CCXXII Combat du Ceste. Constitit in digitos extemplo arrectus uterque, Ipse gravis graviterque ad terram pondere vasto (1) Comme s'il y avait membrorum mole. CCXXII (Tom. 1, p. 432.) Aussitôt l'un et l'autre se dressent sur leurs pieds et lèvent en l'air leurs bras menaçants; ils rejettent aussi en arrière que possible, pour les soustraire aux coups, leurs têtes superbes, se saisissent les mains et préludent au combat. L'un, plus léger, plus agile, a l'avantage de la jeunesse; l'autre est fort de sa masse, mais ses genoux alourdis fléchissent et son vaste buste montre les battements d'une respiration pénible. Tous les deux s'adressent beaucoup de coups qui se perdent; beaucoup aussi tombent répétés sur leurs flancs creux et retentissent bruyamment sur leurs poitrines; la main passe à tout moment autour des oreilles et des tempes, et sous le ceste, qui frappe et blesse, craquent les mâchoires. Entelle, qu'affermit son poids, reste immobile dans la même position, une simple inflexion de corps. et un vigilant coup d'œil lui suffisant pour esquiver les coups. L'autre, ainsi qu'un guerrier qui avec ses machines attaque les hauts remparts d'une ville ou qui investit de ses armes un fort élevé sur une montagne, tente l'un après l'autre chaque point accessible, porte ses efforts tout autour de la place et la presse de mille assauts impuissants. Entelle se dresse, déploie le bras droit et le soulève de toute sa hauteur; mais l'agile Darès, qui voit venir le coup sur lui, fait un brusque écart et l'évite. L'effort se perd dans le vide, et de plus lui-même, entraîné par la force de son énorme poids, tombe lourdement à terre: ainsi voit-on parfois, sur l'Erymanthe ou sur le sommet de l'Ida, tomber un pin que le temps a miné et que ses racines profondes ne retiennent plus. Avec des sentiments divers, Troyens et Siciliens, tous se lèvent; un immense cri monte au ciel, et, accourant le premier, Aceste relève avec commisération son vieil ami. Mais, ni ralenti, ni effrayé par sa chute, le héros, avec plus d'animation encore, revient au combat et puise des forces dans sa colère : la honte et le sentiment de sa valeur sur (2) u devient consonne. Nec mora, nec requies; quam multa grandine nimbi Culminibus crepitant, sic densis ictibus heros Creber utraque manu pulsat versatque Dareta. Virg., Æn., V, v. 426-460. CCXXIII Tir à l'arc. Tum validis flexos incurvant viribus arcus Qui tamen aerias telum contorsit in auras, excitaient sa vigueur; ardemment il poursuit par toute l'arène Darès en fuite, le frappant à coups redoublés, tantôt de la main droite, tantôt de la gauche. Point de trève, point de repos; comme des nues tombe serrée la grêle qui crépite sur les toits, ainsi le héros fait pleuvoir les coups sur Darès, qu'il pousse et fait tourner de l'une et l'autre main. CCXXIII Chacun alors de son côté tend vigoureusement son arc et tire une flèche de son carquois. La première que lance au ciel la corde frémissante est celle du jeune fils d'Hyrtacus; elle vole, frappe l'air en sifflant, atteint le mât et y reste fixée. Le mât a tremblé; l'oiseau effrayé bat des ailes, et toute l'arène retentit de longs applaudissements. Puis se place l'ardent Mnesthée, l'arc tendu, la flèche levée, visant le but et de l'eil et du trait; mais il n'est pas heureux ; sans atteindre de son tir la colombe elle-même, il rompt le noud bien léger qui la retenait suspendue au sommet du måt; elle s'envole et fuit avec les vents dans les sombres nues. Aussitôt Eurytion, qui depuis longtemps tient son arc prêt avec la flèche sur la corde,invoque son frère, et suivant de l'œil dans l'espace la colombe joyeuse, l'atteint sous la nue noire qu'elle gagnait de son aile triomphante; elle s'abat mourante, perd la vie dans les cieux et rapporte en tombant le trait dont elle est percée. Aceste restait seul, tout espoir de prix perdu. Cependant il lance sa flèche dans les airs, voulant montrer sa force en cet art et celle de son arc retentissant. Alors soudain s'offre aux yeux un prodige, présage d'un grand malheur, dont l'événement confirma la gravité, mais dont le sens ne fut expliqué que plus tard par la voix terrifiante des devins. La flèche, en volant à travers les nues, s'enflamme, y traçe un sillon de feu et va se perdre (1) Son frère était l'illustre Pandarus. (2) Var.: contendit. Consumpta in ventos, cælo ceu sæpe refixa << Sume, pater; nam te voluit rex magnus Olympi Et primum ante omnes victorem appellat Acesten. Proximus ingreditur donis, qui vincula rupit ; Virg., En, V, v. 500-544. CCXXIV Entrée d'Énée dans les espaces où règne Pluton. Ibant obscuri sola sub nocte per umbram Pallentesque habitant Morbi, tristisque Senectus, 1 |