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Vincor ab Ænea ! Quod si mea numina non sunt

Magna satis, dubitem haud equidem implorare quod usquam

Flectere si nequeo Superos, Acheronta movebo.

Non dabitur regnis, esto, prohibere Latinis,
Atque immota manet fatis Lavinia conjux :
At trahere atque moras tantis licet addere rebus;
At licet amborum populos exscindere regum.
Hac gener atque socer coeant mercede suorum:
Sanguine Trojano et Rutulo dotabere, virgo,
Et Bellona manet te pronuba. Nec face tantum
Cisseis prægnans ignes enixa1jugales;
Quin idem Veneri partus suus et Paris alter
Funestæque iterum recidiva in Pergama tædæ.
Virg., En., VII, v. 292-322.

[est.]

CCXXVII

Alecto fait que la mort d'un cerf tué par Ascagne allume la guerre entre Troyens et Latins.

Cervus erat forma præstanti et cornibus ingens,
Tyrrhidæ pueri quem matris ab ubere raptum
Nutribant, Tyrrhusque pater, cui regia parent
Armenta et late custodia credita campi.
Assuetum imperiis soror omni Silvia cura
Mollibus intexens ornabat cornua sertis,
Pectebatque ferum puroque in fonte lavabat.
Ille, manum patiens mensæque assuetus herili,
Errabat silvis, rursusque ad limina nota
Ipse domum sera quamvis se nocte ferebat.
Hunc procul errantem rabidæ venantis Iuli
Commovere canes, fluvio cum forte secundo
Deflueret ripaque æstus viridante levaret.

(1) D'après la tradition, Ilécube, enceinte de Paris, avait rêvé qu'elle portait une torche en son sein, signe de l'incendie dont ce fils devait plus tard embraser l'Asie.

vention divine. Si je ne puis fléchir les dieux du ciel, je remuerai l'Achéron. Il ne me sera pas donné de fermer à Énée le royaume de Latinus, et l'immuable arrêt des destins est que Lavinie devienne son épouse; soit! mais il m'est permis de trainer en longueur de si grands projets et d'en retarder l'accomplissement; il m'est permis de détruire les peuples des deux rois. Qu'à ce prix s'allient le gendre et le beau-père ! C'est le sang des Troyens et des Rutules qui sera ta dot, ô vierge, et c'est Bellone qui présidera à ton hymen. La fille de Cissée n'aura pas seule, sur le point d'enfanter, senti dans son sein une torche incendiaire; de même Vénus aura enfanté un autre Pâris, lui aussi brandon funeste à Pergame renaissante.

CCXXVII

(Tom. 1, p. 468.)

Il y avait un cerf d'une beauté remarquable et d'une haute ramure, ravi à la mamelle de sa mère et que nourrissaient les fils de Tyrrhée ainsi que Tyrrhée lui-même, intendant des troupeaux et gardien des vastes domaines du roi. Silvie, leur sœur, l'avait habitué à obéir à sa voix et le soignait avec amour: elle l'ornait de légères guirlandes qu'elle enlaçait à son bois, peignait son poil sauvage et le lavait dans une onde pure. Lui, docile aux caresses et accoutumé à la table de son maître, tout en errant souvent dans les forêts, n'oubliait point le seuil connu et revenait de lui-même, si tard que ce fût, à la maison. Ce jour-là, il s'était éloigné : les chiens d'Iule qui chassait le relancèrent avec furie alors que, pour se soustraire à la chaleur, il se plaisait à se laisser aller au courant du fleuve et à se reposer sur la rive verdoyante. Iule lui-même, brûlant de prouver son habileté, arma son arc, et ce ne fut pas sans l'intervention d'une divinité que sa main décocha

Ipse etiam, eximiæ laudis succensus amore,
Ascanius curvo direxit spicula cornu;

Nec dextræ erranti deus abfuit, actaque multo
Perque uterum sonitu perque ilia venit arundo.
Saucius at quadrupes nota intra tecta refugit,
Successitque gemens stabulis, questuque, cruentus
Atque imploranti similis, tectum omne replebat.
Silvia prima soror, palmis percussa lacertos,
Auxilium vocat et duros conclamat agrestes.
Olli (pestis enim tacitis latet aspera silvis)
Improvisi adsunt, hic torre armatus obusto,
Stipitis hic gravidi nodis: quod cuique repertum
Rimanti, telum ira facit. Vocat agmina Tyrrhus,
Quadrifidam quercum cuneis ut forte coactis
Scindebat, rapta spirans immane securi.

At sæva e speculis tempus dea nacta nocendi
Ardua tecta petit stabuli, et de culmine summo
Pastorale canit signum, cornuque recurvo
Tartaream intendit' vocem, qua protinus omne
Contremuit nemus, et silvæ insonuere profundæ ;
Audiit et Triviæ longe lacus, audiit amnis
Sulfurea Nar3 albus aqua fontesque Velini ;
Et trepidæ matres pressere ad pectora natos.
Tum vero ad vocem celeres, qua buccina signum
Dira dedit, raptis concurrunt undique telis1
Indomiti agricolæ; nec non et Troia pubes
Ascanio auxilium castris effundit apertis.

Virg., En., VII v. 483-529.

(1) Var.: incendit.

(2) Aujourd'hui lac de Nemi.

(3) Affluent du Tibre.

(4) Ennius avait dit (Ann., 155): « Ansatis concurrunt undique telis. »

le trait qui, dans son vol, alla en sifflant traverser le flanc et les entrailles du cerf. L'animal blessé chercha un refuge sous le toit accoutumé et rentra en gémissant dans l'étable: couvert de sang, et comme s'il eût imploré du secours, il remplissait de ses plaintes la demeure tout entière. Silvie la première accourt: de ses mains elle se meurtrit les bras, appelle du secours et se fait entendre au loin des robustes habitants de la campagne. A l'instant même (car, en secret, l'horrible Furie se tenait cachée dans la profondeur du bois), ceux-ci surviennent, les uns armés de tisons noircis par le feu, les autres de lourds bâtons noueux n'importe ce qui leur tombe sous la main, la colère leur en fait une arme. Ils s'attroupent sous la conduite de Tyrrhée qui, en ce moment, au moyen de coins enfoncés dans les quartiers d'un chêne, le fendait avec effort, et qui, saisissant sa cognée, se met à leur tête, respirant la rage.

Cependant la cruelle déesse, qui, de son poste d'observation, épiait l'occasion de nuire, gagne le toit élevé de l'étable et, du faîte, donne le signal connu des pasteurs : dans une trompe recourbée elle enfle sa voix infernale dont les sons aussitôt ébranlent tout le bois et retentissent dans les profondeurs des forêts. Le lac lointain d'Aricie l'entendit; et aussi l'entendirent les eaux blanches du fleuve sulfureux du Nar et les sources du Vélinus; et les mères tremblantes contre leur sein pressèrent leurs enfants. A cette voix, saisissant leurs armes en toute hâte, les farouches laboureurs accourent de toutes parts là où le signal de guerre les appelle; et, d'autre part, lajeunesse Troyenne se précipite hors du camp au secours d'Ascagne.

CCXXVIII

Fin de la féle célébrée par Évandre en l'honneur d'Hercule, vainqueur du brigand Cacus. Chant des Saliens.

Devexo interea propior fit Vesper Olympo.
Jamque sacerdotes primusque Potitius ibant,
Pellibus in morem cincti, flammasque ferebant.
Instaurant epulas, et mensæ grata secundæ
Dona ferunt, cumulantque oneratis lancibus aras.
Tum Salii1 ad cantus, incensa altaria circum,
Populeis adsunt evincti tempora ramis;

Hic juvenum chorus, ille senum, qui carmine laudes
Herculeas et facta ferunt: ut prima novercæ

Monstra manu geminosque premens eliserit angues;
Ut bello egregias idem disjecerit urbes,

Trojamque Echaliamque; ut duros mille labores
Rege sub Eurystheo fatis Junonis iniquæ
Pertulerit. << Tu nubigenas, invicte, bimembres,
Hylæumque Pholumque manu, tu Cresia mactas
Prodigia et vastum Nemeæ sub rupe leonem.
Te Stygii tremuere lacus, te janitor Orci,
Ossa super recubans antro semesa cruento.
Nec te ullæ facies, non terruit ipse Typhoeus
Arduus arma tenens; non te rationis egentem
Lernæus turba capitum circumstetit anguis.
Salve, vera Jovis proles, decus addite divis;
Et nos, et tua dexter adi pede sacra secundo! »
Talia carminibus celebrant; super omnia Caci
Speluncam adjiciunt, spirantemque ignibus ipsum3.
Consonat omne nemus strepitu, collesque resultant.
Virg., Æn., VIII, v. 280-305.

(1) Cf. 1ere partic, tom. 1, p. 62.

(2) Dans Eurystheo les deux dernières lettres ne forment qu'une syllabe. (3) Sur la légende des travaux d'Hercule, voir Réville, Rev. Germ., fév. 1863, p. 420 sq.; et sur celle de Cacus, Bréal: Mélanges de mythologie et de linguistique.

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