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En 1521, l'ordre royal et franciscain, tout ensemble, de l'Annonciade, fondé par Jeanne de France, fille de Louis XI, obéira peut-être au même attrait familial. Et si nous rencontrons les Récolets sur le Puy-Paulin, c'est que, venus trop tard, il leur fut impossible de trouver où s'établir, à côté de leurs frères et sœurs en saint François, dans le quartier traditionnel de l'« Ordre séraphique ». Le peuple aima toujours les Franciscains, les sympathies des gens de qualité ne leur manquèrent pas. Les plus grands noms de la Guyenne Jean

1. Voir la Revue philomathique de septembre 1907, n° 9.

2. Sur le couvent de l'Annonciade, occupé maintenant par les « filles repenties >> dites de la Miséricorde, voir ma Vie de Jérôme Lopès, p. 47. Lors de la suppression des sœurs Clarisses, appelées également Sœurs Menudes et sœurs de Saint-Damien, du nom de leur premier couvent d'Assise, et qui existaient encore en 1578 (Var. bord., t. IV, 183), les revenus de cette communauté « furent unis», dit Baurein, «<au couvent de l'Annonciade ». Sur les Sœurs Menudes et les autres maisons franciscaines, consulter, aux Archives départementales, le Fonds des Récollets, que le R. P. Ferdinand, religieux conventuel de Bordeaux, dépouille en ce moment. Ce jeune érudit a déjà trouvé, je crois, dans ce fonds, qu'en 1579 quatre Menudes entrèrent à l'Annonciade. Le reste alla probablement s'établir au Puy-Paulin, où l'on voit encore des débris de leur dernier couvent, auquel Vinet fait allusion dans le Discours sur les antiquités bordelaises. Quant au premier, il eut, semble-t-il, l'étrange honneur de loger dans une de ses dépendances l'exécuteur des hautes œuvres, que les jurats avaient tiré de la tour lugubre, dite << du Pendart », près la Porte Basse, et relégué dans ce quartier excentrique où il habita jusqu'à la construction de la porte des Capucins, récemment démolie. (Cf. Baurein, IV, 170.)

de Grayli, captal de Buch et seigneur de Puy-Paulin; Assalide, vicomtesse de Benauges, etc., figurent au livre d'or où sont inscrits les bienfaiteurs des Clarisses. A partir du xI° siècle, la bure de ces pauvres filles exerce une attraction magique sur les nobles héritières du « pays Bordelois » Roze du Bourg, dame d'Albret, Gailharde d'Audenge, G. Dalhan, Agnès de Lilhan entrent aux Menudes1.

Dans une liste des sœurs qui composaient le personnel aristocratique du monastère des Clarisses de Bordeaux en 1375, le chanoine Baurein a trouvé sœur Sébilia de la Barque, Marquesa de Jales, de Galharda de la Mota, sœur Yvette Moyneyra (Mouneyra), etc. J'ai relevé moi-même, aux Archives départementales (G. 2885, Fonds des Quinze Curés), le nom d'une sœur Menude issue de ces marchands célèbres de la rue Neuve, qui furent, au Moyen-Age les Montmorency de notre bourgeoisie: elle s'appelait Sibylle Colomb. Élue « abbesse des Franciscaines », elle signe, en cette qualité, le 21 septembre 1300, la cession d'une seigneurie foncière en faveur de la paroisse de Saint-Projet. Ce fut peut-être le dernier sacrifice par lequel Sibylle Colomb acheva de se dépouiller de tout afin d'imiter, jusqu'à l'héroïsme, le dénuement absolu de ses compagnes d'Assise. Il est regrettable, en vérité, que la plume délicate et naïvement passionnée d'un Victor Cousin de ce temps-là n'ait pas écrit, avec le charme des Études sur les femmes et la société du XVI siècle, l'histoire intime du petit couvent de la rue Clare au Moyen-Age.

La cour de Londres protégeait, elle aussi, la famille franciscaine de Bordeaux. Grâce à la munificence de nos souverains d'outre-mer, « les Frères Mineurs,» dit le R. P. Othon, de Pavie (Aquitaine séraphique, t. II, p. 16), « purent bâtir un grand couvent et une belle église, église qui fut dédiée à Saint Édouard, roi d'Angleterre. La pierre commémorative de cette fondation existe encore; elle fut sauvée de la ruine du couvent par le

1. « J'observerai,» dit Baurein (t. IV, p. 180), « que les maisons d'Audenge, de Bourg, de Dalhan, et de Lilhan, dont étoient issues ces religieuses, étoient des maisons distinguées. >>

2. « Il est vrai, » dit Baurein (Var. bord., t. IV, p. 182), «que François I", par ses lettres patentes données à Saint-Germain-en-Laye, ordonna qu'on démoliroit le couvent et l'église de Sainte-Claire..., mais le couvent ne fut démoli qu'en 1525. »

P. Cosme, l'un des derniers religieux qui l'habitaient avant 1789. Plus tard, elle fut donnée au Musée des Antiquités de Bordeaux, où l'on peut la voir encore. Elle mesure 27 centi

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Fac-similé de la pierre commémorative du premier couvent des Cordeliers

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mètres en largeur et om31 centimètres en longueur. Ce modeste monument ne parle que de l'église, construite en 1249; mais nous savons que le monument avait été commencé par le

1. Le P. Othon rétablit le texte latin de l'inscription:

« Anno Domini M. CCXLIX. V. Idus Februarii, fundata est hæc ecclesia ad honorem beatæ Mariæ et beati Francisci et beati Eduardi. >>

« L'an du Seigneur 1249, le 5 des ides de février (9 février), cette église a été fondée en l'honneur de la bienheureuse Marie et du bienheureux François et du bienheureux Édouard. >>

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