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Audiit; insolitis tremuerunt motibus Alpes '.
Vox quoque per lucos vulgo exaudita silentes
Ingens, et simulacra modis pallentia miris 2
Visa sub obscurum noctis, pecudesque locutæ,
Infandum! sistunt amnes, terræque dehiscunt,
Et mæstum illacrimat templis ebur, æraque sudant.
Proluit insano contorquens vertice silvas
Fluviorum rex Eridanus, camposque per omnes
Cum stabulis armenta tulit. Nec tempore eodem
Tristibus aut extis fibræ apparere minaces,
Aut puteis manare cruor cessavit, et altæ
Per noctem resonare, lupis ululantibus, urbes .
Non alias cælo ceciderunt plura sereno
Fulgura; nec diri toties arsere cometæ ".
Ergo inter sese paribus concurrere telis
Romanas acies iterum videre Philippi;

Nec fuit indignum 'superis, bis sanguine nostro
Emathiam et latos Hæmi pinguescere campos.
Scilicet et tempus veniet, cum finibus illis
Agricola, incurvo terram molitus aratro,
Exesa inveniet scabra robigine pila,

Aut gravibus rastris galeas pulsabit inanes,
Grandiaque effossis mirabitur ossa sepulcris.

Virg., Georg., I, v. 463-497.

CCV

Éloge de l'Italie.

Sed neque Medorum, silvæ ditissima, terra,
Nec pulcher Ganges atque auro turbidus Hermus

(1) Lucain, décrivant (Phars., 1, 528-583) les présages de la guerre civile

s'est souvenu du tableau de Virgile.

(2) Fin de vers empruntée à Lucrèce, De nat. rer., I, 124.

(3) Trisyllabe par crase.

(4) Var.: alte.

(5) Appien rapporte (Bel. cio., IV, 4) que les loups s'étaient avancés

jusqu'au Forum.

de pâles et effrayants fantômes se montrèrent à la tombée de la nuit, et, chose horrible! les animaux parlèrent. Les fleuves s'arrêtent, la terre s'entr'ouvre; dans les temples, l'ivoire, comme ému, verse des larmes et l'airain se couvre de sueur. Dans ses tourbillons en fureur entraînant les forêts, le roi des fleuves, l'Éridan à travers les champs emporte et les étables et les troupeaux. Alors aussi, sans cesse, dans les entrailles des victimes apparurent des fibres menaçantes, le sang coula des puits, et les villes aux hautes murailles retentirent des hurlements des loups. Jamais la foudre ne tomba plus fréquemment par un ciel serein, jamais en si grand nombre ne s'allumèrent les redoutables comètes.

Aussi les champs de Philippes ont-ils vu les armées romaines combattre de nouveau les unes contre les autres avec les mêmes armes; et les dieux ont permis que deux fois notre sang engraissât l'Hémathie et les vastes plaines de l'Hémus. Un jour viendra que, dans ces contrées, le laboureur, en soulevant la terre avec le soc recourbé de la charrue, trouvera des javelines profondément rongées par la rouille, ou bien heurtera avec ses lourdes herses des casques vides et s'étonnera à la vue des gigantesques ossements de ces sépultures entr'ouvertes.

CCV

(Tom. 1, p. 354).

Mais ni la terre des Mèdes, si riche en forêts, ni les belles rives du Gange, ni l'Hermus qui roule l'or en son limon, ni la Bactriane, ni l'Inde, ni la Panchaïe tout entière, avec ses sables féconds en encens, ne sauraient le disputer en

(6) Quicherat a analysé tout ce morceau depuis ille etiam exstincto, en indiquant les diverses ressources poétiques qu'y a employées Virgile. Trait. de versif. lat., 3o éd., pp. 87-88.

(7) C'est-à-d. placuit; d'autres sous-entendent nostro scelere et traduisent par un juste châtiment des dieux ».

Laudibus Italiæ certent, non Bactra, neque Indi,
Totaque turiferis Panchaia pinguis arenis.
Hæc loca non tauri spirantes naribus ignem
Invertere satis immanis dentibus hydri,

Nec galeis densisque virum seges horruit hastis,
Sed gravidæ fruges et Bacchi Massicus humor
Implevere; tenent oleæ armentaque læta.
Hinc bellator equus campo sese arduus infert,
Hinc albi, Clitumne, greges et maxima taurus
Victima, sæpe tuo perfusi flumine sacro,
Romanos ad templa deum ducere triumphos.
Hic ver assiduum atque alienis mensibus æstas;
Bis gravidæ pecudes, bis pomis utilis arbos.
At rabidæ tigres absunt et sæva leonum
Semina, nec miseros fallunt aconita legentes,
Nec rapit immensos orbes per humum, neque tanto
Squameus in spiram tractu se colligit anguis.
Adde tot egregias urbes operumque laborem,
Tot congesta manu præruptis oppida saxis
Fluminaque antiquos subterlabentia muros.

An mare, quod supra, memorem, quodque alluit infra ?1
Anne lacus tantos ? te, Lari' maxime, teque,
Fluctibus et fremitu assurgens Benace3 marino ?
An memorem portus Lucrinoque addita claustra
Atque indignatum magnis stridoribus æquor,
Julia qua ponto longe sonat unda refuso
Tyrrhenusque fretis immittitur æstus Avernis?
Hæc eadem argenti rivos ærisque metalla
Ostendit venis, atque auro plurima fluxit."
Hæc genus acre virum, Marsos, pubemque sabellam,

(1) La mer Adriatique et la mer Tyrrhénienne.

(2) Aujourd'hui lac de Côme.

(3) Lac de Garde.

(4) Pour la disposition de ces lieux, voir, dans l'Atlas antiquus de

Spruner la carte du golfe de Puteoli.

(5) Cf. Lucrèce, De Nat. rer., V, 1255 :

a

Manabat venis ferventibus in

loca terræ Concava conveniens argenti et auri ». Les exploitations

merveilles à l'Italie. Les champs de l'Italie n'ont pas été labourés par des taureaux soufflant la flamme par les naseaux pour recevoir comme semences les dents d'une hydre prodigieuse; une moisson de guerriers n'y a pas surgi toute hérissée de casques et de lances; mais les épis chargés de grains, le massique, liqueur chère à Bacchus y abondent, et ils sont couverts d'oliviers et de riches troupeaux. Là naît le coursier belliqueux au fier élan; là naissent et les blancs moutons et le taureau, la plus noble des victimes, qui, après s'être baignés dans tes ondes sacrées, ô Clitumne, vont parfois précéder dans leur marche vers les temples des dieux les triomphateurs romains. Là le printemps est continuel et l'été se fait sentir en des mois qui ne sont pas les siens; deux fois par an les brebis sont mères, deux fois les arbres portent des fruits. Mais on n'y rencontre ni les tigres farouches, ni la race cruelle des lions; la main qui y cherche des herbes ne court pas le risque de cueillir par une erreur funeste des plantes vénéneuses; on n'y voit point de serpents couverts d'écailles déroulant sur le sol leurs immeuses anneaux et ramassant leurs corps en énormes replis tortueux. Ajoutez tant de villes magnifiques, tant de constructions grandioses, tant de places fortes élevées à force de bras sur des rochers escarpés, et les fleuves qui coulent au pied d'antiques murailles. Parlerai-je des deux mers qui, l'une au nord, l'autre au midi, baignent l'Italie? et de ses grands lacs; de toi, Larius, le plus vaste de tous, et de toi, Bénacus, dont les flots se soulèvent et frémissent comme ceux de la mer? Dirai-je les ports, les eaux du Lucrin emprisonnées, et la mer indignée mugissant contre les digues en ces lieux qù s'entend le fracas des vagues refoulées au loin dans le port Julien et où le flot Tyrrhénien se porte jusque dans le lac Averne? Cette même Italie nous a montré dans son sein des veines d'argent, des mines d'airain, voire aussi des

minières, florissantes à l'époque de la puissance des Etrusques, n'avaient plus lieu au temps de Virgile. V. Plin., Hist. nat., III, 20, 24.

Assuetumque malo Ligurem, Volscosque verutos
Extulit, hæc Decios, Marios, magnosque Camillos,
Scipiadas1 duros bello, et te, maxime Cæsar,
Qui nunc extremis Asiæ jam victor in oris
Imbellem avertis Romanis arcibus Indum.

Salve, magna parens frugum, Saturnia tellus,
Magna virum: tibi res antiquæ laudis et artis
Ingredior, sanctos ausus recludere fontes,
Ascræumque cano Romana per oppida carmen.

Virg., Georg., II, v. 136-176.

CCVI

Utilité et action vivifiante du printemps.

Ver adeo frondi nemorum, ver utile silvis;
Vere tument terræ et genitalia semina poscunt.
Tum pater omnipotens fecundis imbribus Æther
Conjugis in gremium lætæ descendit, et omnes
Magnus alit, magno commixtus corpore, fetus;
Avia tum resonant avibus virgulta canoris,
Et Venerem certis repetunt armenta diebus;
Parturit almus ager, Zephyrique tepentibus auris
Laxant arva sinus; superat tener omnibus humor;
Inque novos soles audent se germina tuto
Credere; nec metuit surgentes pampinus austros;
Aut actum cælo magnis aquilonibus imbrem,
Sed trudit gemmas et frondes explicat omnes.
Non alios prima crescentis origine mundi
Illuxisse dies aliumve habuisse tenorem
Crediderim; ver illud erat, ver magnus agebat
Orbis, et hibernis parcebant flatibus Euri,

(1) Forme grecque qui se trouvait déjà dans Lucrèce : « Scipiadas, fulmen belli ». De Nat. rer., III, 1032.

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