyclope de Théocrite, qui ont été retournés de toutes les façons dans la poésie française de la Renaissance, et probablement aussi dans la poésie italienne.

GUSTAVE LANSON.

ALEXIS FRANÇOIS. La grammaire du purisme et l'Académie française au XVIIIe siècle. Introduction à l'étude des commentaires grammaticaux d'auteurs classiques. Thèse présentée pour le doctorat d'Université à la Faculté des Lettres de Paris. Paris, Société nouvelle de librairie et d'édition, 1905, in-8 de xv-279 pages.

Voici que le XVIIe siècle, histoire littéraire et histoire de la langue, commence à être moins délaissé. Certes on n'a pas fini, on ne finira peut-être jamais d'étudier le « grand siècle »; le Corpus des grammaires qui devra embrasser le travail grammatical fait au seizième avec celui du dix-septième nous manque encore, mais nous pouvons déjà disposer d'un certain nombre d'observations et de remarques recueillies, faciles à consulter; en fait de lexiques, nous n'avons pour certains auteurs de première importance que des exemples cités par Littré, ou par Livet dans son Lexique de Molière, mais nous sommes mieux munis pour d'autres, sans compter les grands dictionnaires de la fin du siècle. La situation était bien pire - jusqu'à ces derniers temps pour qui voulait étudier la période suivante; elle tend maintenant à s'amé. liorer. On connait le livre de M. F. Gohin sur Les transformations de la langue française pendant la deuxième moitié du XVIIIe siècle, travail d'ensemble bien utile déjà, mais qui fait désirer aussi des compléments. Nous n'avions auparavant sur la première moitié du siècle que la monographie de M. Léon Vernier Voltaire grammairien (1888), et les considérations qu'on y lit sur la grammaire au XVIe siècle demandent à être soigneusement revues. Il y a deux mouvements à suivre la grammaire philosophique ou générale, dont M. L. Fouquet nous donnera l'histoire dans la thèse qu'il prépare, et la destinée de l'œuvre du purisme, que M. Alexis François s'est chargé d'étudier. Le premier volume qu'il nous donne aujourd'hui nous fait vivement souhaiter que la suite vienne vite. Quand paraîtra le troisième volume de l'Histoire de la langue française 1, M. Ferdinand Brunot pourra porter témoignagne par ces livres qui sont venus au jour entre la première esquisse et la reprise ou la refonte de son ouvrage et de la fécondité de son enseignement et de l'excel

lence de sa méthode.

:

Le livre de M. François, comme celui de M. F. Gohin, a moins l'ambition de nous apporter de la besogne toute faite, que le souci de nous donner des indications et des secours pour les travaux à faire; et de fait, la bibliographie placée en tête du volume, les notes et références au bas des pages sont déjà par elles-mêmes, une moisson précieuse; le malaise de se sentir ignorant devient moins sensible, le désir de chercher et l'espoir de trouver des vérités plus complètes reviennent, quand on se trouve devant un index si clair de sources d'information assez riches.

Nous nous reportons à l'année 1700; il s'agit de savoir ce que l'Académie ajoutera à l'œuvre maintenant suffisamment complète des lexicographes, à son propre dictionnaire. Le patronage royal, la réputation des académiciens, l'importance des lettres dans la société ont accru son autorité; qu'elle s'attache donc à régler l'usage de la langue dans l'avenir, puisqu'il faut de la fixité, comme 1. Le premier volume qui étudie le développement de la langue jusqu'à la fin du quinzième siècle a paru au commencement de 1905, Paris, A. Colin, grand in-8.

elle a réussi, au témoignage de la reine, à rendre, par ses ouvrages, « la langue française celle de toutes les cours de l'Europe ». On l'accusera de stérilité, et il est vrai que trop peu d'académiciens consacrent trop peu de séances aux travaux qu'on attend d'eux, que la compagnie craint de donner une nouvelle œuvre inférieure en mérite, en succès, au Dictionnaire, qu'elle se sent plus assurée, plus à l'aise, à donner en toutes circonstances son avis éclairé sur des points particuliers, comme c'est sa coutume, qu'à tenter du nouveau, qu'à entreprendre un travail définitif de longue haleine. On l'accusera aussi d'avoir aussi peu de fermeté dans les principes que de décision hardie dans les jugements, prudente à l'excès et soucieuse de ne pas perdre l'équilibre entre les influences opposées des esprits divers qui la composent. Cependant son action « continue et quasi souterraine » est réelle et digne d'étude. L'histoire des occupations de fait et des occupations projetées de l'Académie pendant les années 1700 à 1720 ne saurait être complète, puisque nous ne pouvons rien savoir des années 1705 à 1712. M. François l'a faite là où elle était possible - détaillée et intéressante. Avant 1703, l'Académie examine quelques écrivains du siècle précédent et rajeunit les Remarques de Vaugelas, tandis que Régnier Desmarais prépare à lui seul une Grammaire. Après 1712, les projets et discussions se succèdent, de l'abbé Saint-Pierre à Trousset de Valincourt, à l'abbé Genest, à Fénelon, à l'abbé de Dangeau, proposant la composition tantôt d'un traité de grammaire, tantôt de remarques et observations sur les auteurs. On est étonné de voir dressé si tôt, car en plusieurs parties il n'a pas encore vieilli, un programme de travaux comme celui qu'avait imaginé l'abbé de Saint-Pierre; il voulait que les textes fussent critiqués grammaticalement, qu'on analysât le mécanisme complet d'un ouvrage littéraire », qu'on enregistrât méthodiquement les mots et les locutions nouvelles ou vieillies, qu'on introduisit dans le Dictionnaire les termes d'art et de science, qu'on entreprit un dictionnaire étymologique, qu'on continuàt l'histoire de la compagnie, qu'on y lût entin quelquefois des mémoires sur des points particuliers de grammaire, de rhétorique ou de poétique. Bien peu de ces rêves furent réalisés; entre 1718 et 1719, un projet de grammaire est mis aux voix, accepté, et devant les difficultés de l'exécution, abandonné. On se met à examiner le Quinte-Curce de Vaugelas (jusqu'en 1720), et l'Athalie de Racine; cela seul devait aboutir, et le projet de grammaire de Vallange ne devait pas avoir plus de suite que ceux de ses prédécesseurs.

Après l'achèvement du Dictionnaire de 1740, nouveaux projets, avec commencement d'exécution cette fois; les tâches sont distribuées aux abbés de Rothelin, Gédoyn, d'Olivet; celui-ci, chargé du nom, de l'article et du pronom, s'acquitte seul de sa tàche; mais l'attention est éveillée, les esprits en mouvement, on travaille, on discute des principes généraux ; la grammaire française se modèlera-t-elle toujours sur les cadres de la latine et de la grecque? D'Olivet, l'abbé Girard, Dumarsais, les grammairiens philosophes, Duclos, Fromant, Beauzée, d'Alembert, de Wailly, rient de Regnier Desmarais, de l'abbé Valard, d'Antonini et autres qui restent attachés au système des déclinaisons On sent le besoin de faire de nouvelles définitions aux termes de grammaire, estimés trop obscurs; les de la Vallange et les Girard inventent alors des distinctions multipliées qui n'éclairent plus et qui embrouillent; M. François apporte là-dessus des exemples curieux (p. 73-74), notamment sur les classifications du verbe (75-76).

Pour les principes particuliers, on sait où aller les chercher : depuis un siècle tant de gens éclairés se sont occupés de question de langue! La liste est copieuse des grammairiens successeurs de Vaugelas, dont d'Olivet, La Chalotais, La Touche, de Wailly, Demandre rêvent qu'un recueil soit fait. Féraud l'a dressée dans son Dictionnaire critique (1787), et M. François a bien fait de la reproduire (p. 81); elle nous rend plus sensible l'absence de ce Corpus, que out le monde des philologues et des historiens de la littérature voudrait voir

composé, et qui ne se fait pas. Nous sommes en dehors de l'Académie : c'est en dehors de l'Académie que les grammairiens se passent au crible les uns les autres, et que les critiques des périodiques littéraires examinent les nouveautés grammaticales, selon des procédés de discussion dont un spécimen est donné (86-87).

L'Académie n'a pas achevé son projet de grammaire; mais les tentatives ont servi à séparer les principes généraux dont s'occuperont les abbés d'Olivet et Girard dans leurs Essais de Grammaire, leurs Vrais principes, et plus tard les Beauzée, les Dumarsais, les Condillac d'avec les principes particuliers, dont on peut étudier le sort dans les commentaires généraux.

Voilà l'œuvre utile et réalisable. On lit les bons auteurs; quelques-uns seulement veulent les épurer, comme J.-B. Rousseau et Marmontel firent pour Tristan et Rotrou; la plupart, à la suite de l'abbé d'Olivet, jusque sous la Révolution, se livrent au travail d'annotation. Suit l'histoire des commentateurs de Racine d'Olivet, Desfontaines, de la Porte, Saint-Marc, Formey, d'Açarq, de ceux de Corneille, de ceux de Voltaire. Grâce à d'Olivet, grâce à Duclos, l'Académie piquée de zèle a commenté cinq auteurs: Boileau, Molière, La Fontaine, Quinault et la Bruyère; et si les trois derniers commentaires sont perdus, les autres suffisent à tenir une grande place dans l'enseignement de la langue; ils sont bien l'œuvre essentielle du purisme d'alors.

De ces œuvres dont les restes seront publiés ultérieurement, il faut dégager l'esprit. La théorie de l'usage telle que l'avait formulée Vaugelas ne se maintient pas intacte; la cour a perdu, la ville a gagné; surtout, la langue écrite n'est plus sous la dépendance de la langue parlée; elle se sépare de celle-ci, elle s'élève en dignité, elle représente à elle seule, non seulement toute la littérature, mais toute la langue : c'est elle qu'il faut conserver telle qu'elle est chez « les bons auteurs du temps où la langue est arrivée à sa perfection», telle qu'elle est du moins quand on en a écarté les archaïsmes, les négligences ou maladresses et les irrégularités hardies. Mais par quel critère les écarter? Par celui que nous donne la tradition grammaticale, par l'analyse, par la logique qui use souvent de l'analogie. La tendance est donc conservatrice d'abord, rationaliste au bout. D'Olivet arrive à dire : « La raison en matière de langue ne cesse d'être écoutée que dans les cas où l'usage est absolument contre elle ».

Entre les auteurs commentés, ce sont les poètes qui ont la préférence, parce que la contrainte du vers incite à une correction plus grande; entre les différents genres, c'est le genre dramatique qui l'emporte; entre tous les classisiques, Boileau, versificateur accompli, Racine et Quinault se recommandent sur les autres. Entre les commentaires, sans s'arrêter à la Monnoye, à Lenglet du Fresnoy, à Le Duchat, qui s'attachent au xvIe siècle, il faut ne prendre que les puristes, ceux de Voltaire, ceux de Valincourt, de d'Alembert, et ceux de l'Académie, qui par la politesse de la critique, le sérieux du ton, la conscience dans l'examen, ont acquis une si grande autorité.

Telle fut l'œuvre du purisme conservateur conçue trop étroitement pour ne pas amener un mouvement d'émancipation, organisée trop lentement et poursuivie avec trop peu d'entente et d'homogénéité pour atteindre au but qu'elle s'était proposé. Et tel est le livre de M. François, nourri de substance, d'une lecture facile, clair dans l'ordonnance générale, soucieux pour la commomodité de l'analyse de donner «< aux diverses étapes une succession logique qui n'est pas tout à fait conforme à la réalité » (p. 166), mais qui laisse à l'esprit à cause ou en dépit de cela une satisfaction incomplète; je ne parle que de l'ordonnance à l'intérieur des chapitres ou des subdivisions de chapitre. L'inconvénient est mince, puisqu'on peut encore se retrouver dans la table des matières; on regrette davantage l'absence d'index des noms d'auteurs, commentateurs et commentés; l'auteur laisse ainsi à chacun des lecteurs à qui

ces études importent, le soin de constituer un jeu de fiches de renvoi, lequel, fait une fois par l'auteur, eût servi à tout le monde.

En appendice, trois textes rangés sous le titre de Correspondance grammaticale de l'Académie française, des listes d'ouvrages dédiés ou présentés à l'Académie; enfin, et plus précieuses encore, des notes bibliographiques (pp. 249-267), sur les commentaires grammaticaux (suivis de spécimens de quelques commentaires) où se révèlent l'étendue et la conscience d'information de M. François, tant sur les manuscrits que sur les ouvrages de librairie, depuis le commencement du xvine siècle jusqu'au commencement du xix®. Le livre est bon; ces renseignements-là ne deviennent pas surannés.

HENRI CHATELAIN.

PHILIPPE GODET. Madame de Charrière et ses amis, d'après de nombreux documents inédits (1740-1805), avec portraits, vues, autographes, etc. 2 vol. in-8, x-519 p. et 448 p., Genève, A. Jullien, 1906 1.

Les 26 chapitres entre lesquels se distribuent les 1000 pages de ces deux volumes remplissent copieusement le vœu de Saint Beuve. Mme de Charrière a son monument, celui qu'elle méritait, celui qu'elle eût le mieux aimé. Car il est fait surtout des matériaux qu'elle a fournis, de ses innombrables et toujours spirituelles lettres, que M. Godet a rassemblées avec une heureuse patience, complétant et rectifiant Gaullieur son devancier, et par surcroît Sainte-Beuve, qui s'était documenté auprès de Gaullieur. Un grand nombre de morceaux écrits ou lettres de, à et sur Mme de Charrière sont inédits. On voit défiler dans ces pages une foule de personnages, hollandais, allemands, anglais, écossais, neufchâtelois, vaudois, genevois, français sur chacun, M. Godet a fait une enquête soigneuse, pour identifier la personne ou mettre sous le nom un raccourci de biographie. Benjamin Constant et Mme de Staël sont, comme on pouvait s'y attendre, les grands seconds rôles de la troupe les chapitres de leurs relations avec Mme de Charrière sont les plus considérables et les plus piquants du livre. Que Benjamin Constant ait été ou non l'amant de Mme de Charrière, il n'importe Mme de Charrière, avec ou sans cet accessoire, a bien été pour lui, et il a bien été pour elle ce que M. Godet nous dit dans sa très pénétrante et solide analyse, qui s'appuie à chaque pas sur les documents. Leurs esprits surtout se sont liés, se sont aimės, pour la joie de l'excitation que chacun d'eux recevait de l'autre.

L'ouvrage dépasse les limites d'une simple biographie. Par le nombre de personnes dont Mme de Charrière reçoit la visite ou s'entretient, par le nombre des livres et des auteurs dont elle cause dans ses lettres, par la manière dont, de sa province d'Utrecht d'abord, puis de sa retraite de Colombier, elle regarde la vie de son siècle et s'y mêle en esprit, le livre de M. Godet est une contribution importante à l'histoire du xvin siècle, et à celle de la culture française hors de France. Mme de Charrière, hollandaise mariée à un Suisse, est toute française d'esprit, quoiqu'elle nous juge sans aménité. Ses impressions et opinions littéraires sont très intéressantes à enregistrer, le plus souvent fines et pénétrantes, mais dans des limites très précises que marquent, d'une part, un vieux fond calviniste de conscience, dout sa liberté d'esprit ne s'est jamais débarrassée, et, d'autre part, une rigueur de goût classique que le romantisme en formation effarouche. Le calvinisme héréditaire de son àme incroyante, et le xvIe siècle français dont elle a reçu sa forme intellectuelle,

1. Vu l'importance de cet ouvrage, nous avons cru devoir publier les deux comptes rendus que nous en avons reçus.

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