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CHAPITRE X X.

Des traitans.

Thurave des traitans parvient en'OUT eft perdu, lorfque la profeffion core par ses richeffes à être une profef fion honorée. Cela peut être bon dans les états defpotiques, où fouvent leur emploi eft une partie des fonctions des gouverneurs eux-mêmes. Cela n'eft pas hon dans la république ; & une chofe pareille détruifit la république Romaine. Cela n'eft pas meilleur dans la monarchie; rien n'eft plus contraire à l'efprit de ce gouvernement. Un dégoût faifit. tous les autres états; l'honneur y perd toute fa confidération, les moyens lents & naturels de fe diftinguer ne touchent plus, & le gouvernement eft frappé dans fon principe..

On vit bien dans les temps paffés des fortunes fcandaleufes ; c'étoit une des calamités des guerres de cinquante ans : mais pour lors, ces richeffes furent regardées comme ridicules; & nous les admirons.

Il y a un lot pour chaque profeffion

Le lot de ceux qui levent les tributs eft les richeffes; & les récompenfes de ces richeffes, font les richeffes mêmes. La gloire & l'honneur font pour cette nobleffe qui ne connoît, qui ne voit, qui ne fent de vrai bien que l'honneur & la gloire. Lerefpe&t & la confidération font pour ces miniftres & ces magiftrats qui ne trouvant que le travail après le travail, veillent nuit & jour pour le bonheur de l'empire.

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Des Lois, dans le rapport qu'elles ont avec la nature du climat.

CHAPITRE PREMIER.>

Idée générale!

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'IL eft vrai que le caractere de l'efprit & les paffions,du coeur foient extrê mement différentes dans les divers climats, les lois doivent être relatives & à la différence de ces paffions & à la différence de ces caracteres,

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Combien les hommes font différens dans les divers climats.

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L'des fibres extérieures de notre 'AIR froid (a) refferre les extrémités corps; cela augmente leur reffort, &

-(a) Cela paroît même à la vue: dans le froid om paroît plus maigre.

favorife le retour du fang des extrémités vers le cœur. Il diminue la longueur (a) de ces mêmes fibres; il augmente donc encore par-là leur force. L'air chaud au contraire relâche les extrémités des fibres, & les alonge; il diminue donc leur force & leur reffort.

On a donc plus de vigueur dans les climats froids. L'action du coeur & la réaction des extrémités des fibres s'y font mieux, les liqueurs font mieux en équilibre, le fang eft plus déterminé vers le cœur, & réciproquement le cœur a plus de puiffance. Cette force plus grande doit produire bien des effets: par exemple, plus de confiance en foimême, c'eft-à-dire plus de courage; plus de connoiffance de fa fupériorité, c'est-à-dire, moins de défir de la vengeance; plus d'opinion de fa fureté c'est-à-dire, plus de franchife, moins de foupçons, de politique & de rufes. Enfin, cela doit faire des caracteres bien différens. Mettez un homme dans un lieu chaud & enfermé ; il fouffrira, par les raifons que je viens de dire, une défaillance de cœur très-grande. Si dans cette circonftance on va lui propofer une (a) On fait qu'il raccourcit le fer.

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action hardie, je crois qu'on l'y trouvera très-peu difpofé; fa foibleffe préfente mettra un découragement dans fon ame; il craindra tout, parce qu'il fentira qu'il ne peut rien. Les peuples des pays chauds font timides, comme les vieillards le font; ceux des pays froids font courageux, comme le font les jeunes gens. Si nous faifons attention aux dernieres (a) guerres, qui font celles que nous avons le plus fous nos yeux, & dans lesquelles nous pouvons mieux voir de certains effets légers imperceptibles de loin, nous fentirons bien que les peuples du nord tranfportés dans les pays du midi (b), n'y ont pas fait d'auffi belles actions que leurs compatriotes, qui, combattant dans leur propre climat, y jouiffoient de tout leur courage.

La force des fibres des peuples du nord, fait que les fucs les plus groffiers font tirés des alimens. Il en résulte deux chofes : l'une que les parties du chyle, ou de la lymphe, font plus propres, par leur grande furface, à être appliquées fur les fibres & à les nourrir: l'autre, qu'elles

1) Celles pour la fucceffion d'Efpagne. (b) En Espagne, par exemple.

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