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Sainte-Croix; elle y installa une machine à vapeur pour faire marcher les meules lorsqu'elle aurait besoin de détourner l'eau. Le moulin fut affermé dans ces conditions le 14 septembre 1861; mais quand, vers 1865, la Compagnie eut définitivement détourné l'Eau-Bourde en la jetant dans l'estey Majou, le fermier fit encore un procès; il était évident que l'eau était un moteur qui ne coûtait rien, tandis que la machine à vapeur occasionnait une dépense. La Compagnie se décida à vendre le moulin; il continua à être actionné par la machine jusqu'à la fin du XIXe siècle. Il cessa alors de moudre, mais conserva son outillage, vendu définitivement dans les premières années du siècle actuel.

A. CHAULIAC.

LES GLACES ET
ET LES BRUMES

DE L'ATLANTIQUE NORD

Les mouvements des glaces polaires sont encore bien peu connus puisque l'on n'a pu atteindre l'un ou l'autre pôle ; ceux de l'Arctique sont moins difficiles à étudier que ceux de l'Antarctique. Un grand nombre d'explorateurs en ont fait le but de leurs expéditions et on a pénétré dans la banquise beaucoup plus avant vers le Nord que vers le Sud.

De plus, les neiges et les glaces accumulées chaque hiver n'arrivant pas à être fondues complètement chaque été, il faut bien que ce surcroît de glaces descende vers les régions chaudes par quelque issue. Dans l'Atlantique Nord, il n'en existe que deux celle du détroit de Behring et celle qui entoure le Groënland. La première est très restreinte; la seconde est largement ouverte aux débâcles et, de plus, elle se trouve à l'est et à l'ouest de ce pays montagneux qui produit par ses glaciers le plus grand nombre de grandes masses, lesquelles vont à la dérive vers le sud de l'océan.

Depuis bien longtemps on a reconnu que ces icebergs s'accumulaient, au printemps, dans les parages du banc de TerreNeuve et ne paraissaient pas sur les côtes de la Norvège. On rencontrait ces glaces jusqu'au sud de Terre-Neuve par 40° de latitude Nord, tandis que du côté européen on n'en signalait jamais vers la Norvège, mais seulement vers l'Islande.

On comprend facilement que les glaciers occidentaux du Groënland déchargent leurs icebergs dans la mer voisine du Labrador. Ces grandes glaces, séparées du glacier, dérivent vers le Sud, suivent les côtes du Labrador, du Canada et de Terre-Neuve pour s'arrêter et fondre au sud du grand banc, dans les eaux à + 24° du Gulf-Stream. Mais du côté de la Norvège et de l'Islande, les eaux de la mer sont bien moins

chaudes; les glaciers orientaux du Groënland jettent à la mer un grand nombre d'icebergs. Il n'était pas facile d'expliquer pourquoi la débâcle glaciaire, de ce côté, ne se faisait pas par la voie, si large ouverte, des deux côtés de l'Islande.

C'est le célèbre voyage du Fram, par sa dérive de deux hivers dans la banquise, qui a montré que cette masse glaciaire, qui enserre les icebergs de la côte orientale, se dirige par un mouvement très lent, d'environ 2 à 3 milles par 24 heures, et que ce mouvement continu vient presser de toute sa masse les icebergs et tous les autres corps flottants vers la côte qui les a produits et les empêche absolument de dériver vers l'Est. Ce mouvement continu de la banquise de l'Est vers l'Ouest produit une accumulation des eaux sur la côte orientale, laquelle détermine un courant de dénivellement qui contourne la pointe sud du Groënland et remonte même à quelque distance le long de la côte ouest.

Ce double fait de l'immunité de la Norvège et de l'accumulation des eaux vers la côte est du Groënland s'explique par la poussée des vents de S.-W. et d'Ouest sur les côtes d'Europe; ils amènent les eaux tièdes entre l'Islande et la Norvège, refoulent, en les fondant, glaces et icebergs, mais ces vents font partie du régime cyclonique. Le centre d'action passe généralement au sud de l'Islande; la banquise et les eaux qui la supportent sont donc poussées par les vents d'est des cyclones, vents moins violents que ceux du S.-W. et qui viennent de l'Est et du Nord-Est, tout comme les alisés; ils accumulent les eaux sur la rive opposée, qui est celle du Groënland.

Tous les explorateurs polaires ont remarqué que, dans la débâcle, les vents exerçaient une pression considérable sur les glaces flottantes et les entraînaient.

Quant à la dérive des glaces le long de la côte du Labrador, le dramatique récit du lieutenant Tyson sur le glaçon du Polaris nous donne, pour la dérive générale, une vitesse moyenne vers le Sud de 8 milles par 24 heures.

Les glaces et icebergs d'origine polaire aboutissent tous sur le grand banc de Terre-Neuve; en descendant vers le Sud, ils ne dépassent pas le 40° parallèle de latitude et ne viennent

pas à l'est du 45° méridien W (Gr.); la surface qu'ils peuvent occuper sur le grand banc est quelquefois égale à la superficie de la France.

Les glaces côtières de Terre-Neuve et de la Nouvelle-Écosse se détachent au printemps et sont poussées vers l'Est en longeant la côte méridionale de Terre-Neuve; elles viennent ainsi se mélanger et se confondre avec les glaces polaires dont elles suivent les mouvements. Ce sont des champs de glace fort étendus, mais formés de glaçons peu épais et qui sont rapidement détruits par les eaux tièdes.

Les icebergs, au contraire, sont d'énormes masses provenant de glaciers, ayant quelquefois plus de 60 mètres au-dessus de l'eau et, par conséquent, plongeant jusqu'à 300 mètres de profondeur. On comprend que leur fusion soit très lente à s'opérer. Ces icebergs, formés par les glaciers, ont la même allure que ceux des Alpes et de toutes les montagnes.

DEBACLE GLACIAIRE

Régulièrement, la débâcle des glaciers du Groënland a lieu dans les mois de juin à septembre, pendant l'été polaire; le courant descendant vers le Sud les amène, sept ou huit mois après, sur le grand banc. Elles ont eu à franchir une distance d'environ 20o de latitude, soit 2,000 kilomètres.

Depuis 1887, l'Hydrographic Office de Washington, dans ses admirables et si utiles publications mensuelles des PilotCharts, marque avec un signe particulier toutes les glaces qui lui ont été signalées dans le mois. Ces renseignements graphiques présentent à l'œil la figure de l'espace qui a été occupé par les glaces dans le courant du mois. C'est un dessin qui permet de comparer un mois ou une année avec une autre et de mesurer en quelque sorte l'intensité du mouvement glaciaire.

La carte, ci-après, de l'état glaciaire des mois de mai, juin, juillet et août 1898 indique au lecteur le procédé employé par les Américains pour noter cette débâcle.

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