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Audet et ignoto sese committere ponti,

Nec vanos horret strepitus. Illi ardua cervix,
Argutumque caput, brevis alvus, obesaque terga,
Luxuriatque toris animosum pectus. Honesti
Spadices glaucique, color deterrimus albis

Et gilvo. Tum, siqua sonum procul arma dedere,
Stare loco nescit; micat auribus et tremit artus,
Collectumque fremens volvit sub naribus ignem.
Densa juba, et dextro jactata recumbit in armo;
At duplex agitur per lumbos spina; cavatque
Tellurem et solido graviter sonat ungula cornu.
Talis Amyclæi domitus Pollucis habenis
Cyllarus, et, quorum Graii meminere poetæ,
Martis equi bijuges, et magni currus Achilli.
Talis et ipse jubam cervice effudit equina
Conjugis adventu pernix Saturnus', et altum
Pelion hinnitu fugiens implevit acuto.

Virg., Georg., III, v. 75-94.

CCIX

Deux taureaux pris d'amour pour la même génisse.
Pascitur in magna Sila' formosa juvenca:
Illi alternantes multa vi proelia miscent
Vulneribus crebris; lavit ater corpora sanguis,
Versaque in obnixos urgentur cornua vasto
Cum gemitu; reboant silvæque et longus3 Olympus.
Nec mos bellantes una stabulare; sed alter
Victus abit, longeque ignotis exsulat oris,
Multa gemens ignominiam plagasque superbi
Victoris, tum, quos amisit inultus, amores,
Et stabula aspectans regnis excessit avitis.

(1) D'après la fable (Cf. Preller, Griech. Myth., II, p. 18), Cronos, que les Romains identifiaient avec Saturne, avait été surpris auprès de la nymphe Philyre par sa femme Ops ou Rhéa et s'était métamorphosé en cheval pour fuir.

couleur du bai-brun et du gris-ardoisé; beaucoup moins, celle du blanc et du gris-cendré. Pour peu qu'au loin retentisse le bruit des armes, il ne sait plus se tenir en place; il dresse les oreilles; tout son corps s'agite; et l'ardeur qui est en lui se montre au souffle brûlant qu'en frémissant il lance par les naseaux. Sa crinière est épaisse et retombe secouée sur son épaule droite. Son épine dorsale étend un double sillon le long de son dos. Il creuse la terre et la fait résonner bruyamment sous la corne pesante de son sabot. Tels furent Cyllare, que dompta la main de Pollux d'Amyclée, et les deux coursiers de Mars, qu'ont célébrés les poètes grecs, et ceux qu'attela le grand Achille; tel fut aussi Saturne lui-même lorsque, à l'arrivée subite de son épouse, il s'élança, cheval rapide, la crinière éparse sur le cou, et remplit, dans sa fuite, les hauteurs du Pélion de ses hennissements aigus.

CCIX

(Tom. I, p. 361.)

Dans la grande forêt de Sila pait la belle génisse et eux, se frappant tour à tour, dans un violent combat, se couvrent de blessures: un sang noir inonde leurs flancs; front contre front ils s'attaquent de leurs cornes avec un immense mugissement dont retentissent et les bois et les vastes cieux. Pour ces rivaux désormais plus d'étable commune: le vaincu s'en va; il s'exile au loin en pays inconnu, gémissant sur la honte de sa défaite, sur les blessures que lui a portées son vainqueur, sur ses amours perdues sans vengeance, et, les yeux tournés une dernière fois vers l'étable, il abandonne l'empire où régnaient ses aïeux. Son seul

(2) D'autres lisent silva; mais Sila est le nom d'une forêt des Apennins et précise mieux le licu de la scène.

(3) Le Palatinus et le Romanus donnent magnus.

Ergo omni cura vires exercet, et inter
Dura jacet pernix instrato saxa cubili,
Frondibus hirsutis et carice pastus acuta;
Et tentat sese, atque irasci in cornua discit
Arboris obnixus trunco, ventosque lacessit
Ictibus, et sparsa ad pugnam proludit arena.
Post, ubi collectum robur viresque refectæ2,
Signa movet, præcepsque oblitum fertur in hostem.
Fluctus uti, medio cœpit cum albescere ponto,
Longius ex altoque sinum trahit; utque volutus
Ad terras immane sonat per saxa, neque ipso
Monte minor procumbit; at ima exæstuat unda
Verticibus, nigramque alte subjectat3 arenam.

Virg., Georg., III, v. 219-241.

CCX

Virgile se rappelle avoir visité l'enclos d'un vieillard de Tarente, très habile en l'art du jardinage, el regrelle que les bornes de son ouvrage ne lui permettent pas de s'étendre sur cet art qu'il laisse à d'autres le soin de célébrer.

Atque equidem, extremo ni jam sub fine laborum.
Vela traham et terris festinem advertere proram,
Forsitan et, pingues hortos quæ cura colendi
Ornaret, canerem, biferique rosaria Pæsti,
Quoque modo potis gauderent intiba rivis
Et virides apio ripæ, tortusque per herbam
Cresceret in ventrem cucumis; nec sera comantem
Narcissum aut flexi tacuissem vimen acanthi
Pallentesque hederas et amantes litora myrtos.
Namque sub Ebaliæ memini me turribus altis',
Qua niger humectat flaventia culta Galæsus,
Corycium vidisse senem, cui pauca relicti

(1) Passage souvent imité. Cf. Lucain, Phars. II, 601-607; Stace, Theb., II, 323-330; Silius It., XVI, 4-10.

(2) Var.: receptæ.

(3) Var.: subvectat.

souci est de recueillir ses forces: dur à la peine, il ne prend plus de repos qu'au milieu d'âpres rochers sur une couche sans litière, ne se nourrit plus que de feuillages épineux et de laîche piquante; il s'essaye; il s'exerce à lutter des cornes et s'attaque au tronc des arbres; il frappe l'air de ses coups, prélude au combat en faisant voler la poussière. Enfin, dès qu'il a rétabli sa vigueur et refait ses forces, il part en guerre et tout à coup fond sur son ennemi qui l'a oublié. Telle une vague qui d'abord apparaît blanche d'écume au milieu des flots, arrive de la haute mer toute gonflée ; elle se roule vers le rivage, éclate avec fracas au milieu des rochers, s'élève aussi haut qu'une montagne pour tomber de tout son poids; et l'onde en bouillonne dans ses profonds abîmes, soulève à sa surface un sable noir.

CCX

(Tom. 1, p. 362.)

Pour moi, si, bientôt à la fin de ma course, je ne pliais déjà mes voiles et n'avais hâte de tourner ma proue vers la terre, peut-être chanterais-je l'art de cultiver et d'embellir les fertiles jardinages, et les roseraies de Pestum qui fleurissent deux fois l'an; je dirais comment la chicorée deman. de à s'abreuver de l'eau des ruisseaux, comment l'ache aime les rives verdoyantes, comment, en serpentant à travers l'herbe, le concombre accroît sa rotondité; je n'oublierais ni le narcisse lent à fleurir, ni l'acanthe à la tige ployante, ni le lierre pâle, ni le myrte ami des rivages.

Au pied des hauts remparts de Tarente, là où le noir Galèse arrose des champs aux moissons jaunissantes, je me souviens d'avoir vu un vieillard de Corycus, possesseur de

(4) Var.: arcis.

(5) Corycus, ville de Cilicie.

Jugera ruris erant, nec fertilis illa juvencis,
Nec pecori opportuna seges, nec commoda Baccho.
Hic rarum tamen in dumis olus albaque circum
Lilia verbenasque premens vescumque papaver,
Regum æquabat opes animo', seraque revertens
Nocte domum dapibus mensas onerabat inemptis.
Primus vere rosam atque autumno carpere poma,
Et, cum tristis hiems etiamnum frigore saxa
Rumperet et glacie cursus frenaret aquarum,
Ille comam mollis jam tondebat hyacinthi,
Æstatem increpitans seram Zephyrosque morantes.
Ergo apibus fetis idem atque examine multo
Primus abundare et spumantia cogere pressis
Mella favis; illi tiliæ atque uberrima pinus;
Quotque in flore novo pomis se fertilis arbos
Induerat, totidem autumno matura tenebat.
Ille etiam seras in versum distulit ulmos.
Eduramque pirum et spinos jam pruna ferentes,
Jamque ministrantem platanum potantibus umbras.
Verum hæc ipse equidem, spatiis exclusus iniquis,
Prætereo, atque aliis post me memoranda relinquo.
Virg., Georg., IV, v. 116-148.

CCXI

Ordre qui règle chez les abeilles la division du travail
et les heures de repos.

Solæ communes natos, consortia tecta

Urbis habent, magnisque agitant sub legibus ævum,
Et patriam solæ et certos novere penates;
Venturæque hiemis memores, æstate laborem

(1) Var.: animis.

(2) L'allongement de la dernière syllabe de tondebat n'a pas lieu dans la leçon du Palatinus: jam tum tondebat acanthi.

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