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Le lendemain matin je retournai à la grotte de Pausilippe ; j'avais porté avec moi mes fidèles tablettes, pour y noter les expressions, les gestes, les soupirs de bonheur de la jeune femme, qui allait revenir me donner de bonnes nouvelles de son enfant. Je ne sais quel pressentiment m'assurait de l'efficacité de nos prières; j'avais de la foi en Sainte-Anne : mère de la mère du Sauveur du monde, que de titres pour retirer un enfant du bord de la tombe. Pourquoi ne ferait-elle pas ce que le moindre médecin prétend faire?

Écrivons le titre de mon chapitre sur les marches de la chapelle de Sainte-Anne, et en quelque sorte sous sa dictée :

Comment la grand-mère de Dieu entendit et exauça la prière d'une femme dont l'enfant touchait à sa dernière heure.

Prenons pour épigraphe ce vers de Legouvé:

Tombe aux pieds de ce sexe à qui tu dois ta mère.

L'enfant, quand il saura lire, apprendra dans mon livre qu'il est deux fois redevable de l'existence à sa mère. Quelle profonde morale il y a dans la fable païenne d'Orphée et d'Euridice ! comme elle fait sentir l'alliage d'égoïsme qui réside à leur insu dans le fond du cœur des amours. Remplacez Orphée par une mère allant chercher son fils; le danger qu'il court en le regardant l'occupera tout entière; ne craignez pas qu'elle détourne la tête.

Pendant que je me livre à mes réflexions, le soleil a dépassé le méridien. J'écoute, avec un sentiment toujours croissant d'espoir et de crainte, le retentissement des pas humains sous la longue voûte : Ah! voici le frolement d'un habit féminin ! c'est une jeune laitière; elle passe près de moi en chantant; elle n'a pas d'enfant moribond. Le temps s'écoule, elle ne vient pas, elle ne viendra plus, il est trop tard. Je quitte la chapelle en jetant un regard accusateur sur le simulacre

pieux. Je sors de la grotte de Pausilippe, j'y retourne le lendemain, les jours suivans: point de mère, point d'enfant. Toutes mes perquisitions sont vaines, je ne puis découvrir leur habitation. Hélas! ils habitent probablement tous les deux leur dernière demeure! ô vous Ste-Anne, que j'avais priée de si bon coeur, vous ne m'y rattraperez plus !!!

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LE JOUR DE NOEL;

GOURMANDISE DES NAPOLITAINS.

Le sénat mit aux voix cette affaire importante,
Et le turbot fut mis à la sauce piquante.

Chaque peuple à son tour a brillé sur la terre,
Par les lois, par les arts, et surtout par la guerre.

la

LES Napolitains ont toujours brillé par gastronomie, voilà ce qui doit les distinguer des autres nations, et leur faire jeter un grand éclat dans l'histoire. Je ne plaisante pas: si pour un buveur rien n'est plus admirable qu'un Anglais, pour un gourmand rien de plus respectable qu'un Napolitain. Noble ou plébéien, peu importe, chacun se fait un honneur et un plaisir de la gloutonnerie. Les approches du jour de Noël en offrent la preuve; alors toutes les cuisines des palais, des maisons bourgeoises et des plus obscurs

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