CCXL Éducation d'Horace. Liberius si Dixero quid, si forte jocosius, hoc mihi juris Membra animumque tuum, nabis sive cortice.' >> Sic me Ut facerem quid, « Habes auctorem, quo facias hoc >>, Sive vetabat, « An hoc inhonestum et inutile factu Largiter abstulerit longa ætas, liber amicus, Hor., Sat., 1, 4, v. 103-133. (1) Métaphore qui a le même sens que celle que nous employons quand nous disons: « tu voleras de tes propres ailes. » Rapprochez-en ce passage de Plaute, Aulul., 591-592: CCXL (Tom. II, p. 11 et 118.) Si parfois je parle avec trop de liberté, si je m'égayetrop vivement, il faut me l'accorder et m'excuser. Mon excellent père m'en a donné l'habitude, lui qui, pour m'exhorter à fuir les vices, me les signalait par des exemples. Lorsqu'il m'engageait à vivre avec économie, frugalité, content du bien qu'il m'aurait amassé : « Ne vois-tu pas, me disait-il, comme le fils d'Albius a une vie difficile, combien celle de Baius est misérable? Grande leçon pour qui serait tenté de dissiper son patrimoine! >> Pour me détourner des honteuses liaisons avec les courtisanes, il me disait : « Prends garde de ressembler à Scétanius. » Et pour me garder de l'adultère, quand il est si facile d'user d'amours permis: « Jolie renommée que celle de Trébonius après avoir été pris sur le fait ! » - « Un philosophe, ajoutaitil, t'expliquera les motifs qui font que ceci ou cela est à éviter ou à rechercher ; je me borne pour ma part à observer les vieilles traditions des ancêtres, et, pendant que tu as besoin encore d'un guide, à sauvegarder la pureté de tes mœurs et ta réputation; quand l'àge t'aura fortifié le corpset l'âme, tu nageras sans aucun soutien. » Voilà par quels discours il formait mon enfance. Me conseillait-il une chose? « Tu as une autorité qui dicte ta conduite » ; et il me citait un des juges les plus appréciés. M'en défendait-il une autre ?«<C'est honteux, c'est à ne pas faire, et si tu en doutais, écoute les mauvais bruits qui courent sur tel et tel. » Les funérailles d'un voisin glacent d'effroi le malade intempérant et par crainte de la mort lui imposent la diète; ainsi de jeunes esprits devant l'opprobre d'autrui se détournent du vice. Par là j'ai été sauvé de tout excès pernicieux; et quant aux défauts, légers, pardonnables, dont je suis atteint, peut-être en grande partie m'en débarrasserai-je à la longue par un effet de l'âge, des libresconseils de mes amis, et de mes propres réflexions. Quasi pueris, qui nare discunt, scirpea induitur ratis, CCXLI Reconnaissance d'Horace envers son père. Atqui si vitiis mediocribus ac mea paucis Sed puerum est ausus Romam portare docendum Non solum facto, verum opprobrio quoque turpi: Nec timuit, sibi ne vitio quis verteret, olim Si præco parvas aut, ut fuit ipse, coactor Mercedes sequerer: neque ego essem questus; at hoc nunc Laus illi debetur et a me gratia major. Nil me pæniteat sanum patris hujus; eoque Non, ut magna dolo factum negat esse suo pars, Quod non ingenuos habeat clarosque parentes, Sic me defendam. Longe mea discrepat istis Et vox et ratio. Nam si natura juberet A certis annis ævum remeare peractum Atque alios legere, ad fastum quoscumque parentes Fascibus et sellis2 nollem mihi sumere... Hor., Sat., 1, 6, v. 65-97. (1) Ct. Cic., Part. or., 79: « Custos virtutum omnium dedecus fugiens laudemque maxime consequens verecundia est. » CCXLI (Tom II, p. 11 et 124.) Si je n'ai que des défauts légers et en petit nombre, qui, dans un naturel d'ailleurs bon, sont comme les quelques taches qu'on relève sur un beau corps; si personne n'est en droit de me reprocher avarice, souillure ou déréglements; si ma vie est pure et honnête (permettez-moi ma propre louange); et si je suis cher à mes amis, c'est à mon père que je le dois. Bien que, pauvre propriétaire d'un maigre domaine, il ne voulut pas m'envoyer à l'école de Fabius où les nobles fils des nobles centurions du pays, moyennant une mince redevance payable aux ides, se rendaient chaque jour portant sous le bras gauche leur bourse à jetons et leur tablette. Dès l'enfance il osa me transporter à Rome pour me faire donner l'instruction que tout chevalier, tout sénateur veut pour ses fils. A me voir traverser la foule avec mes beaux habits et les esclaves qui me suivaient, on eût cru qu'un riche patrimoine fournissait à cette dépense. Lui-même, surveillant assidu et incorruptible, m'accompagnait chez tous mes maîtres. Que dirai-je ? La pudeur, cette fleur de la vertu, il la préserva en moi non seulement de toute atteinte, mais de tout honteux soupçon. Et il n'eut pas à craindre qu'on lui reprochât un jour de n'avoir fait de moi qu'un pauvre crieur ou, ce qu'il était, un collecteur. Je ne m'en serais pas plaint d'ailleurs. Il n'en a que plus de mérite et plus de droit à ma reconnaissance. Jamais je ne commettrai la folie de rougir d'un tel père et d'imiter tant d'autres qui disent qu'il n'y a point de leur faute s'ils n'ont pas eu des parents mieux nés et plus illustres; pareille excuse est loin de ma façon de parler et de penser. Car si la nature nous permettait de revenir sur les années écoulées et de nous choisir des parents au gré de notre orgueil, satisfait des miens, je n'irais pas en chercher d'autres parmi ceux qu'honorent les faisceaux et les chaises curules. (2) Honoratos curulibus magistratibus, consulares et prætorios. Comm. Cruq. CCXLII Rencontre d'un bavard. Ibam' forte via Sacra, sicut meus est mos, Arreptaque manu: « Quid agis, dulcissime rerum2? » Nil respondebam, « Misere cupis, inquit, abire; Persequar hinc, quo nunc iter est tibi. » « Nil opus est te Cum gravius dorso subiit onus. Incipit ille: <<< Si bene me novi, non Viscum pluris amicum, Cognati, quis te salvo est opus?»- Haud mihi quisquam. (1) Bentley propose Ibam ut forte. (2) Dulcissime rerum, comme dans Ovide, Met., VIII, 49, et Her., IV, 125: pulcherrime rerum. Mais d'autres, avec Acron, construisent la phrase ainsi: quid rerum agis, dulcissime? la rapprochant de celle de Plaute, Aul., 117: «Rogitant me, ut valeam, quid agam, quid rerum geram.» (3) Cf. Plaut., Pers., 766: Omnia, quæ tu vis, ea cupio.»> |