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Quam commune mihi genus et patruelis origo,
Deinde torus junxit ; nunc ipsa pericula jungunt:
Terrarum, quascumque vident occasus et ortus,
Nos duo turba sumus: possedit cetera pontus.
Hæc quoque adhuc vitæ non est fiducia nostræ
Certa satis terrent etiam nunc nubila mentem.
Quid tibi, si sine me fatis erepta fuisses,
Nunc animi, miseranda, foret ? quo sola timorem
Ferre modo posses? quo consolante doleres ?
Namque ego, crede mihi, si te modo pontus haberet,
Te sequerer, conjux, et me quoque pontus haberet.
O utinam possim populos reparare paternis
Artibus, atque animas formatæ infundere terræ !
Nunc genus in nobis restat mortale duobus,

Sic visum est Superis, hominumque exempla manemus. >>
Dixerat et flebant. Placuit cæleste precari

Numen et auxilium per sacras quærere sortes.

Ov., Metam., 1, v. 348-368.

CCCXXV

Enlèvement d'Europe.

Non bene conveniunt nec in una sede morantur
Majestas et amor: sceptri gravitate relicta,
Ille pater rectorque Deum, cui dextra trisulcis
Ignibus armata est, qui nutu concutit orbem,
Induitur faciem tauri, mixtusque juvencis
Mugit, et in teneris formosus obambulat herbis.
Quippe color nivis est, quam nec vestigia duri
Calcavere pedis, nec solvit aquaticus Auster.
Colla toris extant; armis palearia pendent;
Cornua parva quidem, sed quæ contendere possis
Facta manu, puraque magis perlucida gemma.
Nullæ in fronte minæ, nec formidabile lumen:
Pacem vultus habet. Miratur Agenore nata,
Quod tam formosus, quod prælia nulla minetur.

unis, voici maintenant que le malheur lui-même resserre notre union. De la terre entière, de l'Orient au Couchant, nous formons à nous deux la population; la mera pris le reste. A peine même pouvons-nous compter sur notre salut, les nuages qui nous menacent encore m'épouvantent. Infortunée, si le ciel ne m'eût pas sauvé en même temps que toi, quelle serait maintenant ta situation? Comment seule pourrais-tu supporter tes alarmes ? Qui consolerait ta douleur? Pour moi, sois en certaine, si les flots t'avaient prise, je t'aurais suivie et les mêmes flots m'auraient englouti moi aussi. Ah! que ne puis-je, avec la science de mon père, renouveler la race des hommes et à l'argile pétrie de mes mains insuffler la vie! A cette heure le genre humain n'existe plus qu'en nous deux, les dieux l'ont ainsi voulu, et de l'humanité nous restons les deux seuls exemples vivants. » Telles avaient été ses paroles et tous deux ils pleuraient. Ils jugèrent qu'ils devaient implorer la puissance divine et chercher un secours dans les oracles sacrés.

CCCXXV

(Tom. III, p. 162 et 204.)

Amour et majesté ne s'accordent pas et ne peuvent guère figurer ensemble; aussi, délaissant l'appareil de sa royauté, le père et le maître des dieux, dont la main est armée de flammes au triple dard et qui d'un signe ébranle le monde, revêt la figure d'un taureau et, se mêlant aux troupeaux, il mugit, il promène sur le tendre gazon ses formes admirables. Sa couleur est celle de la neige qui n'a encore été ni foulée par le poids d'un pied, ni amollie par le souffle humide de l'Auster. Son cou musculeux est ferme; son fanon pend largement sur sa poitrine; ses cornes sont petites, mais on les dirait façonnées de main d'artiste et elles luisent plus que le plus pur diamant; point de menace en son front, rien de terrible en ses yeux; il n'y a que douceur dans tous ses traits. La fille d'Agénor s'étonne de ce

Sed, quamvis mitem, metuit contingere primo;
Mox adit et flores ad candida porrigit ora...
Et nunc alludit, viridique exultat in herba;
Nunc latus in fulvis niveum deponit arenis;
Paulatimque metu dempto, modo pectora præbet
Virginea palpenda manu, modo cornua sertis
Impedienda novis. Ausa est quoque regia virgo,
Nescia quem premeret, tergo considere tauri.
Tum Deus a terra siccoque a litore sensim
Falsa pedum primis vestigia ponit in undis;
Inde abit ulterius mediique per æquora ponti
Fert prædam. Pavet hæc litusque ablata relictum
Respicit, et dextra cornum tenet, altera dorso
Imposita est; tremulæ sinuantur flamine vestes.

Ov., Met., 11, v. 846-861 et 864-875.

CCCXXVI

Le fils d'Hermès et d'Aphrodite, en parcourant la Lycie et la Carie,
trouve un lac qu'habite la nymphe Salmacis. Portrait de celle
nymphe, qui, dès qu'elle le voit, désire le captiver.
Ille etiam Lycias urbes Lyciæque propinquos
Caras adit. Videt hic stagnum lucentis adimum
Usque solum lymphæ. Non illic canna palustris,
Nec steriles ulvæ, nec acuta cuspide junci;
Perspicuus liquor est. Stagni tamen ultima vivo
Cespite cinguntur semperque virentibus herbis.
Nympha colit, sed nec venatibus apta, nec arcus
Flectere quæ soleat, nec quæ contendere cursu:
Solaque Naiadum celeri non nota Dianæ.

Sæpe suas illi fama est dixisse sorores:

<< Salmaci, vel jaculum, vel pictas sume pharetras, Et tua cum duris venatibus otia misce. >>

qu'il soit si beau, de ce qu'il ne respire pas les combats. Malgré sa douceur cependant elle n'ose tout d'abord le toucher; bientôt elle s'approche, présente des fleurs à sa bouche d'une blancheur resplendissante.... Tantôt il joue et bondit sur l'herbe verdoyante, tantôt il étale, en se couchant sur le sable doré du rivage, l'éclat de neige de ses flancs. Peu à peu il la rassure si bien que de sa main virginale elle lui caresse la poitrine, elle enlace autour de ses cornes des guirlandes de fleurs. Enfin, la princesse, qui ne sait quelle monture elle prend, ose s'asseoir sur le dos du taureau. Alors le dieu, s'éloignant de la terre et de la partie desséchée du rivage, insensiblement porte ses pas trompeurs dans celle que baignent déjà les flots; puis il s'avance plus encore, et à travers la pleine mer il emporte sa proie. Elle est toute tremblante en se sentant enlevée ; elle tourne ses regards vers le rivage qui fuit derrière elle; de la main droite elle tient une corne du taureau, de la gauche elle s'appuie sur son dos, et les plis onduleux de son voile flottent au gré du vent.

CCCXXVI

(Tom. III, p. 165 et 204.)

Il visita aussi les villes de Lycie et le pays des Cariens qui en est voisin. Il y trouve un lac dont le cristal laissait voir la terre tout au fond; point de roseaux de marais; point d'algues stériles, point de joncs à la pointe aiguë,une eau absolument transparente, et tout autour une ceinture de frais gazons et d'herbes toujours vertes. Une nymphe l'habite sans goût pour la chasse, elle n'est accoutumée ni à tendre l'arc ni à lutter de vitesse; la seule des naïades que ne connaisse point l'agile Diane.Souvent, raconte-t-on, ses sœurs lui disaient : « Salmacis, prends le javelot ou le carquois aux couleurs variées et mêle à tes loisirs les dures fatigues de la chasse.» Elle ne prend ni javelot ni carquois

Nec jaculum sumit, nec pictas illa pharetras,
Nec sua cum duris venatibus otia miscet;
Sed modo fonte suo formosos perluit artus,
Sæpe Cytoriaco deducit pectine crines,
Et quid se deceat, spectatas consulit undas;
Nunc perlucenti circumdata corpus amictu,
Mollibus aut foliis aut mollibus incubat herbis ;
Sæpe legit flores. Et tunc quoque forte legebat,
Quum puerum vidit, visumque optavit habere.
Nec tamen ante adiit, etsi properabat adire,
Quam se composuit, quam circumspexit amictus,
Et finxit vultum; et meruit formosa videri.
Tunc sic orsa loqui: « Puer o dignissime credi
Esse deus: seu tu deus es, potes esse Cupido;
Sive es mortalis, qui te genuere, beati,
Et frater felix, et fortunata profecto

Si qua tibi soror est, et, quæ dedit ubera, nutrix.
Sed longe cunctis longeque potentior illa,

Si qua tibi sponsa est, si quam dignabere tæda1».

Ov., Metam., IV, v. 296-326.

CCCXXVII

Après un combat acharné, les compagnons de Persée, inférieurs en nombre, ont succombé. Il reste seul devant la foule de ses ennemis, et se voyant, à la fin, malgré sa bravoure, sur le point d'être accablé, il se décide à faire usage de la tête de la Gor

gone.

Plus tamen exhausto superest, namque omnibus unum
Opprimere est animus. Conjurata undique pugnant
Agmina pro causa meritum impugnante fidemque.
Hac pro parte socer frustra pius et nova conjux,
Cum genetrice, favent, ululatuque atria complent.
Sed sonus armorum superat, gemitusque cadentum,

(1) Ces paroles sont imitées de celles qu’Ulysse, jeté par la tempête dans T'ile des Phéaciens, adresse tout d'abord à Nausicaa. Hom., Od., VI, 149 sqq.

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