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Crederem. Sed tu, simul obligasti
Perfidum votis caput, enitescis
Pulchrior multo, juvenumque prodis
Publica cura.

Expedit matris cineres opertos
Fallere, et toto taciturna noctis
Signa cum cælo, gelidaque divos
Morte carentes.

Ridet hoc, inquam, Venus ipsa, rident
Simplices Nymphæ, ferus et Cupido,
Semper ardentes acuens sagittas
Cote cruenta.

Adde, quod pubes tibi crescit omnis;
Servitus crescit nova; nec priores
Impiæ tectum dominæ relinquunt,
Sæpe minati.

Te suis matres metuunt juvencis,
Te senes parci miseræque nuper
Virgines nuptæ, tua ne retardet
Aura maritos.

Hor., Carm., II, 8.

CCLV

A Postumus.

Eheu fugaces, Postume, Postume,
Labuntur anni, nec pietas moram
Rugis et instanti senectæ

Afferet indomitæque morti.

Non, si trecenis, quotquot eunt dies,
Amice, places inlacrimabilem

Plutona tauris, qui ter amplum
Geryonen, Tityonque tristi

(1) Les mots aura et juvenci ont évidemment rapport au phénomène d'appétit sensuel que Virgile a si bien décrit: « Nonne vides, ut tota tremor per

Mais à peine as-tu engagé par des serments ta tête perfide, te voilà plus brillante, beaucoup plus belle encore, et les jeunes cœurs, en quelque lieu que tu paraisses, ne s'attachent qu'à toi.

Tu gagnes à jurer faussement par les cendres ensevelies de ta mère, par les astres taciturnes de la nuit avec le ciel tout entier, par les dieux que la froide mort ne peut atteindre.

De tout cela en vérité se rit Vénus elle-même, se rient les Nymphes ingénues, et aussi le cruel Cupidon qui ne cesse d'aiguiser ses flèches cuisantes sur une pierre ensanglantée.

Ajoute que c'est pour toi seule que croît toute notre jeunesse, toute une génération d'esclaves nouveaux, alors que les anciens ne peuvent fuir le toit de leur impie maîtresse en dépit de ses mille menaces.

C'est toi que craignent les mères pour leurs jouvenceaux, que craignent les pères économes, et que, dans le tourment de leur amour pour leurs maris, redoutent aussi les jeunes épouses à la pensée que ton souffle séducteur peut les emporter loin d'elles.

CCLV
(Tom. II, p. 239).

Hélas! elles s'enfuient, Postumus, cher Postumus, elles s'écoulent rapides nos années, et nulle prière ne saurait retarder les rides, la vieillesse qui nous menace, l'indomptable mort; non, quand, par une triple hécatombe, chaque jour, ami, tu tenterais de fléchir l'implacable Pluton, ce geôlier de Géryon aux trois corps monstrueux et de Titye, retenus de force entre ces tristes eaux qu'il nous faudra, nous qui vivons des dons de la terre, passer tous indistincte

tentet equorum corpora, si tantum notas odor attulit auras?» (Géorg., III, 250-251).

Compescit unda, scilicet omnibus,
Quicumque terræ munere vescimur,
Enaviganda, sive reges,

Sive inopes erimus coloni.
Frustra cruento Marte carebimus,
Fractisque rauci fluctibus Hadriæ;

Frustra per autumnos nocentem
Corporibus metuemus Austrum;

Visendus ater flumine languido
Cocytos errans, et Danai genus
Infame, damnatusque longi
Sisyphus Æolides laboris.

Linquenda tellus et domus et placens
Uxor; neque harum, quas colis, arborum
Te, præter invisas cupressos,

Ulla brevem dominum sequetur.

Absumet heres Cæcuba dignior
Servata centum clavibus, et mero

Tinguet' pavimentum superbo,'
Pontificum potiore cenis.

Hor., Carm., II, 14.

CCLVI

A Mécène.

Cur me querelis exanimas tuis?
Nec Dis amicum est, nec mihi, te prius
Obire, Mæcenas, mearum

Grande decus columenque rerum.

Ah! te meæ si partem animæ rapit
Maturior vis, quid moror altera,

Nec carus æque, nec superstes
Integer! Ille dies utramque

(1) Cf. Cic., Philip., II, 105: « natabant pavimenta vino »; et Petron., 38;

<< plus vini sub mensam effundebatur, quam aliquis in cella habet. »

ment, que nous ayons été rois ou pauvres cultivateurs. En vain nous soustrairons-nous aux luttes sanglantes de Mars, aux flots qui se brisent en mugissant sur les écueils de l'Adriatique; en vain, pendant l'automne, nous mettronsnous en garde contre le malfaisant Auster; force nous sera d'aller voir le sinueux et noir Cocyte aux ondes somnolentes, et la race maudite de Danaus, et Sisyphe, fils d'Éole, subissant son éternel travail.

Tu devras abandonner la terre, et ta maison, et ta chère épouse; et de ces arbres que tu cultives, à ton départ, sauf le lugubre cyprès, aucun ne suivra son maître d'un jour.

S'en montrant plus digne ton héritier consommera ce cécube que tu tiens renfermé sous cent clefs; et, sans l'épargner, il arrosera les dalles en marbre de sa salle à manger de ce grand vin qu'envierait la table des pontifes.

CCLVI

(Tom. II, p. 246.)

Pourquoi ces plaintes qui me tuent? Non, les dieux, pas plus que moi, ne voudront que tu meures le premier avant moi, ô Mécène, toi, ma gloire et mon soutien.

Ah! si le destin par un coup prématuré m'arrachait, en toi, la moitié de mon âme, pourquoi resterais-je sur terre, réduit à l'autre partie de mon être, désormais sans valeur, et me survivant à demi?

Le même jour nous mènera tous les deux au tombeau.Je l'ai juré, et ce n'est pas là un serment trompeur: je partirai,

(2) Var.: superbum et superbus.

Ducet ruinam. Non ego perfidum
Dixi sacramentum: ibimus, ibimus,
Utcumque præcedes, supremum
Carpere iter comites parati.

Me nec Chimæræ spiritus igneæ,
Nec, si resurgat, centimanus Gyas
Divellet umquam ; sic potenti
Justitiæ placitumque Parcis.
Seu Libra, seu me Scorpios adspicit
Formidolosus, pars violentior1
Natalis horæ, seu tyrannus
Hesperia Capricornus undæ,

Utrumque nostrum incredibili modo
Consentit astrum. Te Jovis impio
Tutela Saturno refulgens
Eripuit volucrisque fati

Tardavit alas, cum populus frequens
Lætum theatris ter crepuit sonum:
Me truncus inlapsus cerebro
Sustulerat, nisi Faunus ictum

Dextra levasset, Mercurialium
Custos virorum. Reddere victimas

Edemque votivam memento:
Nos humilem feriemus agnam.

Hor., Carm., II, 17.

CCLVII

Hymne à Bacchus.

Bacchum in remotis carmina rupibus
Vidi docentem - credite, posteri,
Nymphasque discentes et aures
Capripedum Satyrorum acutas.

(1) « Stella quæ maximam vim in genituram ejus, qui in illius aspectu

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