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GUSTAVE-WASA,

TRAGÉDIE

DE PIRON,

Représentée pour la premiere fois le 6 février 1733.

NOTICE

SUR PIRON.

ALEXIS PIRON naquit à Dijon le 9 juillet 1689. Son pere avoit beaucoup de goût pour la poésie, et dans ses momens de loisir s'amusoit à faire des noëls en patois bourguignon. La naïveté de cet idiôme convenoit très bien à ce genre de poésie; et bientôt la réputation du pere de Piron s'étendit dans toute la Bourgogne: tous les ans, à l'avent, les nombreux amateurs des noëls attendoient avec impatience les productions du poëte dijonnois; quand leur attente étoit trompée il y avoit beaucoup de murmures, et l'on revenoit tristement aux noëls de l'année précédente. Le pere de Piron étoit très lié avec le célebre Lamonnoye, de l'académie françoise; il lui inspira le goût de la poésie bourguignonne: c'est à leur liaison l'on doit ces fameux noëls, bien supéque

rieurs aux poésies languedociennes de Goudouly, et que les connoisseurs placent au rang des pro

ductions poétiques les plus agréables par leur naïveté et par leur tournure originale. Alexis Piron puisa donc dans la maison paternelle le goût qu'il témoigna dès son enfance pour la poésie. Presque tous ceux qui ont parlé de ce poëte se sont amusés à recueillir les bons mots qui lui sont échappés, ou qu'on lui a faussement attribués: comme si la vivacité des reparties eût été le seul talent de Piron, ils ne l'ont considéré que sous ce rapport; et, tout en donnant une opinion incomplete de cet homme célebre, ils n'ont publié que des anecdotes qui ont perdu presque tout leur sel lorsqu'elles n'ont plus été accompagnées des circonstances qui les avoient fait naître. Nous suivrons une marche absolument opposée: en faisant connoître sommairement les principaux évènemens de la vie de Piron, nous nous étendrons sur ses ouvrages qui, beaucoup plus que ses bons mots, lui ont assigné une place distinguée dans la littérature.

Après avoir fait ses études avec succès il s'arrêta quelque tems sur le choix d'un état. Ses parens auroient desiré qu'il entrât dans la carriere

de l'église; mais lorsqu'il leur eut déclaré qu'il n'avoit aucune vocation pour un état aussi sérieux, ils eurent la prudence de ne pas insister. La médecine n'eut pas un plus grand attrait pour Piron; il frémissoit à la seule idée des accidens auxquels peuvent donner lieu l'ignorance ou l'inattention d'un médecin. Restoit le barreau, pour lequel il se décida. Il se livra à la jurisprudence avec plus de zele que de goût; et au bout de quelques années il auroit pu se suffire à luimême par ses travaux, si la ruine entiere de ses parens ne l'eût mis dans l'impossibilité de continuer ses études. Dans cette extrémité il ne trouva d'autre ressource que d'aller chercher fortune à Paris. Recommandé au chevalier de Belle-Isle, il fut d'abord employé par lui à copier des mémoires manuscrits: les graces de son esprit ne contribuerent nullement à lui faire obtenir ce misé rable emploi; la beauté de son écriture décida seule le chevalier, qui n'avoit pas même voulu voir Piron. Pour comble de malheur Piron se trouva au bout d'un an dans la même situation que Gilblas avec le duc de Lerme. Il ne se servit

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