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gle altier n'enfante pas la timide colombe. Mais c'est par l'éducation que se développe la force originelle: une sage culture fortifie l'âme; quand manque cette discipline, le meilleur naturel se flétrit dans la honte des fautes.

CCLXVI
(Tom. II, p. 299.)

Les neiges s'en sont allées, déjà reviennent aux prairies leur gazon et aux arbres leur couronne de feuillages. La terre change de face, et les fleuves, qui se dégonflent, n'outre-passent plus leurs rives. Les trois Grâces ensemble osent avec les Nymphes mener toutes nues leurs chœurs de danse. Rien n'est immortel, souviens-t'en comme te le disent et l'année qui s'écoule et la rapidité des heures emportant nos beaux jours.

Les froids délaissent leur rigueur devant les Zéphyrs, puis le printemps est chassé par l'été, qui doit disparaître sitôt que l'automne chargé de fruits répand ses trésors, et bientôt l'hiver revient tout engourdir.

Du moins dans le ciel la lune répare rapidement ses pertes; mais nous, une fois tombés là où nous ont précédés le vénérable Énée, le roi Tullus et Ancus, nous ne sommes plus qu'ombre et poussière.

Qui sait si à la somme présente de nos jours les dieux

(2) Var.: indecorant.

(3) Var.: pius.

Quis scit, an adiciant hodiernæ crastina summæ

Tempora Di superi?

Cuncta manus avidas fugient heredis, amico
Quæ dederis animo.

Cum semel occideris et de te splendida Minos
Fecerit arbitria,

Non, Torquate, genus, non te facundia, non te
Restituet pietas.

Infernis neque enim tenebris Diana pudicum
Liberat Hippolytum,

Nec Lethæa valet Theseus abrumpere caro

Vincula Pirithoo.

Carm., IV, 7.

CCLXVII

Éloge d'Auguste.

Phoebus volentem prælia me loqui
Victas et urbes increpuit lyra,

Ne parva Tyrrhenum per æquor
Vela darem. Tua, Cæsar, ætas
Fruges et agris rettulit uberes,
Et signa nostro restituit Jovi
Derepta Parthorum superbis
Postibus, et vacuum duellis
Janum Quirini' clausit, et ordinem
Rectum evaganti frena licentiæ
Injecit, emovitque culpas,

Et veteres revocavit artes,

Per quas Latinum nomen et Italæ
Crevere vires famaque et imperi
Porrecta majestas ad ortus
Solis ab Hesperio cubili.

(1) Var.: Quirinum. On trouve, en effet, cette expression Janus Quirinus dans Macrob., Saturn., 1, 9; « Invocamus Janum Quirinum... » ; dans

ajouteront la journée de demain ? Aux mains avides d'un héritier échappera tout ce que tu auras complaisamment accordé à tes désirs.

Quand une fois tu seras mort et que sur toi Minos aura prononcé son solennel jugement, ni l'illustration de ta race, ô Torquatus, ni ton éloquence, ni tes vertus ne te rendront à la vie. Diane elle-même ne peut délivrer des infernales ténèbres le chaste Hippolyte et Thésée n'a pas le pouvoir de briser les chaînes qui dans les enfers retiennent son cher Pirithoüs.

CCLXVII

(Tom. II, p. 295.)

Je m'apprêtais à dire les combats et les cités vaincues; mais Apollon, en faisant vibrer sa lyre, m'avertit de ne pas exposer mes faibles voiles sur la mer Tyrrhénienne.

Ton âge, ô César, a ramené dans nos champs les moissons abondantes; il a rendu au dieu de notre Capitole les étendards repris aux orgueilleux édifices des Parthes; avec la fin des guerres, il a fermé le temple de Janus bâti par Quirinus; il a mis un frein à la licence s'emportant en dehors de toute règle et de toute justice; il a chassé le crime; et il a rappelé les vieilles pratiques qui donnèrent au nom latin et aux forces de l'Italie leur grand développement, par qui la gloire et la majesté de l'empire romain s'étendirent des régions Hispaniennes où se couche le soleil jusqu'à celles où il se lève.

Sous la garde de César, plus de menaces à la tranquillité

Suét., Oct., 22: « Janum Quirinum... clausit; » et dans le testament même d'Auguste, Monum. Ancyr. 2, 42 : « Janum Quirinum... quem clausum...» (2) D'autres traduisent : « me frappa de sa lyre pour m'avertir... »

Custode rerum Cæsare, non furor
Civilis aut vis exiget1 otium,

Non ira, quæ procudit enses
Et miseras inimicat urbes.

Non, qui profundum Danubium bibunt,
Edicta rumpent Julia, non Getæ,
Non Seres infidive Persæ,

Non Tanain prope flumen orti.

Nosque et profestis lucibus et sacris,
Inter jocosi munera Liberi,

Cum prole matronisque nostris,
Rite Deos prius adprecati,

Virtute functos, more patrum*, duces,
Lydis remixto carmine tibiis,

Trojamque et Anchisen et almæ

Progeniem Veneris canemus.

Carm., IV, 15.

CCLXVIII

Contre la poursuite de la richesse dont la sagesse nous enseigne la vanité.

Vides, quæ maxima credis

Esse mala, exiguum censum turpemque repulsam,

Quanto devites animi capitisque labore;

Impiger extremos curris mercator ad Indos,

Per mare pauperiem fugiens, per saxa, per ignes:
Ne cures ea, quæ stulte miraris et optas,
Discere et audire et meliori credere non vis?
Quis circum pagos et circum compita pugnax
Magna coronari contemnat Olympia, cui spes,
Cui sit conditio dulcis sine pulvere palmæ ?
Vilius argentum est auro, virtutibus aurum.

(1) Dans le sens primitif de expellere, exturbare. Var.: eximet. (2) Voir ce qui a été dit de ces chants des ancêtres, 1ere partie, tom. 1, p. 69.

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publique par la fureur des luttes intestines, par la violence des guerres, par la colère qui forge les glaives et souffle la haine sur les malheureuses cités.

Oui, les lois de César ne cesseront plus d'être respectées et des peuples qui boivent l'eau profonde du Danube, et des Gètes, et des Sères ainsi que des Perses sans foi, et de ceux que le Tanaïs a vus naître sur ses bords.

Et nous, les jours de fête et tous les jours, au milieu des dons du joyeux Bacchus, avec nos enfants et nos femmes, après avoir d'abord invoqué solennellement les dieux, nous chanterons, comme le faisaient autrefois nos ancêtres, en mariant nos voix aux sons de la flûte Lydienne, les héros qu'ont illustrés leurs vertus, et Troie, et Anchise, et la postérité de la bienfaisante Vénus.

CCLXVIII

(Tom. II, p. 323.)

Voyez au prix de quelles fatigues et de corps et d'esprit vous évitez ce que vous croyez les maux les plus grands, un revenu restreint et la honte d'un refus. Marchand infatigable, vous courez jusqu'à l'extrémité de l'Inde, fuyant la pauvreté à travers la mer, les écueils, les climats brûlants, et quand il s'agit d'apprendre à mépriser ce que vous admirez et convoitez sottement, vous refusez d'écouter, d'entendre la voix du sage, d'y ajouter aucune croyance. Quel est, dans les carrefours et les villages, l'athlète qui refuserait la glorieuse couronne d'Olympie si on lui donnait la promesse, l'assurance du plaisir de la victoire sans combat? L'argent vaut moins que l'or et l'or moins que la vertu. << Cherchez, citoyens, cherchez l'argent avant tout; la vertu ne vient qu'après les écus. » Voilà la leçon qui s'en

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