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Reges, Alba, tuos et regum facta tuorum
Tantum operis nervis hiscere posse meis;
Parvaque tam magnis admoram fontibus ora,
Unde pater sitiens Ennius ante bibit;.
Et cecinit Curios fratres et Horatia pila,
Regiaque Æmilia vecta tropæa rate;
Victricesque moras Fabii, pugnamque sinistram
Cannensem, et versos ad pia vota deos;
Hannibalemque Lares Romana sede fugantes,
Anseris et tutum voce fuisse Jovem ;
Quum me Castalia speculans ex arbore Phoebus
Sic ait, aurata nixus ad antra lyra :

<< Quid tibi cum tali, demens, est flumine? quis te Carminis heroi tangere jussit opus?

Non hic ulla tibi speranda est fama, Properti:
Mollia sunt parvis prata terenda rotis,
Et tuus in scamno jactetur sæpe libellus,
Quem legat exspectans sola puella virum.
Cur tua præscripto sevecta est pagina gyro?
Non est ingenii cymba gravanda tui.
Alter remus aquas, alter tibi radat arenas;
Tutus eris: medio maxima turba mari est. >>
Prop., III, 3, v. 1-24.

CCCV

Extraits de l'élégie sur la mort de Pætus.

Ergo sollicitæ tu causa, pecunia, vitæ es;
Per te immaturum mortis adimus iter!
Tu vitiis hominum crudelia pabula præbes;
Semina curarum de capite orta tuo.

Tu Pætum ad Pharios tendentem lintea portus
Obruis insano terque quaterque mari.

Nam dum te sequitur, primo miser excidit ævo,
Et nova longinquis piscibus esca natat;

Et mater non justa piæ dare debita terræ,
Nec pote cognatos inter humare rogos :

Bellerophon, et pouvoir sur les cordes de ma lyre, devenue capable d'un pareil effort, chanter tes rois, ô Albe, et les exploits de ces rois. J'avais approché mes pauvres lèvres de cette grande source où jadis Ennius, le père de la poésie latine, étancha sa soif, lorsqu'il chanta les frères Curius et les trophées des Horaces, le vaisseau de Paul Émile chargé des dépouilles d'un roi, les victorieuses temporisations de Fabius, la funeste bataille de Cannes, les dieux favorables à nos vœux et à notre piété, les Lares chassant Annibal loin de la ville de Rome, le Jupiter du Capitole sauvé par le cri des oies. Mais d'un arbre consacré aux Muses, près de leur grotte, Phébus, appuyé sur sa lyre d'or, m'aperçut. «Insensé, me dit-il, qu'y a-t-il de commun entre toi et cette source ? Qui t'a chargé d'aborder le travail du chant épique? Tu n'as de ce côté à concevoir aucun espoir de renommée, Properce; c'est sur les tendres prairies que doit rouler ton char léger, si tu veux que ton livre, pris et repris sans cesse, charme la jeune femme qui, dans la solitude, attend celui qu'elle aime. Pourquoi franchir les bornes marquées à ton génie? Qu'il se garde de surcharger ta nacelle; d'une rame sillonne l'eau et de l'autre rase le sable du rivage, tu n'auras rien à craindre; en pleine mer ont lieu les grandes tempêtes. >>

CCC V

(Tom. II, p. 569.).

Argent, c'est donc toi qui es la cause des anxiétés de la vie? C'est pour toi qu'avant l'âge nous nous ouvrons le chemin de la mort. Tu fournis aux vices des hommes un funeste aliment, tu fais germer et naitre tous nos soucis. Par toi, Pætus, dirigeant ses voiles vers les ports de l'Égypte, est englouti sans merci dans une mer en furie; il te poursuivait, le malheureux, lorsqu'il a été enlevé à la fleur de l'âge; et maintenant, dans des parages lointains, son corps flottant sert de pâture aux poissons; sa mère ne pourra pas lui payer le tribut sacré d'un peu de terre, ni renfermer

Sed tua nunc volucres adstant super ossa marinæ ;
Nunc tibi pro tumulo Carpathium omne mare est......
Reddite corpus humo, positaque in gurgite vita,
Pætum sponte tua, vilis arena, tegas ;

Et quoties Pæti transibit nauta sepulcrum,
Dicat: Et audaci tu timor esse potes. ».....
Quod si contentus patrio bove verteret agros,
Verbaque duxisset pondus habere mea;
Viveret ante suos dulcis conviva Penates,
Pauper et in terra nil ubi flere potest.
Non tulit hic Pætus stridorem audire procellæ,
Et duro teneras lædere fune manus,
Sed Thyæ thalamo, aut Oricia terebintho,
Et fultum pluma versicolore caput.
Huic fluctus vivos radicitus abstulit ungues,
Et miser invitam traxit hiatus aquam....

Prop., III, 7, v. 1-12; 25-28; 43-52.

CCCVI

En s'excusant de ne pas se livrer au chant épique, Properce admire la règle de modestie que s'est imposée Mécène ; il se déclare disposé à suivre en tout point son exemple.

At tua, Mæcenas, vitæ præcepta recepi,
Cogor et exemplis te superare tuis.
Cum tibi Romano dominas in honore secures
Et liceat medio ponere jura foro;

Vel tibi Medorum pugnaces ire per astus,

Atque onerare tuam fixa per arma domum ;
Et tibi ad effectum vires det Cæsar, et omni
Tempore tam faciles insinuentur opes:
Parcis, et in tenues humilem te colligis umbras:
Velorum plenos subtrahis ipse sinus.

Crede mihi, magnos æquabunt ista Camillos
Judicia, et venies tu quoque in ora virum,

ses restes dans le tombeau de sa famille; mais les oiseaux marins planent au-dessus de ton cadavre, Pætus, et tu as pour sépulcre la mer de Carpathos tout entière...

Rendez du moins son corps à la terre, abîmes où Pætus a perdu la vie, et vous, pauvres sables, recouvrez-le de vous-mêmes. Que le nautonier, chaque fois qu'il passera devant le tombeau de Pætus, s'écrie: « Voilà pour les audacieux un exemple effrayant!»...

Ah! s'il se fût contenté de labourer ses champs avec les boeufs hérités de son père,s'il eût fait quelque cas de mes conseils, il vivrait, convive aimable, assis auprès de son foyer, pauvre, mais sur la terre et sans rien à redouter. Il n'était né, en effet, ni pour entendre le sifflement aigu de l'ouragan, ni pour blesser ses mains délicates aux rudes cordages, mais pour se reposer sur un lit en bois odoriférant de Thya ou en térébinthe d'Oricie, la tête appuyée sur un coussin de plumes aux diverses couleurs. Mais les flots lui arrachèrent entièrement les ongles, et l'infortuné, malgré ses efforts, avala l'onde à pleine bouche.

CCCVI

(Tom. II, p. 572.)

Pour ma part, Mécène, j'ai adopté tes principes et je tâche de te surpasser dans tes propres exemples. Tu pourrais, revêtu de la glorieuse autorité des faisceaux de Rome, dicter des lois au milieu du forum, ou marcher à la victoire contre les Parthes aux ruses guerrières et des trophées de l'ennemi surcharger ton palais. César, pour accomplir tes projets, te prêterait sa puissance et en toute circonstance te fournirait les meilleurs moyens; mais tu n'en uses pas; tu te dérobes avec modestie dans une humble obscurité et tu plies tes voiles alors que le vent les gonfle. Crois-moi,de tels sentiments t'égaleront en grandeur aux Camilles, ton nom lui aussi volera de bouche en bouche et tu suivras de

Cæsaris et famæ vestigia juncta tenebis;

Mæcenatis erunt vera tropæa fides.

Non ego velifera tumidum mare findo carina:
Tuta sub exiguo flumine nostra mora est.
Non flebo in cineres arcem sidisse paternos
Cadmi, nec semper proelia clade pari;
Nec referam Scaæas et Pergama, Apollinis arces,
Et Danaum decimo vere redisse rates,
Moenia quum Graio Neptunia pressit aratro
Victor Palladiæ ligneus artis equus:
Inter Callimachi sat erit placuisse libellos.
Et cecinisse modis, Coe poeta, tuis.
Hæc urant pueros, hæc urant scripta puellas;
Meque deum clament, et mihi sacra ferant.
Te duce vel Jovis arma canam, cæloque minantem.
Coum et Phlegræis Oromedonta jugis;
Celsaque Romanis decerpta Palatia tauris
Ordiar, et cæso monia firma Remo,
Eductosque pares silvestri ex ubere reges;
Crescet et ingenium sub tua jussa meum.
Prosequar et currus utroque ab litore ovantes,
Parthorum astutæ tela remissa fugæ,
Claustraque Pelusi Romano subruta ferro,
Antonique graves in sua fata manus.
Mollia tu cœptæ fautor cape lora juventæ,
Dexteraque immissis da mihi signa rotis.

Prop., III, 9, v. 21-58.

(1) Porte principale de Troic. Andromaque y reçut les derniers adieux d'Hector. (Cf. Hom, Il., VI). Virgile (Æn., II, 612) y place Junon le glaive en main pour en garder l'entrée.

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